Cisjordanie : qui sont les “Lion’s Den”, ce groupe armé sanctionné par Washington ?

Cisjordanie : qui sont les “Lion’s Den”, ce groupe armé sanctionné par Washington ?

En 2022, des dizaines de garçons “insurgés” – “terroristes” pour Israël – avaient fait le buzz sur TikTok et Telegram, en mettant en scène leur combat contre l’armée israélienne à Naplouse, au nord de la Cisjordanie. Mais le jeudi 6 juin dernier, les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre ce groupe, appelé les “Lion’s Den” (Fosse aux lions), pour leur rôle dans une série d’incidents violents contre des colonies israéliennes, ainsi que contre les forces de sécurité israéliennes et palestiniennes, entre septembre 2022 et avril de cette année. “Les Etats-Unis condamnent tous les actes de violence commis en Cisjordanie, quels qu’en soient les auteurs”, et ils “utiliseront les outils à leur disposition pour dénoncer ceux qui menacent la paix et la stabilité” a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, dans un communiqué.

Le groupe a émergé en août 2022, à la suite de l’assassinat par les forces israéliennes d’Ibrahim al-Nabulsi, un militant de Naplouse, surnommé “Le Lion de Naplouse”. Très vite, des jeunes de la ville, âgés de 20 ans en moyenne, vont prendre les armes, et être responsables d’une grande partie de la montée de la violence palestinienne : alors que 61 attaques par balles, dont une meurtrière, contre des soldats et des civils israéliens ont été recensées dans et autour de Naplouse en 2022. Seulement trois attaques ont eu lieu en 2020, selon les archives militaires israéliennes. Pourtant, la “Fosse aux lions” voit ses soutiens progressivement augmenter : en octobre 2022, son compte Telegram comptait 130 000 abonnés, dont de nombreux Palestinens frustrés de voir les colonies israéliennes s’enraciner sur le territoire et l’inanité de l’Autorité palestinienne, jugée corrompue et inefficace.

Un modèle pour les jeunes générations

Face à ces attaques, les forces spéciales israéliennes, elles, ont multiplié les raids, pour débusquer le chef du mouvement, Wadee Al-Hawah. Mi-novembre de la même année, ce dernier est abattu chez lui, par des tirs de lance-roquettes. Après cette offensive, les effectifs du groupe ont peu à peu décliné – de 60 à son apogée en septembre à entre 10 et 30, en mars 2023, selon différentes estimations. Certains membres ont été tués lors d’opérations israéliennes, tandis qu’une trentaine se sont livrés à l’Autorité palestinienne, ont indiqué des responsables palestiniens, après s’être vu promettre une protection contre les représailles israéliennes en échange de la remise de leurs armes et de l’acceptation de quelques mois de détention.

Depuis, le groupe est devenu un modèle pour les jeunes générations, qui grandissent avec leurs images et “exploits” armes à la main, partagés sur les réseaux sociaux. “Ces combattants palestiniens ont grandi sans horizon politique clair. Les crimes israéliens, l’expansion des colonies, le chômage élevé – tout cela leur a donné le sentiment qu’ils devaient faire quelque chose de différent et prendre les choses en main”, déclarait au New York Times Amid al-Masry, un leader communautaire du Fatah à Naplouse. En octobre 2023, un collectif français proche de l’extrême gauche a aussi fait écho à ces actions, en choisissant comme nom “La Fosse aux Lyons”. Ce dernier avait organisé une manifestation en soutien “à la résistance palestinienne”, malgré son interdiction par la préfecture lyonnaise.

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