Tout juste nommé à Matignon, le nouveau Premier ministre Michel Barnier doit désormais s’atteler à composer un gouvernement susceptible de démontrer sa capacité à rassembler et à s’émanciper d’Emmanuel Macron. Dans sa première interview au journal de 20H de TF1, vendredi soir, il a vanté sa “capacité à négocier”, à “mettre les gens ensemble”.
Les infos à retenir
⇒ Barnier vante sur TF1 sa “capacité à négocier”, à “mettre les gens ensemble”
⇒ Les Républicains conditionnent leur participation au gouvernement au programme de Barnier
⇒ Hidalgo dit sa “colère” contre le PS
Barnier fixe ses priorités sur TF1 : immigration, travail, dette et services publics
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a fixé ce vendredi soir, au journal de 20H de TF1, parmi ses priorités de “maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes”, revaloriser le travail et ne pas augmenter la dette de la France.
Le chef du gouvernement a également cité les services publics qui “sont aussi un besoin immense dans les quartiers urbains, mais dans les campagnes aussi”, reprenant ainsi les grandes lignes du “pacte législatif” présenté par son parti Les Républicains en juillet, dont il a besoin du soutien à l’Assemblée.
“Le président va présider et le gouvernement gouverner”, assure Barnier
Michel Barnier a déclaré par ailleurs que l’exécutif entrait dans une “nouvelle époque” et assuré que “le président (allait) présider et le gouvernement gouverner”. “Le gouvernement est responsable, il y a une indépendance. Le gouvernement gouvernera et je le ferai en bonne intelligence avec le président de la République naturellement”, a-t-il déclaré sur TF1 en promettant de “nouvelles méthodes”.
“Nous sommes dans une nouvelle époque (…) un Gouvernement responsable qui a de l’indépendance. Le Gouvernement gouvernera et je le ferai en bonne intelligence avec le président de la République”, @MichelBarnier, Premier ministre pic.twitter.com/XcpH8CUw4V
— TF1Info (@TF1Info) September 6, 2024
Barnier va “ouvrir le débat” pour une “amélioration” de la réforme sur les retraites
Michel Barnier a déclaré vouloir “ouvrir le débat” pour une “amélioration” de la réforme controversée sur les retraites sans pour autant “tout remettre en cause”. “Je vais ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles et je le ferai avec les partenaires sociaux”, a affirmé Michel Barnier qui s’est refusé à dire s’il reviendrait sur le report de l’âge légal de départ à 64 ans, mais s’est dit soucieux de respecter “le cadre budgétaire”.
Barnier vante sur TF1 sa “capacité à négocier”, à “mettre les gens ensemble”
Au journal de 20H de TF1, Michel Barnier a dit être disposé à ouvrir son gouvernement à des “gens de gauche”, vantant sa “capacité à négocier”, à “mettre les gens ensemble”.
“Je n’ai rien de commun ou pas grand-chose de commun avec les thèses ou les idéologies du Rassemblement national”, mais “je respecte” les 11 millions de Français qui ont voté pour lui, a-t-il ajouté dans sa première interview en tant que chef du gouvernement.
“Ce ne sera pas seulement un Gouvernement de droite (…) Il y aura naturellement des hommes et des femmes qui appartiennent à la majorité sortante (…) Oui, des gens de gauche (…) Il y a des bonnes idées partout”, @MichelBarnier, Premier ministre pic.twitter.com/WGc6fXAJps
— TF1Info (@TF1Info) September 6, 2024
Hidalgo dit sa “colère” contre le PS
La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a exprimé vendredi sa “colère profonde” contre le PS qui a selon elle “empêché” la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon, où Emmanuel Macron a nommé le LR Michel Barnier.
“On aurait pu avoir un Premier ministre de gauche correspondant un peu plus à ce qui a été le vote des Français au 2e tour des législatives. Ce nom c’est Bernard Cazeneuve”, ex-Premier ministre socialiste, a déclaré Anne Hidalgo, opposante à la ligne du premier secrétaire du PS Olivier Faure. “C’est mon parti qui a empêché sa nomination”, a poursuivi l’élue lors d’une conférence de presse, faisant part de sa “colère assez profonde” contre le PS qui “n’a pas été capable” d’être “au rendez-vous de l’Histoire”. Avec Bernard Cazeneuve à Matignon, “il aurait pu y avoir une remise en cause, dans certaines conditions, de la loi sur les retraites”, a-t-elle ajouté.
