Etats-Unis : la candidature de Joe Biden, pire décision de l’histoire américaine

Etats-Unis : la candidature de Joe Biden, pire décision de l’histoire américaine

Le coup d’envoi de la présidentielle américaine, le vrai, sera donné le 27 juin. Ce jour-là, Trump et Biden s’affronteront lors d’un débat sur CNN, à Atlanta, où se trouve le siège de la chaîne. Pour les deux candidats – mais plus encore pour le locataire de la Maison-Blanche –, la joute verbale sera un test de vivacité et d’endurance. Côté démocrate, on croise les doigts, on retient son souffle et on prie… pour que Joe Biden réussisse l’oral. Car, récemment encore, il a montré des signes de sénilité, notamment la désorientation.

A la cérémonie du 80e anniversaire du Débarquement, en Normandie, le chef d’Etat de 81 ans a certes prononcé un discours sans faute. Mais, à d’autres moments, sa fatigue était visible : démarche mal assurée, équilibre incertain, regard fixe, élocution hésitante. “Entre lui et Emmanuel Macron, âgé de 46 ans, soit 38 de moins que l’Américain, le contraste était saisissant, note la spécialiste des Etats-Unis Françoise Coste. Biden avait presque l’air d’un vétéran du D-Day…”

Le voyage officiel en France – le plus long de son mandat, cinq jours, de quoi lui ménager des plages de repos – est arrivé après la publication d’un article fouillé du Wall Street Journal soulignant “les signes de faiblesses du président”. Selon le quotidien new-yorkais, qui a recueilli 45 témoignages de personnes gravitant dans son orbite à la Maison-Blanche, “Joe Biden connaît des hauts et des bas” : “Parfois, il parle si bas qu’il est inaudible. En réunion, il lit des notes pour exprimer des évidences, fait de longues pauses entre des phrases, ou encore ferme les yeux si longtemps que certains conseillers se demandent s’il n’est pas endormi.” L’article a fait grand bruit. Et la question de l’âge du président le plus vieux de l’histoire américaine est revenue dans le débat. Voilà trois mois déjà, un juge l’ayant examiné dans le cadre d’une enquête sur des documents secrets indûment stockés dans son garage l’avait qualifié de “vieux monsieur à la mémoire défaillante”…

Le problème Kamala Harris

Aujourd’hui, 86 % des Américains estiment qu’il est trop âgé pour effectuer un second mandat. “A ce problème insurmontable s’en ajoute un autre, également insoluble : la présence de la vice-présidente Kamala Harris, explique le sondeur Whit Ayres. Personne ou presque, aux Etats-Unis, pas même les démocrates, ne pense qu’elle est prête à assumer la fonction suprême au cas où elle devrait remplacer le président.” Ces deux éléments – l’âge du candidat, le rejet de Harris – expliquent la faiblesse de Biden, en difficulté dans les sondages en dépit d’un bilan économique plutôt positif.

Afin de limiter la casse, les conseillers présidentiels réduisent ses apparitions publiques. “Il est le président qui a donné le moins d’interviews et de conférences de presse de l’histoire moderne, grince, à New York, l’analyste conservatrice Heather Mac Donald. Plus le grand public le voit, plus il est difficile pour la Maison-Blanche d’affirmer qu’il n’y a aucun problème.” Le politologue démocrate Andrew J. Polsky renchérit : “Aucun président ne devrait être septuagénaire ou octogénaire. C’est un job beaucoup trop épuisant. Pour l’exercer, il faut avoir la cinquantaine ou la soixantaine”, ajoute ce biographe du président Dwight Eisenhower, élu à 62 ans en 1952 et victime d’accidents cardiaques ensuite.

D’ici au débat contre le Trump le catcheur, la préparation physique du frêle Biden sera déterminante. “Je lui recommanderais de se reposer plusieurs jours sur l’île de Nantucket, villégiature de la famille Biden”, avance l’historienne Barbara A. Perry, spécialiste des présidences américaines. “Je dirais aussi à ses conseillers de ne pas lui farcir la tête avec des chiffres. Et ce, afin qu’il ne lui arrive pas la mésaventure de Ronald Reagan lors du premier débat en 1984, catastrophique pour l’ancien acteur, sur la défensive sur les questions économiques face au démocrate Walter Mondale. “Nancy Reagan avait dû intervenir pour redresser la situation, raconte l’historienne. Avant le deuxième débat, elle avait donné des instructions aux conseillers de son mari : ‘Laissez Ronnie être Ronnie !’. De même, il ne faut pas que l’équipe Biden le surprépare. Jill Biden doit dire : ‘Laissez Joe être Joe !'”

