Guerre à Gaza : pourquoi le Hezbollah s’en prend à Chypre

Guerre à Gaza : pourquoi le Hezbollah s’en prend à Chypre

Chypre, pays membre de l’Union européenne le plus proche des côtes du Moyen-Orient, est dans le viseur du Hezbollah. Ce mercredi 19 juin, le chef de la milice chiite, Hassan Nasrallah, qui s’est exprimé à la télévision, a prévenu qu'”aucun lieu” en Israël ne serait épargné par ses missiles en cas d’attaque contre le Liban, sur fond de crainte d’un embrasement lié à la guerre dans la bande de Gaza.

Il a nommément mis en garde l’île, l’accusant de soutenir les Israéliens dans leurs efforts de guerre contre le Liban.

Le chef du Hezbollah assure “détenir des informations” selon lesquelles Israël pourrait notamment se servir des “aéroports et bases” chypriotes. “Nous avertissons le gouvernement de Nicosie, une ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l’ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante de la guerre”, a affirmé Hassan Nasrallah.

Chypre est située à quelque 300 kilomètres d’Israël et environ 200 kilomètres du Liban, et entretient de bonnes relations avec ces deux pays. C’est la première fois que l’île est directement visée par des menaces de dirigeants libanais.

Discours belliqueux

Le discours d’Hassan Nasrallah est intervenu au lendemain de l’annonce par l’armée israélienne que “des plans opérationnels pour une offensive au Liban” ont été “validés”. Le chef du Hezbollah a promis à l’État hébreu de le combattre “sans restrictions ni limites”, en cas d’attaque. Si guerre il y a, “Israël devra nous attendre par la terre, par la mer, par les airs”. Un discours particulièrement belliqueux, observe le quotidien libanais L’Orient Le Jour.

“J’ai lu les commentaires (du chef du Hezbollah, NDLR) et je tiens à dire que la république de Chypre n’est impliquée d’aucune façon dans cette guerre”, a rétorqué dans un communiqué le président chypriote Nikos Christodoulides. Chypre fait “partie de la solution, pas du problème”, a-t-il martelé, faisant valoir que son pays jouait un rôle, “reconnu par le monde arabe et l’ensemble de la communauté internationale” dans le déploiement d’un corridor maritime permettant d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza.

Escalade à la frontière libano-israélienne

La guerre dévastatrice à Gaza, qui a éclaté après l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, a entraîné des violences quotidiennes à la frontière israélo-libanaise, entre le Hezbollah, allié du mouvement islamiste palestinien, et l’armée israélienne, qui se sont intensifiées ces dernières semaines.

Hassan Nasrallah a indiqué que son mouvement n’avait utilisé “qu’une partie de ses armes” depuis qu’il a ouvert le front du sud du Liban le 8 octobre pour soutenir son allié, le Hamas, à Gaza. “Nous avons reçu de nouvelles armes, nous avons développé certaines de nos armes […] et nous en gardons d’autres pour les jours qui viennent”, a encore dit le chef du mouvement armé.

Mercredi, le Hezbollah a lancé de nouvelles attaques contre le nord d’Israël, a annoncé l’armée sans faire état de victime. La formation chiite a annoncé la mort de quatre de ses combattants dans des frappes israéliennes. Plus de huit mois de violences entre le Hezbollah et l’armée israélienne dans les zones frontalières ont fait au moins 478 morts au Liban, dont quelque 312 combattants du Hezbollah mais également au moins 93 civils, selon un décompte de l’AFP. Tandis que du côté israélien, au moins 15 soldats et 11 civils ont été tués, selon Israël.