Ukraine : ces révélations sur l’incroyable complot russe déjoué par Kiev

Ukraine : ces révélations sur l’incroyable complot russe déjoué par Kiev

C’est l’histoire d’espions russes qui s’infiltrent dans les rangs des services de sécurité du président ukrainien. Dans leur viseur, trois cibles. Le commandant des services de renseignements militaires ukrainiens, Kyrylo Boudanov, le lieutenant général Vassyl Maliouk, patron du SBU, les services de sécurité ukrainiens et le chef de l’Etat en personne Volodymyr Zelensky. Des révélations sur ce complot ont été livrées par un haut responsable du SBU sous couvert d’anonymat, à nos confrères du Times.

L’opération est très sensible. En cas de succès, quel meilleur cadeau le FSB pourrait-il offrir à Vladimir Poutine à quelques jours des célébrations de la victoire du 9 mai 1945 ? Raison pour laquelle il aura fallu plusieurs mois aux espions pour préparer le terrain afin d’exécuter au mieux le plan concocté par Sergueï Korolev, numéro un des services secrets russes. Un “favori” du chef du Kremlin, selon le Times, décrit par la branche ukrainienne du renseignement militaire comme le “chien-loup de Poutine”. Parmi ses prérogatives : éliminer les rivaux du chef du Kremlin à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières russes.

Les hommes de main du “chien-loup de Poutine”

Et pour mener à bien ces basses besognes, Sergueï Korolev a ses “marionnettes”. La première, Andreï Huk, un colonel né en Russie, membre de la garde rapprochée de Zelensky. Soupçonné par les enquêteurs ukrainiens de travailler sous les ordres du FSB depuis 2014, il aurait été recruté pour cette mission le colonel Oleksandr Derkach. Et d’après le SBU, un troisième homme : “l’assassin” anonyme, acteur clef de l’opération.

C’est lui qui, au petit matin du samedi 4 mai, installe dans un sous-sol de la région de Kiev, un centre improvisé de contrôle de drones. “Lorsque vous verrez arriver un convoi composé d’une Toyota Land Cruiser noire et d’un minibus noir, communiquez leurs coordonnées”. À l’intérieur du convoi, le général de corps d’armée ukrainien, Kyrylo Boudanov, première cible des Russes qui prévoyaient de lancer un missile balistique lorsque les coordonnées seraient transmises.

Caché dans son repaire, l’opérateur a donc la charge d’envoyer deux drones. Un premier pour filmer l’attaque, et un second, porteur de la grenade. Un autre engin, destiné à éliminer les services d’urgences et à dissimuler les preuves de l’attaque, est censé être lancé une vingtaine de minutes plus tard.

Le coup d’avance des services secrets ukrainiens

Une opération ciselée qui aurait pu être une réussite si les services de renseignements ukrainiens ne l’avaient pas déjoué. Car sans même s’en apercevoir, les architectes du complot étaient surveillés depuis des mois par Kiev. Ainsi les communications entre “l’assassin” et ses agents ont été interceptées par le SBU. Egalement visé, le chef du SBU, Vassyl Maliouk en informe immédiatement le général Kyrylo Boudanov. Tout le monde est rapidement interpellé.

Pendant leur interrogatoire, les militaires se révèlent étonnamment loquaces. Tous deux admettent travailler pour le compte des Russes. Et révèlent même de nouvelles informations sur une tentative antérieure de prise d’otage de Volodymyr Zelensky. “Au tout début de la guerre en Ukraine“, en février 2022, Andreï Huk aurait été chargé d’une mission : identifier parmi les agents de protection de l’Etat ukrainien, les relais russes, et assassiner les autres, faisant preuve d’une trop grande loyauté à l’égard de Kiev. Ce, dans le but de kidnapper le président ukrainien, et de le contraindre à capituler face à l’envahisseur russe dans un enregistrement vidéo.

D’après les informations révélées dans le Times, dès les premiers jours de l’invasion, le colonel Huk aurait tenté de convaincre d’autres gardes du corps présidentiels de déposer les armes à l’arrivée des Russes. “Nous ne sommes pas des forces armées, nous n’avons pas pour mission particulière de défendre l’Ukraine et je ne suis pas assez payé pour organiser la forteresse de Brest ici”, martelait-il, en référence à la défense de la cité bretonne en 1941 par l’Armée rouge contre une attaque surprise des nazis.

Des menaces ignorées par ses collègues de la protection rapprochée du président, qui voyaient là une réaction purement émotionnelle de celui qui était alors leur supérieur hiérarchique, et qui se présentait comme un défenseur de la nation ukrainienne. “Il mentait à tout le monde, même à sa femme qui pensait que son mari défendait son pays, et à ses enfants, persuadés que leur père était un héros ukrainien”, raconte l’officier à nos confrères anglais. Pro européenne, et partisane d’une victoire de l’Ukraine, sa famille s’était depuis réfugiée au sein de l’Union européenne pour fuir le conflit.

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