Guerre entre Israël et le Hamas : Rafah, l’horreur de trop

Guerre entre Israël et le Hamas : Rafah, l’horreur de trop

Des colonnes de flammes, des enfants brûlés vifs et des femmes agonisant au sol. Ce 26 mai, une nouvelle vision de l’enfer a surgi des entrailles de la bande de Gaza, où plusieurs missiles israéliens ont semé la mort dans un camp de réfugiés. Des dizaines de victimes, dans ce que Benyamin Netanyahou a qualifié “d’accident tragique”. Mais pour un “accident tragique” filmé et diffusé dans le monde entier, combien restent invisibles dans cet îlot assiégé ?

Depuis le 8 octobre, Israël mène une guerre sans merci pour éradiquer le Hamas dans l’enclave palestinienne, au prix de milliers de vies innocentes. Mais l’objectif, légitime, se heurte au cynisme et à l’incompétence du gouvernement Netanyahou. Sa propre armée, observant que le Hamas se redéploie dans des zones a priori “nettoyées”, réclame une solution politique. Après sept mois de guerre, l’organisation terroriste semble loin d’être vaincue, comme l’ont montré ses nouveaux tirs de roquettes sur Tel-Aviv le 26 mai. “Avec ce que nous faisons à Gaza, sans projet réaliste ni discussions pour l’après, nous sommes en train de créer cent fois pire que le Hamas”, nous confiait récemment une source israélienne impliquée dans les négociations pour les otages.

Ce Premier ministre, poursuivi dans trois affaires de corruption en Israël et bientôt sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, porte une responsabilité énorme. En s’alliant avec l’extrême droite messianique, dont l’objectif assumé est de créer un “Grand Israël” sans populations arabes, Netanyahou entraîne 9 millions d’Israéliens dans sa chute. Il sait bien que les massacres commis par le Hamas le 7 octobre et les dizaines d’otages toujours captifs dans la bande de Gaza ont rendu une partie d’Israël aveugle à la violence infligée aux civils palestiniens et sourde aux critiques de ses alliés. Les conséquences seront écrasantes.

Netanyahou, qui a théorisé la stratégie d’un pays “seul contre tous” pour le rallier derrière lui, joue un jeu extrêmement dangereux en isolant Israël du reste du monde. L’Etat hébreu avait pourtant constaté la puissance de ses alliances quand, le 13 avril, une coalition occidentale et arabe avait intercepté des centaines de missiles tirés depuis l’Iran vers son territoire. Risquer de perdre ces soutiens, de Washington à Abou Dhabi, paraît suicidaire. C’est pourtant la voie empruntée par Netanyahou.