Enrico Letta : “Si les partis échouent à s’entendre, la Ve République sera mise en péril”

Enrico Letta : “Si les partis échouent à s’entendre, la Ve République sera mise en péril”

Comment, en cas de coalition, éviter la paralysie de la France ? S’il y en a un qui peut nous éclairer sur cette question, c’est bien Enrico Letta. Durant près d’un an (2013-2014), cette grande figure politique italienne (Parti démocrate) a “tenu” au palais Chigi une alliance turbulente (gauche, centre et droite berlusconienne). Les pièges et les chausse-trappes, il les connaît. Et il a des conseils à nous donner. Mais Enrico Letta a un autre atout. Il a une connaissance intime de notre pays, qu’il a parcouru en tous sens pour élaborer son rapport sur l’avenir du marché européen, soit un ensemble de préconisations remis à Bruxelles, en avril dernier, afin d’éviter le décrochage du Vieux Continent par rapport aux Etats-Unis.

Très marqué par la révolte des gilets jaunes, le président de l’Institut Jacques-Delors nous livre, dans cette interview exclusive, un diagnostic implacable sur l’état de la France – et sur les raisons qui ont entraîné cette crise majeure. Selon lui, notre système politique est trop vertical. “Il faut, dit-il, donner des chances aux régions, aux périphéries”. Surtout, le prochain gouvernement qui doit être fort, doit oublier la présidentielle de 2027 pour se concentrer sur les réponses à apporter aux Français. Sinon, il fera le jeu de Marine Le Pen. L’heure est grave, souligne Enrico Letta. Et elle n’est plus à l’inertie.

L’Express : beaucoup redoutaient un raz de marée du RN, et c’est finalement le Nouveau Front populaire qui arrive en tête. Vous voilà rassuré ?

Enrico Letta : En apprenant les résultats, j’ai entendu immédiatement la Marseillaise chantée dans le Rick’s Café de Casablanca du film avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. C’est la première image qui m’est venue à l’esprit, très forte, donnant le sens de l’état, de la Nation. Ce vote du second tour offre une grande opportunité, mais il faut la saisir maintenant. S’il n’y a pas dans la classe politique française cette idée de faire un pas en arrière pour en faire deux en avant, ça ne marchera jamais et Marine Le Pen gagnera le troisième tour. Car la réalité est là : il faut que tous les partis se mettent d’accord pour un programme partagé et commun, et s’ils ne le font pas, ce jour risque d’être très éphémère, Marine Le Pen pouvant alors gagner grâce aux divisions des uns et l’unité de son propre camp.

Il est donc essentiel que les partis se mettent à négocier tout de suite et trouvent une solution forte. Il faut de leur part un engagement direct : ils disposent de trois ans avant la présidentielle de 2027 et la campagne ne doit commencer que durant la troisième année. Ce qui laisse les deux premières au gouvernement pour gouverner. Il est donc indispensable qu’ils trouvent un accord sur une formule de gouvernement, sur des personnalités capables d’incarner ce que les Français ont demandé aux partis. Ceux-ci leur ont dit de faire barrage à l’extrême droite, mais aussi de leur donner des réponses aux problèmes. Le problème est que la tentation est de tout de suite rentrer dans la campagne présidentielle : il faut l’oublier pendant les deux prochaines années !

Le RN reste le premier parti de France, comme, en Italie, Fratelli d’Italia, dirigé par la présidente du Conseil, Giorgia Meloni. Pour autant, les situations politiques sont-elles comparables ?

Il y a une différence de fond. En Italie, nous avons un bloc de 40 %, que l’on pourrait qualifier de droite. Créé par Silvio Berlusconi, il y a trente ans, celui-ci s’est installé dans le paysage politique et n’a, depuis, jamais bougé. Avant Berlusconi, la droite ne jouait aucun rôle, petite et confinée dans un coin comme elle l’était : c’est lui qui l’a créée, ancrée sur une forte identité anti-gauche. Dirigé, ensuite, par Matteo Salvini, ce bloc est aujourd’hui incarné par Giorgia Meloni. On y trouve différents courants : modérés, pro et antieuropéens, populistes… Mais une chose les réunit : ils sont tous anti-gauche.