“Son bégaiement peut réapparaître…”

Plus l’élection se rapproche, plus les docteurs en sciences politiques se muent en docteurs… en gériatrie. “Nous évoquons constamment la santé du chef de l’Etat”, reconnaît Barbara A. Perry, auteure de nombreuses biographies présidentielles. “Joe Biden fait de très bons discours, mais il ne faut pas qu’ils dépassent vingt minutes. Après, il peut avoir l’air fatigué, et son bégaiement peut réapparaître.” Elle ajoute : “L’usure du pouvoir touche tous les présidents, mais j’ai l’impression que les massacres du 7 octobre et la guerre Israël-Hamas pourraient l’avoir particulièrement affecté.” A la pression politique du quotidien s’ajoutent ses soucis personnels – ou plutôt ceux de son fils Hunter, ancien toxicomane condamné le 11 juin pour détention illégale d’arme à feu. La durée de sa peine sera fixée d’ici à quelques semaines. Il risque jusqu’à vingt-cinq ans de prison, mais, n’ayant jamais été condamné auparavant, il devrait échapper à l’incarcération.

Le président des Etats-Unis Joe Biden étreint son fils Hunter Biden sur le tarmac d’une base aérienne de l’Etat du Delaware où le père et le fils se sont retrouvés le 11 juin 2024 après que ce dernier eut été reconnu coupable de détention illégale d’une arme à feu en 2018

Biden peut-il encore jeter l’éponge ? Peu de commentateurs le pensent, mais le scénario reste plausible. Face à l’obstination du président, convaincu d’être le seul capable de battre Trump, son épouse Jill est la mieux placée pour le convaincre de renoncer au combat. Dans ce cas, le choix d’un candidat de remplacement s’effectuerait pendant la Convention du parti, mi-août à Chicago, selon les règles d’autrefois. Jusqu’en 1968, les élections primaires jouaient un rôle secondaire et seulement indicatif. C’étaient les délégués du parti qui, après trois jours d’âpres tractations, choisissaient alors leur champion pendant la Convention.

Le cas échéant, il y aurait l’embarras du choix parmi la kyrielle de gouverneurs démocrates prêts à se lancer, dont Gavin Newsom (Californie). “Il serait un prétendant très sérieux, même si les électeurs de droite le haïssent”, pointe la conservatrice Heather Mac Donald. Le Parti démocrate devrait aussi trancher le sort de Kamala Harris, aussi impopulaire qu’incontournable. “C’est elle qui en 2020 a attiré l’indispensable vote des Afro-Américaines vers Biden ; sa mise à l’écart serait mal vécue par les femmes noires”, affirme l’américaniste Françoise Coste, qui conclut : “Hors de Kamala Harris, point de salut !”

En cas de gros pépin de santé…

Sans aller jusqu’à espérer un pépin de santé, certains se réjouiraient si, lors du débat contre Trump, l’affaissement physique de Biden sautait aux yeux au point que la question de son remplacement ne puisse plus être éludée. Le cas de figure est même prévu par le 25e amendement de la Constitution. En cas d’incapacité mentale ou physique du chef de l’Etat, les 15 membres du “cabinet de la Maison-Blanche”, c’est-à-dire le gouvernement, peuvent voter à huis clos pour mettre fin à ses fonctions.

Il resterait alors quatre mois pour constituer un nouveau ticket présidentiel et mener une campagne éclair qui aurait de bonnes chances de déstabiliser Trump. Ainsi serait neutralisé le choix hasardeux de Joe Biden, si désireux de se présenter à un second mandat. Une décision que le Wall Street Journal qualifie de “l’une des pires jamais prise par un président américain au cours de l’histoire américaine”.