Des JO “plus dangereux” ? Les inquiétudes des médias étrangers

Des JO “plus dangereux” ? Les inquiétudes des médias étrangers

Plus que quelques jours avant le coup d’envoi. La cérémonie des Jeux olympiques de Paris s’ouvrira, vendredi 26 juillet, sous les yeux des médias du monde entier. Les plus optimistes, comme le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, espèrent voir une “vaste fête urbaine capable d’affirmer le sentiment national”. Alors que 15 millions de visiteurs sont attendus pour cette compétition mondiale, d’autres observateurs étrangers sont plus inquiets.

Le journal espagnol El Pais pointe par exemple du doigt des Parisiens maussades, quand certains s’interrogent sur la propreté de la Seine – dont le programme de dépollution a coûté 1,4 milliard d’euros. “La qualité de l’eau de la Seine est loin d’être irréprochable, comme n’ont cessé de le montrer les nombreuses analyses conduites en vue de ces 33e Olympiades”, tance la chaîne américaine ABC News, reprise par Courrier International. Plus prosaïquement, The Age, quotidien australien édité à Melbourne, titrait : “La Seine qui pue : là où les poissons vont mourir et où naissent les manifs d’excréments contre les Jeux olympiques” – en référence aux internautes ayant appelé à déféquer dans la Seine avant qu’Anne Hidalgo s’y baigne.

Parmi les craintes partagées par la presse étrangère, le volet sécuritaire se hisse en pole position. “Les questions de sécurité inquiètent, d’autant plus qu’on assiste à une recrudescence des attaques d’islamistes radicaux”, juge l’hebdomadaire américain Time. Alors que la majeure partie de la compétition aura lieu au cœur même de la capitale, le journaliste Kow Ewe parle d’une “rupture ambitieuse avec la tradition [NDLR : qui veut que les infrastructures se situent plutôt en dehors des villes] […], mais aussi potentiellement la plus dangereuse”. D’autant que la ville de Paris a, pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, préparé une cérémonie d’ouverture hors d’un stade. Une prouesse, mais également un défi supplémentaire au niveau de la sécurité.

Par ailleurs, le magazine américain fait part de “problèmes de sécurité” qui se seraient “accrus” ces derniers mois, citant l’arrestation d’un jeune homme de 18 ans, en mai dernier, qui aurait planifié une attaque djihadiste visant les épreuves olympiques de football. Le journal américain le New York Times renchérit et ajoute que la France “s’est malheureusement habituée aux menaces terroristes et aux soldats patrouillant sur ses places et ses gares bondées, les doigts posés près de la gâchette des mitrailleuses”. En Allemagne, le Zeit online rappelle que “la ville de Paris avait maintenu sa candidature, alors qu’elle était frappée par une vague d’attentats islamistes en 2015, année où elle a postulé.”

“L’une des nations les plus à risque”

Alors que l’Hexagone a trop souvent fait la une des journaux dans le cadre d’attaques terroristes, les mesures adoptées par l’Etat français sont draconiennes : espace aérien fermé, taille de la foule réduite et cortège des forces de l’ordre musclé. Au total, ce sont 35 000 policiers et gendarmes et 18 000 militaires français qui seront mobilisés pendant les JO. A noter que ces derniers seront épaulés par un contingent d’agents étrangers. “Nous avons plus de 80 pays qui nous aident, qui ont envoyé des policiers, des gendarmes, des démineurs pour pouvoir faire que ces Jeux olympiques soient les plus beaux”, avait affirmé, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lundi 15 juillet. Pour assurer la sécurité du public et des athlètes, 44 000 barrières seront déployées lors des épreuves sur route et de la cérémonie d’ouverture.

Autant de mesures préventives listées dans un article du quotidien italien de centre gauche La Repubblica. A l’approche de cet événement sportif “qui se déroulera au milieu des guerres, des attentats et de la folie (voir ce qui se passe aux Etats-Unis)”, le journaliste souligne que la délégation transalpine défilera notamment avec celle d’Israël, “l’une des nations les plus contrôlées et les plus à risque, également suivie lors d’événements sportifs à travers le monde par des agents du Mossad.”

Par ailleurs, le quotidien The Times of Israel rapporte que des athlètes israéliens ont reçu des messages de menaces par courrier électronique et craint la répétition des événements de Munich 1972, en référence au massacre au cours duquel le groupe terroriste Septembre Noir avait fait irruption dans le village olympique et avait pris en otage des athlètes israéliens, tuant finalement 11 personnes ainsi qu’un policier allemand.

De son côté, le média en ligne américain Bloomberg résume le contexte géopolitique tendu dans lesquels ont lieu ces Jeux olympiques : “Quelque 88 athlètes israéliens et huit Palestiniens participent aux Jeux, alors que la guerre entre Israël et le Hamas fait rage et que la France connaît une augmentation alarmante des crimes de haine antisémites. Au moins un complot terroriste a déjà été déjoué. Plus de la moitié des athlètes russes et biélorusses autorisés à concourir ont des liens avec des agences militaires ou ont manifesté leur soutien à la guerre en Ukraine.”

Malgré ces appréhensions, le ton des médias étrangers se veut moins alarmiste qu’il y a encore quelques mois. En avril 2024, Politico parlait du “cauchemar terroriste de Macron aux Jeux olympiques”. En janvier dernier, c’était l’hebdomadaire italien “Il Venerdì” qui titrait “Attention : jeux dangereux”.

A quelques jours du lancement de la compétition, les craintes s’estompent sans pour autant disparaître. Et certains, comme nos voisins belges du Soir applaudissent les aménagements parisiens : “Même s’il reste quelques inconnues météorologiques et s’il faudra confronter les plans à la réalité du terrain, les organisateurs sont parvenus à boucler travaux et ajustements dans les temps.” Reste à connaître les prochains défis auxquels les JO seront confrontés dans les prochains jours.

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