En France, la dynamique est différente. Il y a toujours eu une droite républicaine, forte et proeuropéenne, mais celle-ci est aujourd’hui dominée par un vote antieuropéen et très populiste, qui n’est pas issu du même bloc politique. Pour employer un terme financier, il y a eu une OPA de la droite populiste. Cette vague n’a cessé de grandir, les barrages qui avaient été installés ont cédé et cette vague a atteint 34 %, réduisant la droite républicaine à sa portion congrue. Nous ne sommes donc pas du tout dans la même configuration.

Le risque d’une France ingouvernable est très élevé. C’est une situation totalement nouvelle pour notre pays, à la différence de l’Italie…

C’est vrai, nous connaissons cette situation depuis des années ! Mais nous avons la chance d’avoir un système absolument unique, avec un président de la République qui joue un rôle d’arbitre et de facilitateur – fondamental dans les moments de crise. Tous les présidents de la République que nous avons eus en Italie ces trente dernières années – Scalfaro, Ciampi, Napolitano et maintenant Mattarella – ont, à un moment ou à un autre, dénoué des situations de blocage. C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’élève contre la réforme que Giorgia Meloni veut imposer en Italie, qui consisterait à éliminer ce rôle facilitateur du président de la République. Mais il est essentiel ! Il permet de “redémarrer le système” lorsque celui-ci est bloqué par des complexités politiques. Aujourd’hui, je vois ces complexités politiques en France et j’espère qu’une solution va être trouvée. Celle-ci se trouve, à mon sens, dans le dialogue et dans l’horizontalité plutôt que dans l’imposition et la verticalité.

Une “verticalité” qui caractérise notre Ve république, actuellement très malmenée… Peut-elle, selon vous, résister aux chocs qu’elle subit depuis la dissolution ?

Elle peut tenir si les partis s’entendent pour créer une coalition. S’ils échouent, toute l’architecture de la Ve République sera mise en péril. Le système politique devra alors en prendre acte et entamer une profonde réforme du système, c’est-à-dire imaginer une VIe République. Je dis cela parce que cette législature a déjà connu beaucoup de tremblements de terre, beaucoup de gouvernements. Le système actuel peut tenir s’il a la capacité de surmonter une situation dans laquelle il n’y a pas de majorité évidente, mais s’il n’y parvient pas, cela voudra dire qu’il n’est plus capable d’interpréter la variété d’opinions et de représentations dans le panorama politique et social français.

Le système actuel est basé, nous l’avons dit, sur la verticalité. Cette verticalité nécessite une unité. Si cette unité ne se développe pas, évidemment, il faut penser à un système différent qui débouche sur davantage d’horizontalité. Ce qui se passe en ce moment est donc, pour moi, la dernière tentative de faire survivre la Ve République. Ce qui va se passer va être très intéressant.

Qu’entendez-vous par davantage d’horizontalité ?

L’horizontalité, cela signifie la capacité de rendre les territoires plus protagonistes qu’ils ne le sont aujourd’hui. Le système politique français est très centré sur Paris. S’il y a, un jour, une VIe République, elle devra être davantage basée sur le rôle des territoires. L’un des messages les plus importants des votes européen et législatif, c’est le clivage énorme qui existe entre Paris et le reste de la France.

J’étais en France pendant la période des gilets jaunes. J’ai vu arriver cette colère, j’ai vu ce qu’elle a donné et je peux vous dire que le rapport que je viens d’écrire pour le Conseil européen a été très influencé par mes années françaises. Dans un chapitre intitulé “La liberté de rester”, je décris le fait que, jusqu’à maintenant, nous avons construit une Europe dans laquelle les opportunités sont basées sur la liberté de bouger, donc une Europe qui parle surtout à ceux qui bougent. Je pense qu’il faut aussi s’adresser à ceux qui restent. Durant la campagne européenne, j’ai distribué des tracts dans la rue. Une personne âgée en a pris un. Quand elle a compris qu’il parlait d’Europe, elle me l’a rendu en disant : “Ce n’est pas pour moi, parce que moi, je ne prends pas les avions”. Ce qu’elle me disait, c’était que l’idée d’Europe est l’idée d’opportunités pour ceux qui bougent, ceux qui prennent les avions, pas pour ceux qui restent chez eux. Il faut donc recentrer notre discours, s’adresser à ceux qui partent et ceux qui restent, car ils sont tous les composantes d’un seul discours de liberté. Et cette logique vaut également à l’échelle nationale. Il faut donner des chances aux régions, aux périphéries, même les plus défavorisées. Et ce sujet n’est pas seulement français.

