A la SNCF et la RATP, la grosse boulette des caméras-piétons

A la SNCF et la RATP, la grosse boulette des caméras-piétons

Ça gronde dans les rangs du personnel de la SNCF, de la RATP, et chez les agents des réseaux de transports publics de 23 villes, telles que Lille, Lyon, Bordeaux ou Amiens, où les syndicats ont découvert l’impéritie de leur direction. Dès la fin de la semaine en effet, tous les agents équipés d’une caméra-piéton devront la décrocher de leur tenue, et la ranger illico dans un carton, le port de l’équipement, fabriqué aux Etats-Unis par la société Axon, n’étant plus autorisé par la loi.

Rocambolesque boulette qui devrait occuper dès cette semaine le nouveau ministre délégué aux transports, François Durovray, président LR du conseil départemental de l’Essonne.

En 2019, dans le cadre de la loi orientation des mobilités, il est décidé, sur la proposition du sénateur Philippe Tabarot, d’équiper les agents volontaires de ce dispositif, soit une caméra portée sur le torse qui capte son et image. La caméra-piéton était jusqu’alors l’apanage des agents de police, des militaires de la gendarmerie ou des policiers municipaux. Les débuts sont délicats, le personnel navigant inquiet, aussi est-il décidé de lancer l’expérimentation, en juillet 2020, pour quatre années.

La SNCF équipe ainsi 3000 de ses agents. En doter les contrôleurs n’a pas posé de difficultés, cette catégorie de personnel étant assermentée, en revanche pour les agents du sol, sur la base du volontariat, la direction de la SNCF dut organiser leur assermentation devant les tribunaux. Machinerie lourde.

Des résultats concluants

Quatre ans plus tard, les résultats de l’expérience sont concluants : 96 % des agents volontaires souhaitent la pérennisation du dispositif, et selon ce même sondage interne à la SNCF, 95 % des déclenchements ont “permis d’apaiser ou contenir les situations conflictuelles”. 85 % des agents estiment en outre que “la caméra-piéton a permis d’éviter un outrage ou une agression”.

La direction de la sûreté de la SNCF estime en outre que mille accidents du travail et 650 arrêts maladie ont ainsi pu être évités. Confortés par ces résultats, SNCF et RATP décident de pérenniser l’utilisation, elles mandatent l’UTPF, l’Union des transports publics et ferroviaires, de porter le sujet à l’Assemblée nationale. Seulement, la dissolution de l’Assemblée ayant depuis juin interrompu totalement les travaux parlementaires, aucun législateur ne fut en mesure de statuer durant l’été sur la suite légale à donner à cette expérimentation.

Hier, lundi 23 septembre, la direction de SNCF Voyageurs apprend devoir suspendre dès la fin de la semaine le port des caméras-piétons. Elle espère que d’ici janvier 2025 la mesure sera votée. En attendant, les milliers d’agents des transports publics n’ont plus l’usage de leur caméra-piéton.

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