Fuite des Parisiens, galère des transports : le casse-tête des JO vu par la presse étrangère

Fuite des Parisiens, galère des transports : le casse-tête des JO vu par la presse étrangère

“Une plaisanterie courante en France est que le sport national n’est ni le rugby ni la pétanque, mais bien de se plaindre. Avec l’arrivée imminente des Jeux de Paris 2024, les protestations quotidiennes ont été portées à des niveaux rarement atteints”, raille le quotidien américain Wall Street Journal (conservateur), dans un article intitulé “Paris pourra-t-elle sauver les Jeux ?”. Un titre qui en dit long sur la manière dont la presse étrangère perçoit les soucis d’organisation de la compétition olympique, à un mois de la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet 2024.

“Préoccupation cocasse”

Et pour cause, les craintes ne manquent pas. Au sujet des difficultés sécuritaires d’abord : “Ces Jeux olympiques se déroulent dans un contexte international tendu, en raison des guerres au Proche-Orient et en Ukraine“, s’inquiète le quotidien espagnol El País (progressiste), qui rappelle la série d’attentats commis sur le sol français depuis 2015. “L’attentat près de Moscou, le 22 mars dernier, a renforcé les peurs que l’Etat islamique ou une organisation similaire commette une action semblable en Europe occidentale”.

A ces difficultés de maintien de l’ordre s’ajoute un risque de déstabilisation dont les organisateurs se seraient bien passés : la possibilité de troubles sociaux à la suite des résultats des élections législatives anticipées du 7 juillet. Une nouvelle préoccupation qualifiée de “cocasse”, par le journal sportif barcelonais “Mundo Deportivo“. “La principale préoccupation du gouvernement français […] n’est pas tant la préparation des Jeux que les conséquences possibles des élections législatives en France […] les services secrets ayant mis en garde contre les risques de troubles de l’extrême droite mais aussi de l’ultragauche”.

“Ne venez pas”

Sans oublier les risques logistiques connus depuis plusieurs mois : “un système de transports en commun défaillant et qui, selon la maire de Paris elle-même, n’est pas prêt à absorber l’augmentation du trafic”, explique le Wall Street Journal, qui rappelle que “les habitants de Paris se préparent à un exode pour éviter le chaos des Jeux”. Si bien que certains déconseillent même aux visiteurs de se rendre aux compétitions : “Ne venez pas. Annulez tous”, enjoint la Franco-américaine Miranda Starcevic, 31 ans, sur TikTok. “Personne ne veut des Jeux olympiques. C’est un véritable gâchis”, poursuit-elle, citée par le New York Times.

Le quotidien démocrate détaille ainsi les nombreuses critiques formulées par les Parisiens contre la compétition : innombrables travaux, perturbations dans les transports, prix des places trop exorbitants, augmentation des prix dans certains quartiers, expulsions… “Les JO vont être un cauchemar pour Paris”, alerte Tessa Bicard en anglais sur son réseau social TikTok, où elle se fait appeler Madame Tartempion.

Plonger dans la Seine, “l’une des plus grandes intrigues des Jeux”

Sur un ton un peu plus léger, les Américains et Espagnols s’amusent de la promesse de “rendre la Seine aux Parisiens”, idée tout aussi cocasse proposée d’abord par Jacques Chirac en 1992 et reprise par l’actuelle maire de Paris Anne Hidalgo, qui a déclaré qu’une partie des compétitions nautiques s’y tiendraient. “C’est le plan qui a déclenché mille maux de tête au comité de Paris 2024. La question de savoir si la Seine sera suffisamment propre ou non est devenue l’une des plus grandes intrigues des Jeux olympiques de Paris”, écrit le Wall Street Journal.

Dans un article intitulé “La Seine, pas si romantique que cela”, El País plaisantait en avril au sujet des milliers de posts sur les réseaux sociaux provoqués par cette annonce. “La perception de la Seine par le Parisien moyen est loin d’être une image de carte postale”, raconte la journaliste Carla Mascia, reprenant des citations de Parisiens décrivant le fleuve comme “un mélange de merde et d’essence”. “Les niveaux élevés de contamination fécale dus à la présence des bactéries Escherichia coli et Enterococcus faecalis” constituent également un risque pour la santé des athlètes.”

“Redorer l’image des Jeux”

Mais malgré ces critiques et plaisanteries plus ou moins sévères, la presse américaine rappelle néanmoins “qu’il n’existe pas de Jeux olympiques complètement calmes et sans problème […] Même Londres 2012, qui est considéré comme un modèle de ce que peuvent être des Jeux modernes et raisonnables, a été perçu avec un profond scepticisme britannique jusqu’à la cérémonie d’ouverture”, rappelle le Wall Street Journal. Le média conservateur et libéral souligne également une amélioration par rapport aux précédentes éditions : une organisation “plus sobre”, en raison de l’existence de près de 95 % des sites qui accueillent la compétition.

“Après les excès de Pékin 2008, où la facture était estimée à 40 milliards de dollars, de Sotchi (50 milliards de dollars) et de Tokyo (plus de 20 milliards de dollars, selon les auditeurs du gouvernement), les JO de Paris s’annonçaient plus raisonnables avec un coût total estimé à environ 10 milliards de dollars”, financé en grande partie par des sponsors privés. Le quotidien américain y voit une possibilité de “redonner du prestige aux Jeux olympiques”, après “une décennie de cérémonies passées de fiascos en catastrophes”. Pas sûr que tous les Parisiens partagent le même enthousiasme.

Please follow and like us:
Pin Share