Des fournitures scolaires “gratuites” ? Finissons-en avec l’illusion de l’argent magique

Des fournitures scolaires “gratuites” ? Finissons-en avec l’illusion de l’argent magique

Chaque année, la rentrée scolaire provoque chez les élèves son lot d’émotions : l’excitation et la joie pour certains, le stress et la peur pour d’autres. Les parents d’élèves, eux, sont parfois envahis par une autre angoisse, à l’approche du retour en classe : celle de ne pas pouvoir assumer l’achat des fournitures scolaires. Inflation oblige, la problématique est devenue centrale pour les foyers les moins aisés.

Lors de la campagne des législatives, le sujet est revenu sur la table à la faveur des propositions du Nouveau Front populaire et d’Ensemble. L’alliance des partis de gauche promettait dans son programme “la gratuité intégrale à l’école” pour la cantine scolaire, les transports, les activités périscolaires et les fournitures. Quant à l’ancienne majorité présidentielle, elle préconisait la mise en place d’achats groupés pour réduire les coûts.

Lille, la pionnière en la matière

Sans attendre de savoir qui sera nommé au gouvernement, certaines villes ont déjà pris les devants. C’est notamment le cas de Marseille. La semaine dernière, son maire, Benoît Payan, annonçait sur les réseaux sociaux : “92 000 kits de fournitures scolaires seront distribués gratuitement à tous nos écoliers de la maternelle au CM2 à la rentrée”. Une mesure, déjà prise l’an dernier par la municipalité phocéenne, et dont le coût était alors chiffré à 5 millions d’euros. La pionnière en la matière reste Lille qui, pour la quatrième année consécutive, mettra en place ce type d’opération. Cette année, Bordeaux, à son tour, offrira en septembre leurs fournitures aux 2 071 élèves de CP de la ville. Sans distinction.

Un geste évidemment louable, mais qui tend à perpétuer l’illusion de l’argent magique. Dans ces trois cas de figure, les collectivités utilisent le même vocabulaire trompeur en parlant de “fournitures scolaires gratuites”. Mais comme souvent, la gratuité est chimérique. C’est bien le contribuable qui, d’une manière ou d’une autre, finance ce dispositif via les impôts locaux.

Si la situation financière des communes est jugée plutôt bonne dans l’ensemble par la Cour des comptes, ce type de mesures n’est pas indolore. D’autant qu’il existe déjà une allocation de rentrée scolaire, versée ce mardi 20 août à 3 millions de familles, et dont le montant a été revalorisé de 4,6 % pour tenir compte de l’inflation. Un budget de quelque 2 milliards d’euros.

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