Guerre en Ukraine : l’obsession anti-Macron de Matteo Salvini

Guerre en Ukraine : l’obsession anti-Macron de Matteo Salvini

Une charge de plus de Matteo Salvini contre Emmanuel Macron. Le vice-Premier ministre italien a publié ce mardi 4 juin sur les réseaux sociaux un montage grimant le président français en tenue militaire lourde et équipé d’un fusil d’assaut ; une façon de réaffirmer son opposition absolue au possible envoi de troupes occidentales en Ukraine.

❌ Escalation militare e soldati italiani al fronte su ordine di pericolosi “bombaroli”? No, grazie.

✅ Sì all’impegno dell’Italia per la Pace, nel ripudio della guerra previsto dalla Costituzione, ispirato dalla coscienza morale collettiva e dalla nostra tradizione cristiana.… pic.twitter.com/jF6STt7KKf

— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) June 4, 2024

“Une escalade militaire et des soldats italiens sur le front sur ordre de dangereux ‘poseurs de bombes’ ? Non merci”, a écrit sur son compte X le dirigeant d’extrême droite dont le parti, la Ligue, appartient à la coalition gouvernementale dirigée par Giorgia Meloni. “Oui à l’engagement de l’Italie en faveur de la paix, au refus de la guerre prévu par la Constitution, inspiré par la conscience morale collective et par notre tradition chrétienne”, ajoute-t-il ensuite, appelant les électeurs à voter pour la Ligue pour “plus d’Italie et moins d’Europe”.

Cette sortie n’est qu’une parmi d’autres ces dernières semaines, toujours au sujet de la position controversée d’Emmanuel Macron à propos du possible envoi de troupes occidentales pour défendre l’Ukraine face à la Russie. Si le gouvernement italien de Giorgia Meloni s’est déclaré fermement opposé à cette possibilité, Matteo Salvini a tenu à montrer son opposition… à sa manière. Il avait appelé le président français à “aller se faire soigner” en mai dernier, avant de le qualifier de “fou” ce lundi. En mars dernier, toujours sur ce sujet, il assurait que “le président Macron, avec ses propos, représente un danger pour notre pays et notre continent”.

Une position pro-Kremlin controversée

Depuis son entrée fracassante dans le paysage politique italien, notamment à partir de sa nomination comme ministre de l’Intérieur en 2018, c’est peu dire que les relations de Matteo Salvini avec Emmanuel Macron ont toujours été extrêmement tendues. A l’époque personnalité phare de la politique italienne, celui-ci ne manquait jamais une occasion de tacler le président français, notamment à propos de sa politique migratoire. Mais aussi pour ses positions internationales : à l’instar du Rassemblement national, dont il est le partenaire privilégié au Parlement européen dans le groupe Identité et Démocratie, Matteo Salvini a longtemps été un grand défenseur du président russe Vladimir Poutine. Son parti, la Ligue, avait ainsi signé en 2017 un accord avec Russie unie, le parti de l’autocrate du Kremlin, qui s’est renouvelé automatiquement en 2022.

Si l’invasion de l’Ukraine – qu’il a condamnée – l’a forcé à tempérer sa position pro-Russe, à l’image du Rassemblement national, Matteo Salvini continue cependant depuis à tenir des propos ambigus sur la Russie. Il a notamment assuré que “quand un peuple vote, il a toujours raison” à propos de la réélection de Vladimir Poutine en mars dernier, ou a estimé qu’il revenait “aux médecins et aux juges” russes de faire la lumière sur les circonstances du décès en prison du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny.

Mais si les sorties controversées ont toujours été une part importante du personnage de Matteo Salvini, cette rengaine contre Emmanuel Macron est loin d’intervenir à un moment hasardeux. Alors que les élections européennes ne sont plus que dans quelques jours, son parti, la Ligue, n’est crédité dans les sondages que d’un peu plus de 8 % des voix, bien loin du scrutin de 2019 où il était arrivé en tête en Italie, raflant 29 % des suffrages et 29 sièges sur 76. Cette fois-ci, il se voit surtout largement dépassé par Fratelli d’Italia, le parti postfasciste de la dirigeante Giorgia Meloni, qui l’a largement supplanté et assume quant à elle sa posture atlantiste, pro-Kiev et anti-Poutine.