Le Rassemblement national (RN) est aux portes du pouvoir. Il ne m’appartient pas d’en analyser les causes. Mais on peut aisément évaluer les conséquences de ce que provoquerait son accession au gouvernement, que ce soit en matière de politique de santé, d’enseignement, de recherche scientifique ou encore de prise en compte du réchauffement climatique. Elles seraient particulièrement lourdes, voire désastreuses.
Rappelons-nous les prises de position des leaders de ce parti lors de la crise du Covid, à propos des mesures de confinement nécessaires ou de la politique de vaccination. Il n’y avait dans leurs discours pas de place pour la raison, remplacée par une attitude populiste fondée sur l’exploitation des peurs. Quel aurait été le bilan de la pandémie si le RN avait alors gouverné la France ? Les exemples désastreux au Brésil du gouvernement de Jair Bolsonaro ou de Vladimir Poutine en Russie, qui ont tenu des propos semblables et les ont transformés en actes sont éclairants.
Le programme du Rassemblement national prévoit de restreindre la présence de personnes non européennes sur notre sol en en favorisant le départ et en en restreignant l’arrivée. Cette mesure provoquerait le départ vers des cieux plus favorables de nombre de soignants dont la présence est pourtant essentielle pour assurer le fonctionnement de nos hôpitaux et en particulier des urgences.
Affaiblir notre recherche
La restriction d’accès à l’Enseignement supérieur des étudiants étrangers détournerait de notre pays des étudiants avides de savoirs et de coopérations futures avec notre pays, une richesse inestimable dont nous nous priverions ainsi. Cette mesure aurait aussi pour conséquence d’affaiblir l’attraction et donc les performances de notre recherche scientifique dont on sait à quel point elle dépend pour sa réussite de la diversité culturelle des équipes qui la mènent, bien loin d’un stérilisant repli sur soi voulu par le RN.
La volonté du parti de Marine Le Pen de supprimer l’aide médicale d’état (AME) et les menaces sur la complémentaire santé solidaire (ex-couverture maladie universelle) conduiraient à bloquer l’accès aux soins de la population immigrée et des plus démunis. Cette vision est aussi inacceptable d’un point de vue éthique que dangereuse. En effet, elle favoriserait le risque de transmission de maladies infectieuses comme des infections pulmonaires (grippe, covid…) ou de la tuberculose au sein de toute la population à partir de personnes laissées sans soins. Imaginons un instant de ce qu’il adviendrait d’une nouvelle pandémie au cours de laquelle les étrangers sans ressource seraient abandonnés !
Les Pays-Bas, modèle expérimental
Ces risques et bien d’autres ne sont pas que théoriques, simples éléments de langage et promesses qui seraient oubliés une fois en position de gouverner. Les partis d’extrême droite mettent en œuvre leurs programmes politiques ! Ainsi, aux Pays-Bas, une coalition formée d’un parti d’extrême droite dominant et de partis de droite vient d’accéder au pouvoir. Voilà donc une situation expérimentale qui permet d’observer les décisions prises par un gouvernement dont les contours politiques ressemblent fortement à ce qui pourrait advenir en France.
Dès sa formation, ce nouvel exécutif a annoncé en vrac des coupes sombres dans le financement public de la recherche scientifique, la restriction de l’accueil des étudiants étrangers non communautaires (ainsi que le remplacement de l’usage de l’anglais par le néerlandais dans les cours à l’Université, de telle sorte qu’il soit bien clair qu’ils ne sont pas les bienvenus). Enfin, il est prévu la remise en cause de plusieurs programmes destinés à lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. On retrouve là toutes les obsessions des mouvements populistes d’extrême droite, bien sûr partagées par le RN.
Est-ce cela que les citoyens français souhaitent vraiment ? Je ne peux le croire. Faisons en sorte que ces intentions aussi dangereuses que choquantes – et contraires à une approche rationnelle des questions de santé, de recherche et de la place de la science dans une société moderne – soient mieux connues de nos concitoyens, que leur ineptie soit combattue, afin que notre pays se ressaisisse.
