Guerre à Gaza : Israël menace de ramener le Liban “à l’Âge de pierre”

Guerre à Gaza : Israël menace de ramener le Liban “à l’Âge de pierre”

Les craintes d’un approfondissement de la guerre entre Israël et le Hezbollah dans le Sud Liban s’accroissent cette semaine. En visite à Washington ces derniers jours, le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant a menacé le Hezbollah, mouvement islamiste pro palestinien allié au Hamas, de “réduire le Liban à l’Âge de Pierre” en cas de conflit, tout en précisant que ce n’était pas la volonté d’Israël. A l’international, les voix se multiplient contre une “extension potentiellement apocalyptique” de la guerre à Gaza aux conséquences “imprévisibles”, pour reprendre les mots de l’ONU.

Les infos à retenir

⇒ Israël menace de “ramener le Liban à l’Âge de pierre” en cas de guerre

⇒ L’ONU s’inquiète d’une extension “potentiellement apocalyptique” du conflit

⇒ A Gaza, la crise de l’eau se fait plus violente en plein été

Israël menace de ramener le Liban à “l’Âge de pierre”

“Le Hezbollah comprend très bien que nous pouvons infliger d’énormes dégâts au Liban si une guerre est lancée”, a déclaré à la presse le ministre Yoav Gallant à l’issue d’une visite de plusieurs jours à Washington. “Nous avons la capacité de ramener le Liban à l’Âge de pierre, mais nous ne voulons pas le faire […] Nous ne voulons pas d’une guerre”, a-t-il ajouté, précisant que le gouvernement israélien “se préparait à tout scénario”.

Mais “une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient”, s’est inquiété le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en recevant Yoav Gallant à Washington, alors que les voix se multiplient à l’échelle internationale contre l’approfondissement du conflit sur ce second front.

Craintes d’une “propagation apocalyptique” du conflit

La propagation au Liban de la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza serait en effet “potentiellement apocalyptique”, selon le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths. “Je vois cela comme l’étincelle qui mettra le feu aux poudres”, a-t-il souligné mardi depuis Genève, estimant qu’un conflit impliquant le Liban “gagnera la Syrie… gagnera les autres” territoires de la région, entraînant des conséquences “imprévisibles”.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé dimanche que la phase “intense” des combats touchait à sa fin dans la bande de Gaza et affirmé qu’ensuite, Israël pourrait “redéployer certaines forces vers le nord”, à la frontière avec le Liban, “à des fins défensives”.

“Il semble qu’Israël, qui a dévasté Gaza, jette désormais son dévolu sur le Liban. Nous voyons que les puissances occidentales soutiennent Israël en coulisses”, a déclaré de son côté le président turc Recep Tayyip Erdogan. “Les projets de Netanyahou d’étendre la guerre à la région conduiront à un grand désastre”, a-t-il ajouté.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti la semaine dernière qu'”aucun lieu” en Israël ne serait le cas échéant épargné par son mouvement, au lendemain d’une annonce de l’armée israélienne selon laquelle “des plans opérationnels pour une offensive au Liban” avaient été “validés”.

Nombreuses frappes aériennes israéliennes dans la région

Dans la nuit de mercredi à jeudi 27 juin, des témoins ont fait état de bombardements dans différents secteurs de la bande de Gaza, tandis qu’au Liban, cinq personnes ont été blessées dans une frappe aérienne israélienne sur un immeuble de Nabatiyeh (sud), selon l’agence officielle libanaise Ani.

En Syrie, deux personnes ont été tuées dans une frappe israélienne peu avant minuit, a annoncé l’agence officielle Sana en citant une source militaire. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la frappe a visé un centre de services d’une fondation affiliée au Hezbollah libanais et à des groupes pro iraniens, près de la capitale Damas.

Et au Yémen, le Commandement de l’armée américaine pour le Moyen-Orient a indiqué avoir détruit un “radar” des rebelles houthistes, alliés du Hamas, qui ciblent le trafic maritime international en mer Rouge et dans le Golfe d’Aden en “solidarité” avec la population de Gaza.

Crise de l’eau à Gaza

La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d’habitants assiégé par Israël, où 495 000 personnes souffrent de la faim à un niveau “catastrophique”, selon un rapport publié mardi par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se basent les agences de l’ONU. L’eau manque aussi en plein été dans le territoire surpeuplé, où les habitants se pressent avec des bidons quand arrive un camion chargé de citernes.

L’ouverture en mars d’un couloir maritime depuis Chypre a permis l’envoi à Gaza de 7 000 tonnes d’aide humanitaire, dont 6 000 tonnes restent entreposées en raison des pillages et de la violence qui empêchent leur distribution, ont affirmé mercredi des responsables américains réunis à Chypre. “Je n’ai jamais vu un environnement aussi difficile ou complexe” pour les humanitaires, a déclaré Doug Stropes, de l’USAID, l’agence américaine pour le développement.