Consignes de vote, triangulaires… Ce que les partis ont déjà (ou non) tranché pour le second tour

Consignes de vote, triangulaires… Ce que les partis ont déjà (ou non) tranché pour le second tour

Ce dimanche 30 juin au soir, la France sera fixée sur les candidats qualifiés pour le second tour des élections législatives. Un scrutin qui pourrait être marqué par une démultiplication des triangulaires, en raison de la hausse de la participation.

Les comportements des principaux camps politiques seront alors particulièrement scrutés, que ce soient pour leurs consignes de vote en cas d’élimination ou leur éventuel retrait de triangulaires pouvant favoriser l’élection de députés du Rassemblement national, toujours largement en tête dans les sondages. Tour d’horizon des prises de position des différents partis à la veille du premier tour.

Dans le camp présidentiel, le flou se maintient

A deux jours du premier tour, toujours difficile d’y voir clair dans la stratégie et les consignes du camp présidentiel pour le second tour de ces élections législatives. Mardi, le chef de l’Etat et les cadres de sa majorité avaient semblé se diriger vers un mot d’ordre “ni RN, ni LFI” lors d’une visioconférence, distinguant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon des autres partis de l’alliance de gauche. “Nous ne voterons ni pour un candidat du Rassemblement national, ni pour un candidat LFI”, avait également de son côté affirmé François Bayrou, président du MoDem.

Mais Emmanuel Macron lui-même a semblé nuancer sa position promettant, jeudi soir, “une grande clarté” dans les consignes de vote pour le second tour. “J’ai eu l’occasion de dire qu’à l’extrême gauche des gens avaient tenu des propos sur l’antisémitisme ou la violence, sur l’antiparlementarisme que je désapprouvais, qui sortaient de l’arc républicain, mais je ne fais pas une confusion générale”, a expliqué le chef de l’Etat.

Même son de cloche chez Gabriel Attal, ce vendredi 28 juin. “Je sais où sont mes valeurs. Je prendrai toujours mes responsabilités. […] Je veux évidemment éviter que les extrêmes, et notamment l’extrême droite, puissent gagner ces élections”, a déclaré le Premier ministre qui mène la campagne de la majorité sortante, semblant infléchir sa position de renvoyer dos à dos les “deux extrêmes”. Mais “si on veut que l’extrême droite ne gagne pas ces élections, ce n’est pas avec l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon qu’on y arrivera”, a-t-il ajouté.

Pour les socialistes, communistes et écologistes, un désistement assumé et une pression sur la majorité

Le Parti socialiste, les Ecologistes et le Parti communiste ont été clairs : ils appelleront à voter contre le Rassemblement national en cas d’élimination au premier tour, et se retireront des triangulaires où ils arrivent en troisième position. “Chaque circonscription compte. Au second tour, lorsqu’un candidat républicain sera opposé à un candidat du Rassemblement national, nous soutiendrons le candidat républicain. En cas de triangulaires, si nous arrivons troisième et que le candidat RN se trouve en mesure de gagner, nous retirerons notre candidat au profit du candidat ou de la candidate portant les valeurs républicaines”, a affirmé la cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier.

“Dans tous les duels opposant un candidat d’une force républicaine à un candidat d’extrême droite, nous appellerons à voter pour le candidat républicain. Et si un candidat du PCF se retrouve qualifié au second tour en troisième position dans une triangulaire, il se désistera pour que le candidat républicain le mieux placé ait les meilleures chances de battre l’extrême droite”, a indiqué le Parti communiste dans un communiqué. “Nous le ferons sans aucune attente, sans aucune contrepartie attendue”, a renchéri le patron du PS Olivier Faure, en invitant les macronistes à “rendre la pareille” des appels au vote Emmanuel Macron que ce dernier avait lancé aux seconds tours des deux dernières présidentielles.

De cette manière, les partis de gauche veulent également mettre la pression au camp présidentiel et le pousser à les soutenir face au Rassemblement national. “Pour qu’il n’y ait pas de majorité d’extrême droite, la macronie a une chose à faire, c’est sortir du ni-ni”, et dire “très clairement que la priorité des priorités, c’est d’empêcher le RN d’avoir une majorité absolue”, a ainsi affirmé l’eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann. “Dimanche, on va les acculer : on va se retirer partout, y compris dans des duels RN-LR (pas ciottistes, NDLR)”, expliquait auprès de L’Express Pierre Jouvet, cadre socialiste.

A La France Insoumise, pas une voix au RN… mais encore une “inconnue”

Jean-Luc Mélenchon a donné cette semaine plus de précisions sur la position de La France insoumise, qui ne s’était pas jointe aux appels des autres partis de gauche à se retirer systématiquement contre les candidats RN en cas de triangulaires mal embarquées. LFI demandera ainsi dimanche soir à ses électeurs de ne pas accorder leur vote à des candidats du Rassemblement national au second tour, là où les candidats de gauche ne seront plus présents, a déclaré cette semaine Jean-Luc Mélenchon. “Jamais aucun électeur Insoumis, j’en suis certain, ne donnera sa voix au Rassemblement national. Et nous leur dirons que personne n’a à faire cette bêtise, quel que soit son motif”, a-t-il indiqué, en précisant que des consignes de vote seraient données ce dimanche soir, après le premier tour de scrutin.

Le leader Insoumis a néanmoins estimé que la seule “inconnue” sur cette question des désistements résidait dans la position des macronistes qui “ont établi un lien entre Rassemblement national et France Insoumise”. “Autrement dit, non seulement ils font une abomination qui revient à aider le Front national, mais en plus ils voudraient trier à l’intérieur des membres du Front Populaire (l’alliance de gauche) pour dire celui-ci oui, celui-là non”, a-t-il ajouté.

LR : entre vote blanc et barrage au Nouveau Front populaire

Du côté des Républicains n’ayant pas suivi Eric Ciotti, les positions sont divergentes face au Rassemblement national. Et comme en 2022, le parti ne devrait pas donner de consigne de vote unitaire. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a prévenu qu’il ne pourra “jamais voter pour un candidat RN ou Nouveau Front populaire”, visant l’ensemble de l’alliance – socialistes compris et pas seulement LFI -, estimant que “ce qu’ils proposent et ce qu’ils représentent, c’est le contraire de l’intérêt du pays”. Même position pour la vice-présidente du parti, Florence Portelli, qui, en cas de duel entre le Nouveau Front populaire et le RN, a affirmé qu’elle “vote blanc”.

Néanmoins, certains chez LR ont pris une position plus tranchée en faveur du Rassemblement national contre l’alliance de gauche. C’est notamment le cas de la tête de liste du parti aux élections européennes, François-Xavier Bellamy, qui a indiqué qu’il voterait “bien sûr” pour le RN face à un candidat du Nouveau Front populaire s’il était dans une circonscription où LR était absent du second tour des législatives. “Je ferai tout pour empêcher que La France insoumise arrive au pouvoir”, avait-il affirmé, expliquant refuser que “la France tombe dans cette alliance d’extrême gauche”.

Le maire de Cannes, David Lisnard, président de l’Association des maires de France et également à la tête de son propre micro-parti Nouvelle énergie, a également appelé à faire “barrage à l’extrême gauche” dans le cas où les candidats LR n’étaient pas qualifiés au second tour.