Guerre en Ukraine : quelle sera la position de la France le 8 juillet ?

Guerre en Ukraine : quelle sera la position de la France le 8 juillet ?

Passé le 7 juillet, Vladimir Poutine pourra sans doute économiser quelques roubles : plus besoin d’opérations de déstabilisation à Paris, la France aura sabordé d’elle-même sa politique ukrainienne. Ces derniers mois, Emmanuel Macron faisait sauter une à une les lignes rouges de l’Occident : permission de frapper le territoire russe avec des armes occidentales, envoi d’avions de chasse, instructeurs militaires sur le terrain… Un vent d’espoir soufflait enfin sur Kiev, après un hiver dévastateur. “Depuis deux ans, nous attendions qu’un leader européen tienne tête à Poutine et entraîne les Occidentaux derrière lui, confie un diplomate européen. Macron était devenu ce leader, et le voilà paralysé !”

Certes, le chef de l’Etat conserve un “domaine réservé” en politique étrangère, inscrit dans les usages de la Ve République. Le président représente la France sur la scène internationale et garde les liens directs avec les autres chefs d’État. A l’Elysée, on maintient que, quel que soit le résultat des législatives, Emmanuel Macron sera président jusqu’en 2027, assurant ainsi la continuité de la diplomatie française.

Crash-test pour le principe de “domaine réservé” du président

Le chef de l’État et ses propres équipes comme une garantie de stabilité, tel a été le message transmis aux autres chancelleries ces derniers jours. Interrogé sur le sujet, le 17 juin, Volodymyr Zelensky est resté diplomate en public : “J’ai parlé à Emmanuel Macron et il m’a dit que rien ne devrait changer. Je lui fais confiance.” En coulisses, la dissolution de l’Assemblée nationale et le marasme politique français constituent de très mauvaises nouvelles pour Kiev.

Car les contours du “domaine réservé” sont en réalité extrêmement flous. Certes, le président nomme les ambassadeurs et signe les traités internationaux. Lors des précédentes cohabitations, les différents partis au pouvoir s’entendaient dans l’intérêt supérieur de la France sur la conduite de la diplomatie, avec la désignation de ministres consensuels aux Affaires étrangères et à la Défense. La situation en 2024 apparaît radicalement différente, avec un potentiel crash-test grandeur nature du principe de domaine réservé. Un gouvernement opposé à Emmanuel Macron créera, sans aucun doute, des affrontements internes sur l’ensemble des questions externes : Gaza, l’Union européenne, l’Otan et bien sûr l’Ukraine.

Quelle sera la place de la France dans le monde au matin du 8 juillet ? Et quelle sera sa position sur la guerre en Ukraine ? Les sondages annoncent une déroute au camp présidentiel et aucune alternative ne sera à la hauteur de l’urgence ukrainienne. Qui peut croire que le Rassemblement national soutiendra Kiev, après avoir reconnu l’annexion (illégale) de la Crimée et envoyé ses élus observer “le bon déroulement” d’élections dans le Donbass ?

Qui peut imaginer qu’un parti autrefois financé par une banque russe, dont la candidate a serré la main de Poutine à Moscou pendant la campagne présidentielle de 2017, se tiendra aux côtés de Volodymyr Zelensky ? La même candidate qui défendait, dans son programme de 2022 (étrangement hors ligne depuis mardi), un partenariat de sécurité avec la Russie… Complice du Kremlin, ennemi intérieur de l’Otan, un gouvernement Bardella torpillera la coalition occidentale.

A la gauche de la gauche, le pacifisme consiste à oublier les victimes ukrainiennes

Et l’autre bord ? A peine mieux. Si les socialistes et les Verts se sont rangés depuis le début derrière un soutien sans ambiguïté à l’Ukraine, La France insoumise et les communistes s’opposent aux livraisons d’armes et ont voté à l’unanimité contre l’accord bilatéral de sécurité passé avec Kiev. Officiellement, ces partis craignent une “escalade” et appellent à “la paix”…

Sous couvert de pacifisme, cette gauche de la gauche méprise les souffrances des milliers de civils ukrainiens vivant dans les territoires occupés, sous le joug de l’armée russe, de ses tortures et de ses viols. Depuis deux ans, les libérations de ces zones par l’armée ukrainienne, de Boutcha à Kherson, charrient les mêmes images, les mêmes témoignages sur le quotidien cauchemardesque imposé par les forces de Poutine. Ne plus fournir d’armes à l’Ukraine équivaut à les abandonner.

Dès le début de son invasion, le 24 février 2022, Poutine misait sur l’essoufflement de nos sociétés occidentales, sur le confort douillet de nos démocraties, pour remporter sa guerre sur le long terme. Ses victimes méritent mieux, l’Ukraine mérite mieux. Notre démocratie mérite mieux.

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