Barnier a appelé le ministre Armand “pour lui rappeler les règles” de son gouvernement

Barnier a appelé le ministre Armand “pour lui rappeler les règles” de son gouvernement

Positionnement à l’égard du Rassemblement national, passe d’armes entre l’Intérieur et la Justice… Le gouvernement de Michel Barnier s’est déjà pris les pieds ce mardi dans les multiples contradictions de cette coalition bancale entre la droite et le centre.

Les infos à retenir

⇒ Barnier a appelé le ministre Armand “pour lui rappeler les règles” de son gouvernement

⇒ Les dirigeants syndicaux et patronaux reçus à Matignon

⇒ Didier Migaud a “hésité” à entrer au gouvernement mais défendra ses “convictions”

Barnier a appelé le ministre Armand “pour lui rappeler les règles” de son gouvernement

Michel Barnier a appelé ce mardi le ministre de l’Economie Antoine Armand, qui avait exclu de travailler avec le Rassemblement national avant de rétropédaler, pour lui rappeler “les règles fixées” concernant les relations avec les autres partis, a indiqué l’entourage du Premier ministre. Lors de cette conversation, le chef du gouvernement a rappelé à Antoine Armand “les règles fixées depuis la nomination de Michel Barnier, à savoir le respect des électeurs et le respect des responsables politiques représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat”, a indiqué cette même source.

Les propos d’Antoine Armand, ce mardi matin sur France Inter, ont provoqué une réaction outrée de la cheffe des députés du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, qui en a appelé publiquement à Michel Barnier. Ce dernier a été nommé par Emmanuel Macron après avoir eu l’assurance que le RN n’additionnerait pas ses voix à la gauche pour le censurer immédiatement. Mais de fait, son sort est en partie entre les mains du parti lepéniste.

Didier Migaud a “hésité” à entrer au gouvernement mais défendra ses “convictions”

Le garde des Sceaux Didier Migaud, issu du PS, a indiqué mardi qu’il avait “hésité” à entrer au gouvernement du LR Michel Barnier tout en assurant qu’il y défendrait “(s) es convictions”, lors d’une visite à la prison de la Santé à Paris.

“J’ai hésité, mais le Premier ministre m’a tenu aussi un discours d’ouverture, de dialogue, équilibré. Donc je lui fais confiance pour de bons arbitrages”, a déclaré le nouveau ministre de la Justice, qui semble avoir déjà engagé un bras de fer avec son collègue de l’Intérieur Bruno Retailleau. “Je ne sais pas si je suis une caution mais en tout cas, je défendrai mes convictions”, a-t-il ajouté.

Marine Le Pen hausse le ton

Marine Le Pen a exhorté mardi le Premier ministre Michel Barnier à ce que la “philosophie” qu’il a exprimée “soit partagée par l’ensemble des ministres”, après que le nouveau ministre de l’Economie a affirmé que le RN n’appartenait pas à “l’arc républicain”. “Quand j’entends Arnaud Armand ce matin qui explique que sa porte sera toujours fermée aux députés du RN alors que nous avons juste le budget qui arrive, je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à l’ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris”, a grincé la cheffe de file du RN depuis les couloirs de l’Assemblée.

Dans son viseur, une sortie du nouveau ministre de l’Economie, Antoine Armand, interrogé plus tôt sur France Inter, notamment à propos de sa volonté de travailler avec l’ensemble des autres groupes politiques, de la France insoumise au Rassemblement national. Le député savoyard macroniste avait d’abord rappelé que de nombreux élus l’avaient été à la faveur du front républicain mis en place pendant les législatives. A ce titre, Antoine Armand s’est dit ouvert à collaborer avec tous les partis, “pour peu qu’ils soient dans l’arc républicain”, a-t-il lancé. “C’est-à-dire que le Rassemblement national contre lequel nous avons été élus, face auquel nous avons fait un front républicain, n’y appartient pas (à “l’arc républicain”, ndlr), il faut être très clair dessus”, a-t-il ajouté.

Les dirigeants syndicaux et patronaux reçus à Matignon

Dès aujourd’hui, les dirigeants des organisations syndicales et patronales ont été reçus à Matignon par le nouveau Premier ministre et la ministre du Travail pour relancer le dialogue social, au moment où de nombreux dossiers restent en suspens. Première à être reçue, la numéro un de la CFDT Marylise Léon a fait état à sa sortie de Matignon d’une “rencontre constructive”. “On a eu un Premier ministre et une ministre du Travail très attentifs, qui ont souhaité creuser un certain nombre de questions et de propositions”, a-t-elle souligné, assurant que Michel Barnier a “expliqué qu’il y aurait une proposition de méthode et un certain nombre de réponses dans son discours de politique générale”.