Si une grande coalition voit le jour sans le RN, quel message enverrait-on aux plus de 10 millions d’électeurs qui ont voté pour un gouvernement Bardella ?

Comme je vous l’ai dit, il faut revoir le rôle des entités territoriales. Regardez les pays comme l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne : quand l’opposition est forte, elle gouverne des régions importantes, elle y dispose de réelles marges des manœuvres : c’est une façon de représenter tout le monde. C’est pour cette raison qu’un pouvoir accru des régions en France aurait du sens. C’est aussi la raison pour laquelle je plaide pour un gouvernement fort. Un gouvernement ne peut avoir uniquement comme but d’éviter l’arrivée du RN au pouvoir. Sinon, ce gouvernement va durer deux mois et le RN va devenir encore plus fort.

Un gouvernement fort, que cela changerait-il pour la fonction du président de la République ? Emmanuel Macron, qui a toujours eu cette idée de verticalité, pourrait-il s’en satisfaire ?

Il ne me semble pas que Mitterrand et Chirac étaient deux personnalités faibles. Or les deux ont vécu des phases de cohabitation compliquée. Donc l’Elysée est habitué à vivre des situations complexes. Evidemment, ce n’est pas la règle, c’est même l’exception dans le système français, mais c’est parfaitement faisable. Et le président de la République est une personne intelligente et un serviteur de l’Etat, donc je suis sûr qu’il sera capable d’interpréter ce rôle. J’ajoute qu’aujourd’hui, par rapport à la période Mitterrand et Chirac, la vie d’un participant au Conseil européen est une vie dans laquelle une moitié de son temps est facilement dédiée aux activités européennes, soit beaucoup plus qu’avant. Il s’agit là évidemment du domaine réservé du président de la République et il aurait tout son rôle à jouer.

Vous avez été président du Conseil pendant presque un an, sous la présidence de Giorgio Napolitano, entre avril 2013 et février 2014. Vous avez mené une grande coalition : avez-vous des conseils à donner à ceux qui vont peut-être tenter la même expérience en France ?

En Italie, nous avons eu trois gouvernements de large coalition pendant les treize dernières années : celui de Mario Monti, de Mario Draghi et le mien – tous ont été plus ou moins qualifiés de “techniques”. Mais j’ai toujours refusé cette définition “technocratique” pour la seule raison qu’un gouvernement, une fois qu’il obtient la majorité du Parlement, est avant tout politique. Ces trois gouvernements avaient la même caractéristique : ils étaient composés d’une large coalition. Dans ce contexte, le Premier ministre doit faire en sorte que ses différentes composantes puissent dialoguer et travailler ensemble. Il doit être indépendant des partis et imposer une ligne : personne, dans un gouvernement de grande coalition, ne peut parler au nom de tous.