Macron n’a pas tenu compte des résultats des législatives pour 3 Français sur 4
Trois Français sur quatre estiment qu’Emmanuel Macron n’a pas tenu compte des résultats des législatives en désignant à Matignon le LR Michel Barnier, une courte majorité se disant favorable à une motion de destitution du chef de l’Etat, indique un sondage Elabe publié ce vendredi.
Plus de la moitié des personnes interrogées (55 %) se disent même d’accord avec les propos du patron de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon qui a accusé le chef de l’Etat d’avoir “volé l’élection au peuple français”, révèle cette enquête d’opinion réalisée pour BFMTV. Si 74 % des Français jugent qu’Emmanuel Macron n’a pas tenu compte des résultats des législatives contre 26 % qui pensent le contraire, ils sont 40 % à considérer la nomination de Michel Barnier comme “une bonne chose pour le pays”, contre 29 % pour qui il s’agit d'”une mauvaise chose”.
Comment Emmanuel Macron s’est fait piéger… par lui-même
Emmanuel Macron a nommé ce jeudi Michel Barnier à Matignon. Le président s’est assigné une obligation de former un gouvernement non censurable, au risque de s’exposer dangereusement. Les explications de notre journaliste Paul Chaulet.
Le groupe macroniste n’aura “ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel” au gouvernement Barnier
Le groupe des députés macronistes Ensemble pour la République n’aura “ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel” au gouvernement de Michel Barnier auquel il n’exclut pas de participer, a affirmé son président Gabriel Attal vendredi après sa rencontre avec son successeur à Matignon.
“Il n’y aura de notre part ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel : seule la volonté d’être utiles à notre pays et fidèles à nos valeurs nous guidera”, a assuré l’ancien Premier ministre en évoquant une “possible participation” des macronistes au futur gouvernement, dans un message aux députés de son groupe transmis par son entourage.
Les discussions avec les forces politiques se passent “très bien”, elles sont “pleines d’énergie”
Les consultations entamées par le nouveau Premier ministre Michel Barnier avec les forces politiques en vue notamment de constituer un gouvernement se passent “très bien”, elles sont “pleines d’énergie”, a affirmé vendredi le chef du gouvernement en quittant Matignon.
Interrogé par l’AFP pour savoir comment se passaient ces discussions, Michel Barnier a répondu “très bien, pleines d’énergie”. Le Premier ministre quittait Matignon pour se rendre à l’Elysée pour un rendez-vous de travail avec le président Emmanuel Macron, après avoir reçu Gabriel Attal pour le groupe macroniste et les responsables de la droite, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et le président du Sénat Gérard Larcher.
Castets : “Je suis très en colère”
Invitée de la matinale de RTL, la candidate du Nouveau Front populaire a critiqué la nomination de Michel Barnier. “Je suis très en colère, c’est une trahison. Le président de la République se place en cohabitation avec le Rassemblement national. Nous censurerons le gouvernement Barnier”, a-t-elle affirmé.
“Je suis très en colère, c’est une trahison. Le président de la République se place en cohabitation avec le Rassemblement national. Nous censurerons le gouvernement Barnier”@CastetsLucie dans #RTLMatin avec @ThomasSotto pic.twitter.com/Y8nJ7B61fd
— RTL France (@RTLFrance) September 6, 2024
Oliver Faure sûr qu’aucun socialiste n’entrera au gouvernement
Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure s’est dit vendredi sûr “qu’aucune personnalité” de son parti n’entrera dans le gouvernement de Michel Barnier, confirmant que celui-ci ferait l’objet d’une motion de censure immédiate du Nouveau Front populaire. “Je pense qu’aucune personnalité du PS ne sera dans son gouvernement, je n’ai aucun doute là-dessus”, a déclaré Olivier Faure sur France inter.
.@faureolivier : “Nous n’étions pas prêts à simplement cautionner un casting, nous voulions savoir pour quoi faire. Les Français nous ont demandé à ce qu’on puisse remettre ce pays debout, ils n’ont pas demandé à avoir des noms.” #le710Inter pic.twitter.com/eoHrVA7P3S
— France Inter (@franceinter) September 6, 2024
Il a confirmé que la gauche déposera une motion de censure car “le choix qui a été fait par le chef de l’Etat, c’est de se mettre au barycentre des droites et de l’extrême droite”, ce qui est “une trahison démocratique” par rapport au résultat des législatives.
