“C’est allé trop loin” : Marion Maréchal élue dans un parti miné par les divisions

“C’est allé trop loin” : Marion Maréchal élue dans un parti miné par les divisions

Après le chemin de croix, la résurrection. Tout le monde semblait avoir enterré Marion Maréchal, en particulier son propre parti. Mais contre toute attente, la tête de liste de Reconquête (le parti d’Éric Zemmour) a réussi à engranger 5,46% des voix, et gagne son ticket d’entrée au Parlement européen. François Hollande était abonné à la pluie, Marion Maréchal semble l’être à la malchance : à peine a-t-elle le temps de se réjouir de sa victoire, ce dimanche soir, que celle-ci est éclipsée par l’annonce d’Emmanuel Macron qui dissout l’Assemblée nationale.

Résultat : personne ou presque ne commente le sursis grappillé par le parti d’extrême droite, qui surprend pourtant y compris en interne. Il faut dire que personne ne s’y attendait. Il y avait bien quelques petits fours commandés pour l’occasion, et une poignée de quinquagénaires en costume qui se pressaient dans le QG du VIIIe arrondissement. Mais les rendez-vous avaient déjà été fixés ce lundi 10 juin, avec les journalistes. Et il était convenu, pour les zemmouristes, de faire la peau à la nièce de Marine Le Pen, après une longue campagne passée à se détester. Il va falloir réviser l’agenda. Et reboucher les tranchées. Car ils seront cinq élus du parti à investir le Parlement européen. Marion Maréchal, mais aussi Guillaume Peltier, Sarah Knafo, Nicolas Bay et Laurence Trochu.

Travailler ensemble ? ” Impossible, c’est allé trop loin”

Pour rappel, un aperçu de l’ambiance qui régnait en interne, trois jours plus tôt. Des amabilités de ce type, venues de l’entourage d’Éric Zemmour : “Patrick Buisson nous avait pourtant prévenus que Marion Maréchal ne nous rapporterait rien, déjà quand elle nous a ralliés pendant la campagne présidentielle, on a bien vu que ça n’avait eu aucun effet.” Des réponses de ce genre, cinglées par les proches de Marion Maréchal : “J’espère que les journalistes noteront un jour que certains ont allègrement nourri ce récit de guerre interne quand d’autres ne l’ont pas fait. Et si l’on parlait en langage militaire, ce genre de pratique s’apparente à un tir dans le dos.”

Bon. On efface tout et on recommence ? “Impossible, c’est allé trop loin”, assure un proche de Marion Maréchal. Pourtant, il va bien falloir travailler ensemble. Et ça commence mal. Pour sa première prise de parole, la nièce de Marine Le Pen l’assure à nouveau : le RN n’est pas son adversaire, et elle tend d’ailleurs la main à Jordan Bardella et Marine Le Pen en leur proposant une coalition pour les élections législatives à venir, provoquant des grimaces à répétition d’Eric Zemmour en arrière plan. Prenant la parole quelques temps plus tard, ce dernier en appelle, encore, à l’union des droites, considérant qu’il appartient “aux dirigeants du RN et de LR de nous dire s’ils veulent le rassemblement pour gagner, ou le monopole pour que rien ne change”. A Reconquête, le repos des braves sera pour plus tard, car le parti d’extrême droite repart aussi en campagne, et devra mener bataille sur deux fronts : en interne et face à ses concurrents.