Elections européennes : l’article qu’il faut lire avant de voter

Elections européennes : l’article qu’il faut lire avant de voter

Dernière ligne droite avant les élections européennes du 9 juin ! Alors que la campagne bat son plein, la liste du Rassemblement national de Jordan Bardella consolide son avance, loin devant celle de la majorité qui voit sa marge se réduire sur celle des socialistes, selon une vaste enquête Cevipof-Ipsos-Institut Montaigne-Fondation Jean-Jaurès pour Le Monde, publiée lundi 3 juin.

Écologie, immigration, institutions… Avant ce scrutin décisif, L’Express fait le point sur ce que défendent les principales listes.

Europe puissance contre Europe des Etats

A part quelques listes marginales (François Asselineau, Florian Philippot), plus personne ne défend de “Frexit”. Le RN veut affaiblir les institutions communautaires au profit d’une coopération entre Etats et réduire la Commission européenne à un “secrétariat général” des Etats qui auraient le monopole de l’initiative législative.

LR voudrait remettre en cause la primauté du droit européen sur le droit national – au coeur de la construction européenne – notamment en matière d’immigration.

Dans les listes “pro-européennes”, la majorité et le PS défendent une “souveraineté européenne” ou une “Europe puissance”. Comme eux, les écologistes, qui assument le mot “fédéral”, sont favorables à la fin du droit de veto des Etats sur la fiscalité ou la politique étrangère. Toutes ces propositions institutionnelles nécessiteraient une révision des traités européens qui requiert un accord puis une ratification unanime des 27 Etats membres.

Résultats des partis politiques français aux élections européennes depuis 1979, en pourcentages du nombre de sièges obtenus.

Peu d’enthousiasme pour l’élargissement

A gauche, la ligne de partage héritée du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel reste vive avec les communistes et LFI sur la poursuite de l’intégration européenne et de l’élargissement.

Ceux-ci refusent tout élargissement à l’Ukraine et aux Balkans, voire à la Géorgie, par crainte “d’un dumping social”. LR, Reconquête et RN s’opposent également à l’adhésion de l’Ukraine qui “ruinerait l’agriculture française”.

La majorité, le PS et les Verts défendent la poursuite de l’élargissement au mérite mais en le conditionnant à une réforme du fonctionnement des institutions de l’UE pour éviter la paralysie.

Immigration, marqueur à droite

Le RN veut réserver la libre circulation de l’espace Schengen aux seuls ressortissants communautaires en l’interdisant pour les étrangers même en situation légale. LR veut construire des barrières physiques à l’est de l’Europe. Marion Maréchal veut un “blocus naval contre l’immigration en Méditerranée”. Ces partis défendent également une externalisation des demandes d’asile hors de l’UE.

Valérie Hayer est la seule à défendre le pacte asile et immigration récemment adopté par l’UE, qui prévoit une procédure de filtrage des demandes d’asile aux frontières de l’UE et une solidarité dans la répartition des demandeurs d’asile.

Pour réduire les flux d’immigration illégale, la gauche milite pour des voies d’immigration légale dans l’UE, pour certains en fonction des besoins de l’économie européenne.

Commerce : haro sur le libre-échange

Le Mercosur, accord commercial négocié depuis 1999 entre l’UE et quatre pays d’Amérique du sud, et la ratification du Ceta, accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, réunissent une large majorité contre eux.

Dans le sillage de Manon Aubry et Léon Deffontaines qui réclament la fin des accords de libre-échange, toute la gauche demande un “protectionnisme environnemental et social”. Même le LR François-Xavier Bellamy se dit “hostile aux accords de libre-échange”. Seule la majorité appelle à faire du cas par cas, s’opposant au Mercosur mais défendant la ratification du Ceta.

Ukraine, Gaza, sujets à vif

Le soutien à l’Ukraine, avec en corollaire les investissements massifs pour soutenir la défense européenne, a été au cœur des campagnes de Raphaël Glucksmann et Valérie Hayer. Sur la défensive en raison de la proximité passée du RN avec la Russie, Jordan Bardella a dénoncé “une dérive” de l’UE qui, en diplomatie ou défense, “tente de s’arroger les prérogatives des États”. Le débat a été aussi vif à gauche, Raphaël Glucksmann se faisant traiter de “va-t-en-guerre” par LFI et les communistes.

LFI a fait de Gaza le cœur de sa campagne. La gauche a réclamé la suspension des accords d’association entre l’UE et Israël tout comme la reconnaissance immédiate de l’État palestinien, ce que rejettent la droite et l’extrême droite.

Le Pacte vert sur la défensive

Le Pacte vert, la feuille de route de l’UE pour atteindre la neutralité carbone en 2050, est dans le viseur de LR et du RN qui veulent revenir sur l’interdiction de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035, défendue par la majorité et la gauche. Valérie Hayer propose un plan d’investissements de 1 000 milliards d’euros jusque 2030 pour produire 10 millions de véhicules propres ou un avion vert européen.

Raphaël Glucksmann veut “créer un fonds souverain européen investissant 200 milliards par an dans les industries de la transition écologique”. Marie Toussaint veut “faire de la protection de la biodiversité, du climat et de la santé une norme juridique supérieure contraignante”.

Concernant l’énergie, elle souhaite “reprendre en main les entreprises du pétrole et du gaz”. Manon Aubry souhaite “passer au 100 % énergies renouvelables à l’horizon 2050”.

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Agriculture : après la colère

Après la crise agricole en début d’année, LR se veut le champion des agriculteurs, défendant même une hausse du budget de la PAC, principal poste de dépenses dans l’UE. Le RN veut renationaliser la PAC mais rejoint LR dans la dénonciation des normes environnementales imposées aux agriculteurs.

La rémunération minimale des agriculteurs est un argument de campagne des quatre listes à gauche. Marie Toussaint veut une PAC “plus verte” qui rémunère “les travailleurs plutôt que les hectares”. Valérie Hayer voudrait faire adopter l’équivalent de la loi française Egalim pour protéger les producteurs.

Fiscalité, social, société…

Le PS et LFI veulent taxer les superprofits des grandes entreprises. La majorité préfère une taxation au niveau de l’OCDE. Les Écologistes proposent “un ISF climatique”. Au contraire, la droite et l’extrême droite s’opposent à tout impôt européen, qui nécessite un accord unanime des 27.

La gauche met en avant le social – comme l’indexation des salaires sur l’inflation par LFI – mais c’est avant tout une compétence des Etats membres. C’est aussi le cas des questions sociétales, comme l’interdiction de la GPA demandée par Reconquête.

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