Elections européennes : ce qui a motivé le choix des électeurs

Elections européennes : ce qui a motivé le choix des électeurs

Alors que les partis politiques français s’apprêtent à entrer en campagne pour les élections législatives anticipées du 30 juin, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, les motivations et le profil des électeurs lors de ces européennes apparaissent.

Ainsi, le cabinet Elabe dévoile ce lundi 10 juin une étude sur les origines du vote du scrutin européen du 9 juin. Un sondage commandé pour BFMTV, La Tribune Dimanche et RMC, réalisé dans la journée de dimanche auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes inscrites sur les listes électorales pour ces élections européennes. Au-delà des 48,5 % d’électeurs abstentionnistes rapportés, dont près d’un tiers exprime à Elabe sa défiance envers la classe politique, ce sondage revient avant tout sur les facteurs qui ont motivé le choix des votants. Notamment, la large victoire du Rassemblement national, avec 31,3 % des voix.

Le RN en tête quel que soit le niveau socio-économique

Premier constat : le vote RN est omniprésent et semble avoir conquis toutes les couches de la société. Selon ce sondage, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle (CSP) ou le niveau d’études des votants, le parti d’extrême droite est premier ou ex aequo en pourcentage de voix. Ainsi, 18 % des électeurs cadres déclarent avoir voté pour le RN, devant les 16 % de votants pour le Parti socialiste. De même, 17 % des électeurs diplômés d’un Master ou d’un doctorat indiquent avoir voté pour le RN, à égalité avec leurs pairs ayant voté PS ou Renaissance.

Malgré tout, le vote Rassemblement national augmente à mesure que le niveau d’études baisse. Elabe rapporte ainsi que 32 % des votants ayant un niveau “bac” ont voté pour le parti d’extrême droite, et que la moitié des électeurs ayant un niveau inférieur au bac déclarent ce même vote. Un phénomène qui se confirme au travers des catégories socioprofessionnelles : 41 % des employés et 52 % des ouvriers expriment leur vote pour le RN.

Un vote motivé pas le pouvoir d’achat et l’immigration

Point commun de ces groupes d’électeurs : ce sont aussi les CSP les moins bien payés. Les difficultés financières sont en effet un autre moteur du vote pour le Rassemblement national lors de ces élections européennes. Selon l’étude d’Elabe, 41 % des électeurs déclarant se restreindre à la fin du mois ont voté pour le parti de Jordan Bardella. A l’inverse, ceux qui déclarent ne pas se restreindre sont 27 % à indiquer un vote RN.

Et pour cause : quel que soit le parti, le pouvoir d’achat et l’inflation est le thème qui a le plus compté dans le choix des électeurs du scrutin européen du 9 juin : 45 % des votants le nomment comme première ou seconde motivation de leur vote, contre 27 % lors des élections européennes de 2019. Il y a cinq ans, cette motivation principale allait pourtant au réchauffement climatique et à la protection de l’environnement.

Toujours selon ce sondage, les électeurs du Rassemblement national placent aussi le pouvoir d’achat et l’inflation en deuxième position de leurs priorités, derrière l’immigration. C’est l’autre thème en augmentation par rapport à 2019 : l’immigration est nommée en première ou deuxième motivation pour 37 % de tous les votants interrogés, quel que soit le parti. Soit 8 % de plus qu’en 2019.

Des reports de voix favorables à l’extrême droite

Enfin, un autre point du sondage Elabe permet de mieux comprendre la large victoire du Rassemblement national : le changement de parti de nombreux électeurs par rapport à leur choix en 2022. Le parti d’extrême droite pourrait notamment avoir profité de la division des voix chez ses concurrents.

Malgré leur troisième place lors des élections européennes de 2019, les Ecologistes auraient ainsi perdu une grande partie de leurs électeurs. Ainsi, 41 % des électeurs interrogés ayant voté pour l’écologiste Yannick Jadot en 2022 ont reporté leur voix sur la liste du Parti socialiste et de Place publique, menée par Raphaël Glucksmann. Le socialiste a également attiré 14 % des votants interrogés ayant voté pour Emmanuel Macron en 2022, nuançant un peu plus le poids du camp présidentiel face au RN.

Mais surtout, la liste de Jordan Bardella a profité de reports de voix d’autres partis en sa faveur. C’est d’abord le cas pour les électeurs du petit parti d’extrême droite Reconquête : près de la moitié des votants questionnés ayant voté Éric Zemmour en 2022 ont préféré le Rassemblement national pour le scrutin de dimanche. Plus nombreux, ce sont surtout les électeurs de la droite Les Républicains qui ont sauté le pas vers le RN pour ces élections européennes. Selon le sondage d’Elabe, un quart des votants de Valérie Pécresse en 2022 ont changé leur voix dimanche au profit du parti d’extrême droite.