Il faut donc beaucoup de patience, beaucoup de respect et surtout un agenda très pragmatique, j’insiste vraiment sur ce mot ! Il faut éviter les grands débats idéologiques. C’est la seule façon de faire bouger les lignes et de renouer avec l’opinion publique, tout en sachant que ce genre de gouvernement, qui résulte souvent de crises et de blocages politiques, bénéficie souvent au départ d’un important soutien populaire. Mais plus l’on prend des décisions importantes, plus on risque, évidemment, de perdre ce consensus. Et lorsque l’on approche des échéances électorales, les différents partis de coalition se retrouvent en concurrence, et là, ça commence à craquer… Pour réussir, il faut donc être capable d’avoir quelques points cardinaux très clairs qui unissent. Ces repères sont normalement basés sur l’Europe, sur le positionnement international, parce que si ces sujets-là divisent, il n’y a aucune possibilité de voir cette grande coalition fonctionner. Une alliance entre proeuropéens et antieuropéens serait vouée à l’échec ; il en irait de même en cas de grande coalition entre ceux qui soutiennent l’Otan et l’Ukraine et les proches de la Russie. C’est pourquoi on a besoin avant toute chose de clarté sur quelques points cardinaux, mais qui ne sont pas 20 : trois ou quatre suffisent.

Deuxième chose, il faut également dresser un agenda minimal de choses à faire sur des bases très concrètes. Evidemment, cette tache reviendrait à un négociateur entre les différents partis. En connaissant un peu la situation française actuelle, mon conseil penche en faveur d’un gouvernement fort, qui naît pour durer des années. L’option inverse – celle d’un gouvernement faible ne ferait que retarder l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir tout en renforçant ses chances d’y accéder. Il faut donc un gouvernement fort, qui puisse démontrer aux Français que c’était un bon choix d’écarter du pouvoir le Rassemblement national.

Dispose-t-on en France des personnalités pour incarner ce gouvernement fort ? Qui verriez-vous à la tête de Matignon ?

Ecoutez, ce n’est absolument pas à moi de le dire ! Mais ce qui est sûr, c’est que la France ne manque pas de grandes personnalités, à la fois européennes et capables de tisser un lien important entre différents partis.

Vous les connaissez ?

Je le répète, ce n’est pas à moi de donner des noms ! Mais croyez-moi, la France dispose de nombreux talents en la matière ! En revanche, il existe une différence notable entre le système politique français et ceux en vigueur en Allemagne ou en Italie. Chez vous, la vie politique s’est toujours construite autour des personnalités présidentiables. Ce qui signifie que c’est un système qui donne moins de chances à des personnalités au profil de rassembleur, non présidentiables par définition. Il est désormais important de noter que la France est entrée dans un nouveau scénario, qui va l’obliger à changer un peu de casting pour le choix des personnalités.

Récemment, le Premier ministre polonais Donald Tusk a expliqué que la France pouvait devenir le nouvel homme malade de l’Europe. Est-ce que vous partagez ses craintes ?

Ce serait évidemment un énorme problème parce que l’Europe a un besoin fondamental de la France. J’en suis d’autant plus convaincu que j’ai fait le tour de l’Europe pour écrire ce rapport demandé par les institutions européennes, et c’est sans doute en France que j’ai relevé les plus grandes sources d’inspirations pour ce rapport. J’y ai trouvé beaucoup de syntonies sur de nombreux sujets, beaucoup de liens, de synergies, non seulement à Paris, mais aussi dans les villes et les territoires. Je vais d’ailleurs sortir un livre en France à la rentrée pour raconter cette expérience. J’ai appris énormément à travers mes discussions ou débats avec le monde des entrepreneurs, du Medef, de la CFDT ou des universités. J’ai aussi rencontré à plusieurs reprises le président de la République, les ministres et j’ai aussi été auditionné par l’Assemblée nationale. De ces nombreux contacts avec ceux qui sont aux manettes, il me paraît évident qu’une France paralysée serait un désastre pour l’Europe. Sans compter que cela interviendrait alors que l’autre grand géant européen qu’est l’Allemagne vit un moment de faiblesse. Celle-ci se trouve en effet dans une situation de tensions politiques intérieures importantes, avec un gouvernement inédit de coalition à trois. C’est pourquoi cela créerait d’énormes difficultés pour l’Europe si la France se bloquait. Je plaide pour que les leaders politiques se mettent tous autour d’une table et fassent chacun un pas en arrière et deux pas en avant. C’est à mes yeux l’autre caractéristique d’une large coalition que ses leaders acceptent de faire un pas en arrière pour en faire tous ensemble deux en avant.

Mais pourquoi reculer et avancer ?