De nombreux contacts avec des responsables politiques
Sans attendre, Michel Barnier a multiplié les appels téléphoniques avant même sa prise de fonction, selon son entourage : Edouard Philippe, François Bayrou, Laurent Wauquiez, mais aussi Nicolas Sarkozy, ainsi que la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et celui du Sénat Gérard Larcher.
A la recherche de ses ministres
Le nouveau locataire de Matignon a ses propres critères. “Il veut des ministres solides, compétents et efficaces”, indique son entourage, et “il aura la liberté” de les choisir. Tout comme pour son directeur de cabinet, poste éminemment stratégique : “Ce sera M. Barnier seul et lui-même qui le décidera”.
Comme pour mieux marquer ses distances avec le chef de l’Etat, il n’a été prévu “ni rencontre ni dîner” jeudi soir entre les deux hommes. Qui devront pourtant reprendre langue rapidement pour valider le casting gouvernemental et boucler un budget 2025 à hauts risques. Et inventer une relation inédite, non pas de cohabitation mais de “coexistence exigeante”, selon l’entourage du président.
Les Républicains conditionnent leur participation au gouvernement au programme de Barnier
Dès vendredi, il a reçu à 09H00 son prédécesseur Gabriel Attal, président du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée, puis à 10H15 les dirigeants de son propre parti, Les Républicains (LR), pour examiner les conditions d’une participation à sa future équipe. A l’issue de cette rencontre, Les Républicains ont annoncé conditionner leur participation au gouvernement au programme de Michel Barnier.
“Certaines personnalités de gauche” ont également été contactées et d’autres échanges devaient suivre, y compris avec la France insoumise et le Rassemblement national, car “il veut rassembler et respecter tout le monde”.
Barnier : le “sectarisme” est une “preuve de faiblesse”
Le nouveau Premier ministre a lui-même tendu des perches dès sa première prise de parole : “Il faudra beaucoup d’écoute” et “du respect à l’égard de toutes les forces politiques qui sont représentées” au Parlement. Car de son point de vue “le sectarisme est une preuve de faiblesse, quand on est sectaire c’est qu’on n’est pas sûr de ses idées”.
Ses priorités
Ses priorités restent encore à préciser. Tout juste a-t-il assuré que “l’école restera la priorité du gouvernement”, de même que d’autres chantiers dont “l’accès aux services publics”, “la sécurité au quotidien”, “la maîtrise de l’immigration”, ou encore le travail et le pouvoir d’achat.
Une feuille de route a priori consensuelle, même si Michel Barnier a promis “des changements et des ruptures” et laissé augurer de choix difficiles avec la volonté affichée de “dire la vérité” sur “la dette financière et écologique”.
Ceux qui ne veulent pas participer à un gouvernement Barnier
Reste à voir qui acceptera de monter à bord. Pas le RN, qui “ne participera pas” au gouvernement Barnier mais a “posé des conditions”, a fait savoir Marine Le Pen, dont les 126 députés détiennent la clé d’une éventuelle censure.
Pas la gauche non plus, qui de Jean-Luc Mélenchon à Carole Delga a immédiatement fustigé ce “Premier ministre nommé avec la permission du RN” et de facto “dans les mains des groupes parlementaires d’extrême droite”. Ce qui conforte LFI dans sa démarche de destitution engagée contre Emmanuel Macron, doublée d’appels à manifester dans plusieurs villes samedi.
Ceux qui sont prêts à “l’aider”
Restent donc les membres de l’ex-majorité, qui seront “nombreux à aider” le nouveau Premier ministre, selon l’un de ses prédécesseurs Edouard Philippe. Pas vraiment idéal toutefois pour incarner les “ruptures” annoncées. Michel Barnier, toujours membre des Républicains (LR), peut également compter sur sa famille politique. “C’est quelqu’un de chez nous, on va pouvoir engager le dialogue facilement avec lui”, se réjouit la secrétaire générale du parti de droite, Annie Genevard.
Les députés du groupe centriste Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer, Territoires) font aussi montre de bonnes dispositions à l’égard de ce “politique avec une expérience forte” qui “correspond en partie au profil” qu’ils souhaitaient, sous réserve que “la composition du futur gouvernement et (ses) orientations marquent un changement de méthodes et de cap”.