La sanction en appel contre Didier Raoult est plus lourde. L’Ordre des médecins lui interdit d’exercer la médecine deux ans, à partir du 1er février, principalement pour sa promotion infondée de l’hydroxychloroquine contre le Covid, selon une décision révélée ce jeudi 3 octobre par Le Parisien et consultée par l’AFP. Il est reproché au scientifique marseillais d’avoir enfreint plusieurs articles du code de la santé publique, surtout en promouvant un traitement à base d’hydroxychloroquine contre le Covid-19 sans donnée scientifique fiable.
En décembre 2021, cela lui avait valu un simple blâme de la chambre disciplinaire nationale. Le blâme infligé en première instance était une sanction “trop indulgente au regard des manquements retenus”, estimait le Dr Gilles Munier, représentant de l’Ordre des médecins, lors de l’audience d’appel qui s’est tenue en juin dernier à Paris. En appel, la chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins a jugé que “le Pr Raoult ne s’est pas fondé dans ses prises de position publiques sur des données confirmées, n’a pas fait preuve de prudence et a promu un traitement insuffisamment éprouvé”, dans sa décision datée du 2 octobre.
Manque de rigueur scientifique
Mais, comme en première instance, elle a considéré que le Pr Raoult n’a pas fait courir à ses patients “un risque injustifié”, entre autres car la prescription d’hydroxychloroquine respectait les doses habituellement préconisées et car “il a sciemment écarté (…) les patients qui présentaient les facteurs de risque les plus élevés”. Le Pr Raoult se voit en revanche reprocher son étude à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille sur environ 30 000 patients sans feu vert des autorités sanitaires, et sa publication ne respectant pas la “rigueur scientifique”.
Par sa critique de la vaccination généralisée et du confinement, il a “nui par des propos dénués de pondération aux mesures prises par les autorités sanitaires aux fins de protection de la santé publique”, considère aussi l’Ordre des médecins. La sanction cible aussi l'”absence de confraternité” de Didier Raoult envers des confrères ou d’autres établissements. Il a tenu “des propos dépassant le cadre de la liberté d’expression”, par exemple en opposant ses résultats à ceux des hôpitaux parisiens où “ils comptaient les morts” ou en affirmant qu’un autre médecin avait “fait des essais dans lesquels des enfants sont morts”. Sollicité jeudi matin, son avocat Fabrice Di Vizio a répondu à l’AFP n’avoir pas encore pu prendre connaissance de cette décision. Retraité depuis l’été 2021 de son poste de professeur d’université-praticien hospitalier, Didier Raoult a été remplacé un an plus tard à la tête de l’IHU. Le parquet de Marseille enquête sur des soupçons d’essais cliniques non autorisés.