Rendez-vous Attal-Borne : et s’ils se présentaient “en duo” à la tête de Renaissance ?

Rendez-vous Attal-Borne : et s’ils se présentaient “en duo” à la tête de Renaissance ?

Les lecteurs les plus hypermnésiques et férus de politique gardent un souvenir ému de la médiation Juppé après l’épisode aussi fou que délétère pour la droite de la guerre Copé-Fillon pour la présidence de l’UMP, quelques mois à peine après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012. Malgré son flegme, Alain Juppé n’avait pas su apaiser les esprits échauffés par un scrutin ambigu. Il faut croire qu’en Macronie, certains ont révisé leurs classiques et retenu des leçons de ce feuilleton.

Plutôt que de laisser la tempête faire rage entre Elisabeth Borne, candidate déclarée pour le poste de secrétaire général de Renaissance, et Gabriel Attal, candidat pas encore déclaré mais déjà en campagne, Philippe Grangeon a, selon les informations de Politico, décidé d’intervenir. Se coiffant de sa casquette d’”ancien chef d’entreprise très opérationnel”, il a réuni à son domicile parisien, mardi 8 octobre, les deux prétendants et tenté de jouer à son tour le médiateur.

“Je suis un fervent défenseur de l’unité”, aime rappeler celui qui a cofondé En Marche ! en 2017. A ses yeux, la présence de plusieurs candidats dans la course à la succession de Stéphane Séjourné serait tout à fait démocratique, à condition que chacun porte un projet singulier. Mais le parti d’Emmanuel Macron ne peut se payer le luxe d’un conflit fratricide entre deux ex-Premiers ministres que rien n’oppose sur le fond. Et les observations acides de Gabriel Attal devant les siens n’annoncent pas une joute à fleurets mouchetés : “Elisabeth a commis une erreur de timing : le cœur de l’été ; une erreur de vecteur : Le Parisien, sans prévenir les cadres ; une erreur de narratif : elle a tapé à la porte des gens qui ne m’aiment pas. Ça été identifié comme anti-Attal.” Quant à Borne, elle n’oublie pas de rappeler que la présidence du mouvement “est un job à temps plein”, piquant ainsi les désirs d’omnipotence de son rival déjà président du groupe parlementaire EPR, et paraît ne pas rougir d’avoir oublié de prévenir Attal avant son annonce de candidature dans le journal. Entre les deux “ex” de Matignon, beaucoup de liberté, assez peu de fraternité.

Alors, il a fallu injecter, au moins, un peu de raison dans ces relations tourmentées. “Dans une situation politique nationale délicate, et dans une famille qui vit la dissolution avec divergence, que deux anciens Premiers ministres qui sont là depuis le début – et qui n’ont comme différences que leur âge, leur culture, leur style – s’affrontent poserait problème”, a signifié en substance Philippe Grangeon à ses hôtes. Ainsi, le spectacle donné aux partisans et électeurs du macronisme serait celui d’une bataille d’ambitions, de calendriers politiques, bien loin du débat d’idées que certains peuvent vouloir espérer à l’occasion de ce genre d’élection.

Discussion du soir, espoir ? En privé, Gabriel Attal se dit prêt, depuis l’été, à proposer “une direction collégiale”. Et c’est bien le sujet de la collégialité qui a été longuement évoqué lors de cet entretien à trois. Mais une collégialité “au sens très large du terme”, selon le récit de la rencontre effectué par un proche d’Emmanuel Macron. Comprenez : une collégialité également à la tête du groupe Ensemble pour la République, afin de tordre le cou au procès fait à son ambitieux patron de vouloir créer une machine de guerre à sa main en vue de 2027.

“Quand on veut diriger un parti, il faut montrer qu’on écoute, poursuit notre interlocuteur. Et quand on est fort, on fait des compromis…” Négocier le retrait d’Elisabeth Borne pour la présidence de Renaissance ? Voilà qui ne ressemble pas à une amiable composition. En revanche, proposer à la députée du Calvados de constituer “un duo” avec le jeune élu des Hauts-de-Seine pourrait s’apparenter à une conciliation satisfaisante. A condition, bien sûr, que “duo” ne signifie pas ticket et que de numéro deux il n’y ait point. Attal y est-il prêt ? C’est la question qui a animé l’échange de la veille. A défaut de fraternité, que surgisse, au moins, entre eux, l’égalité.

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