Le patron du Medef Patrick Martin, devait être reçu dans l’après-midi. Il s’est dit lundi “prêt à discuter” d’une hausse d’impôts des entreprises, mais sous conditions. Son homologue de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) François Asselin sera lui reçu jeudi à 15h45, tandis que la numéro un de la CGT, Sophie Binet, sera reçue “mercredi matin” selon son entourage.

@lexpress

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Retailleau réplique à Migaud et dénonce “un droit à l’inexécution des peines”

Bruno Retailleau a appelé ce mardi 24 septembre sur CNews et Europe 1 à des “modifications législatives” pour répondre à ce qu’il considère comme “un droit à l’inexécution des peines” en France, répondant à des propos du garde des Sceaux Didier Migaud.

Moins de 24 heures après leur entrée en fonction, Bruno Retailleau et Didier Migaud, ministres de l’Intérieur et de la Justice, l’un tenant d’une droite dure, désireux de “rétablir l’ordre”, l’autre issu du Parti socialiste, semblent avoir engagé un début de bras de fer. La veille, le nouveau garde des Sceaux, Didier Migaud, avait estimé sur France 2 qu'”il (Bruno Retailleau) doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c’est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie”.

“Il faut redonner confiance, justement, aux citoyens dans leurs institutions, dans la justice aussi parce qu’il y a le sentiment, parfois, que la justice est lente ou ne condamne pas suffisamment, (mais) ça n’est pas toujours exact”, avait-il affirmé.

Interrogé sur ces propos, Bruno Retailleau a rétorqué mardi matin : “L’indépendance des juges, oui, mais il y a la souveraineté du Parlement et du peuple français à travers les lois que le Parlement peut voter”. “Ce n’est pas le problème des magistrats en tant que tel, ce n’est pas le problème du garde des Sceaux en tant que tel, c’est le problème des textes qu’il faut changer”, selon le ministre de l’Intérieur, qui a cité la justice des mineurs. “Je pense qu’il doit y avoir des modifications législatives”, a-t-il martelé.

La France a “l’un des pires déficits de son histoire”, estime le ministre de l’Economie

Le nouveau ministre de l’Economie, Antoine Armand, a jugé ce mardi que le déficit public de la France était “l’un des pires de (son) histoire”. “A part une ou deux années de crise exceptionnelle ces 50 dernières années, on a l’un des pires déficits de notre histoire. Donc, sur ce plan-là, la situation est grave”, a déclaré Antoine Armand sur France Inter à propos de ce dossier brûlant.

Concernant une éventuelle hausse des prélèvements pour certaines grosses entreprises, dont le patron du Medef Patrick Martin s’est dit “prêt à discuter” sous conditions, le ministre a répondu : “Nous allons y travailler avec lui, avec l’ensemble des entreprises de toutes les tailles, avec évidemment les partenaires sociaux”, estimant que “le dialogue avec les partenaires sociaux doit être repris”. “Nous allons travailler à la hauteur de la gravité de cette situation. […] Mon travail, c’est que les prélèvements éventuels qui existeront n’entravent pas notre croissance, n’entravent pas la création d’emplois”, a-t-il indiqué.

Antoine Armand sur le bilan de Bruno Le Maire : “La France est devenu le pays le plus attractif d’Europe, notre croissance est supérieure à celle de l’Allemagne, le taux de chômage est au plus bas depuis 40 ans. Mais on a l’un des pires déficits de notre Histoire.” #le710inter pic.twitter.com/fveSNmjSeW

— France Inter (@franceinter) September 24, 2024

La popularité de Macron et Barnier au plus bas, selon un sondage Odoxa

Les deux têtes de l’exécutif, Emmanuel Macron et Michel Barnier, battent des records d’impopularité, avec seulement 25 % d’opinions favorables pour le premier et 39 % pour le second, selon un sondage Odoxa-Mascaret publié ce mardi.

Seules 25 % des personnes interrogées jugent qu’Emmanuel Macron est un “bon” président, soit un “record absolu d’impopularité en sept ans”, selon cette étude réalisée pour Public Sénat et vingt titres de la presse quotidienne régionale. De même, 39 % estiment que Michel Barnier est un “bon” Premier ministre, soit un score inférieur à ceux recueillis par ses quatre prédécesseurs à leur arrivée à Matignon (55 % pour Edouard Philippe en mai 2017, 40 % pour Jean Castex en septembre 2020, 43 % pour Elisabeth Borne en mai 2022, et 48 % pour Gabriel Attal en janvier 2024).

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