Financement participatif : quand les placements “verts” valent de l’or

Financement participatif : quand les placements “verts” valent de l’or

Le prêt participatif (crowdlending, en anglais), qui permet de financer directement des projets au travers d’obligations, a marqué le pas en 2023. Il faut dire que les investisseurs ont subi des défauts et des réaménagements de dette, notamment dans l’immobilier. Cela va leur coûter a minima du rendement, voire une partie de leur capital. Pourtant, une thématique résiste : celle des énergies renouvelables, qui affiche un historique sans aucun retard de paiement, ou presque.

Concrètement, pour verdir votre épargne, vous pouvez prêter de l’argent à des entreprises spécialisées dans l’énergie solaire, l’éolien ou la méthanisation, et ce sur des réalisations très concrètes. Vous participez ainsi à la production d’énergie bas carbone tout en percevant des rendements compris entre 5,5 et 8,5 % par an. Vous pouvez même obtenir des taux bonifiés de 1 % si vous résidez à proximité du site car les responsables cherchent à y associer les riverains. La promesse des plateformes comme Lendosphère, Lendopolis, Lumo ou encore Enerfip est alléchante. Et séduit de plus en plus, avec une collecte 2023 en progression de 11,5 % sur un an.

Lendopolis ne s’y est pas trompé. Acteur généraliste du financement participatif, il a décidé en 2019 de se recentrer sur le vert. “Nous pensions que ces actifs devenaient incontournables et offraient un excellent couple rendement-risque, ce qui a été prouvé avec zéro défaut de remboursement à ce jour”, note Alexandre Bléry, son responsable financement. Les plateformes sont portées par l’urgence du sujet. “Nous avons deux atouts majeurs. D’une part, la transition énergétique est indispensable. D’autre part, les contrats de revente d’électricité apportent des revenus certains sur au moins dix ans”, explique Laure Verhaeghe, cofondatrice et présidente de Lendosphère.

Du biogaz aux mobilités douces

L’enjeu n’est plus tant de convaincre que de proposer suffisamment de programmes à financer. Aussi les plateformes élargissent-elles leurs horizons. “Nous restons spécialisés dans les énergies renouvelables, mais nous nous diversifions sur toute la transition écologique : le biogaz, le méthane, la rénovation énergétique des bâtiments et même les mobilités douces”, raconte Florence Schwob, porte-parole de Lumo. Elles proposent également de plus en plus de projets à l’étranger. “Nous avons ouvert des bureaux à Madrid, à Milan et à Amsterdam, explique Julien Hostache, fondateur d’Enerfip. Cela permet aussi aux épargnants de diversifier davantage leurs investissements.” En effet, la règle clé consiste à ne pas tout miser sur un seul programme, afin de limiter la casse si l’une des sociétés financées fait défaut.

Mieux vaut donc répartir le plus possible votre mise, ce qui est possible avec des tickets d’entrée entre 50 et 100 euros. Revers de la médaille, le choix peut se révéler complexe. Il faut en effet bien comprendre ce que vous financez : un amorçage d’activité, un besoin de trésorerie ou des équipements. La dernière option est évidemment la plus sécurisante, car l’entreprise dispose alors d’actifs à revendre en cas de problèmes.

Vous devez aussi savoir de quelles garanties vous disposez. “Nous offrons souvent un nantissement sur les actifs que nous finançons et des garanties autonomes sur la maison-mère”, assure Laure Verhaeghe. Dernière précaution : regardez de près qui est l’émetteur et comment est structurée son activité. Investir en direct nécessite un peu de temps !

Un article du dossier spécial “Placements responsables”, paru dans L’Express du 30 mai.

Please follow and like us:
Pin Share