Un pas en arrière pour bien faire comprendre qu’on souhaite limiter l’emprise d’un parti ou d’un courant, qu’on respecte les autres, qu’on accepte de modérer le ton que l’on emploie. Et deux pas en avant pour acquérir une véritable capacité d’efficacité dans l’application du programme défini ensemble. C’est vrai, il s’agit là de quelque chose d’inédit pour la France. Mais votre pays est habitué ça. L’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir est un bon exemple. J’étais en France en 2017 et tout le monde me disait : “Il ne va pas gagner parce que c’est quasiment écrit dans la Constitution que le président de la République doit venir de l’un des deux grands partis. Celui qui sort de ce bipartisme ne pourra jamais être élu.” Il l’a fait et il a gagné, et c’était inédit ! Il ne faut pas avoir peur de l’inédit : il est urgent de se retrousser les manches, se mettre aux manettes et chercher les meilleures solutions pour quelque chose qui est absolument nécessaire aujourd’hui. Donc c’est un inédit qui est nécessaire.

La France est passée récemment sous procédure de déficit excessif. Aucun des programmes présentés au cours de la campagne des législatives, ne semble vouloir corriger cette situation financière. N’est-ce pas une vraie menace pour la France ?

Oui, c’est un énorme problème. Mais c’est vrai aussi que dans des situations exceptionnelles, la Commission européenne a toujours fait preuve de flexibilité dans l’application de règles. La France devra s’engager dans la réduction de la dette et du déficit, mais en sachant qu’il y a les instruments à Bruxelles pour appliquer les règles avec flexibilité : il faudrait employer ces instruments.

Ne craignez-vous pas une perte d’influence de la France ? A l’inverse, la nature ayant horreur du vide, une Giorgia Meloni ne pourrait-elle pas être tentée de prendre cette position ?

Comme je vous l’ai dit, nous, Européens, ne pourrions pas surmonter tranquillement une crise structurelle de la France : ce serait une crise existentielle pour l’Europe. C’est pour cela que je plaide pour une solution de long terme et non pas pour un effondrement. L’effondrement aurait des conséquences énormes sur l’Europe, faciles à comprendre. A la fois pour des raisons économiques, mais aussi et surtout parce qu’aujourd’hui, la géopolitique a gagné en importance et joue un rôle décisif. Et la géopolitique en Europe, c’est la France, c’est la puissance nucléaire, c’est la présence au Conseil de sécurité des Nations unies, c’est une présence dans les cinq coins du monde et c’est un rôle géostratégique important. La France doit pouvoir jouer son rôle. Je serais triste et très préoccupé d’être obligé de vivre les prochaines années avec une Europe sans France. Je pense que les difficultés seraient énormes : après le Brexit, un Frexit caché signerait la fin de l’Europe.

D’autant qu’une France immobile risque de mettre à mal aussi les projets d’union d’investissement et des marchés financiers que vous prônez dans votre rapport ?

Dans mon rapport, je le dis très clairement, il n’est pas question d’inertie. Il faut accomplir de nouveaux pas pour compléter le marché unique : sur les quatre grands sujets – télécoms, énergie, défense et surtout services financiers –, nous n’avons pas de marché unique et nous nous faisons dévorer par les Etats-Unis et la Chine. Donc l’inertie n’est pas une option : il faut agir ! C’est le message de mon rapport. Et évidemment pour agir, nous avons besoin de la France. Si l’Europe se met seulement dans une posture inertielle, c’est le déclin définitif.

Huit ans après le vote du Brexit, la Grande-Bretagne vient d’élire un gouvernement travailliste : on a l’impression qu’on sort de cette vague populiste. Un signe d’espoir ?

Je ne pense pas que le vote britannique puisse être généralisé, je le dis très franchement. Le vote britannique est un vote de sanction au désastre total de la pire classe dirigeante qu’ait connu l’Europe. C’est-à-dire les Boris Johnson et compagnie, une classe dirigeante qui a détruit le Royaume-Uni et a fait des dommages terribles à l’Europe aussi. Je pense que le vote britannique est surtout un vote de sanction.

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