“L’audace, c’est d’abord avoir le courage de défendre une idée.” Pour Gianfranco Ritschel, expert et formateur en horlogerie, il s’agit d’oser “casser les codes, même si la reconnaissance n’est pas systématiquement au rendez-vous”.
Dès lors qu’une firme horlogère cherche à se distinguer, deux options s’offrent à elle : imaginer une esthétique originale ou repousser les limites de la technique. D’aucuns vont jusqu’à miser sur les deux tableaux, à l’instar de Louis Vuitton avec sa pièce de haute horlogerie Tambour Moon Saphir Tourbillon Volant Poinçon de Genève Frank Gehry. A lui seul, le nom de cette référence contient déjà les principales caractéristiques distinctives de cette montre hors norme, dont le mouvement, équipé d’un tourbillon volant squelette, se dévoile totalement par la transparence d’une boîte en saphir. Quant au design, il est le fruit de la collaboration entre la Fabrique du Temps Louis Vuitton et le célèbre architecte Frank Gehry. Celui-ci souhaitait retranscrire en miniature les mouvements des voiles de bateau et les effets de perspective qu’il avait réalisés pour la Maison Louis Vuitton à Séoul et la Fondation Louis Vuitton à Paris. Tout cela, dans un bloc de saphir où ont été sculptés boîtier, couronne, cornes, aiguilles et, surtout, le cadran ultrafin qui reprend les reliefs des ouvrages architecturaux de Frank Gehry et a nécessité deux cent cinquante heures de travail.
C’est aussi le saphir que la Big Bang MP-11 de Hublot met à l’honneur, dans un bleu clair inédit. Tandis que le studio de création horlogerie de Chanel a opté pour un saphir rose sur la boîte et le bracelet de la montre J12 X-Ray Edition Rose. Le choix de la manufacture F.P. Journe s’est porté sur un tout autre matériau, le verre céramique multicolore, pour sertir de 52 pierres taille baguette la lunette de la montre Elegante Gino’s Dream, habillée aux teintes de l’arc-en-ciel en hommage à Serge Cukrowicz, cofondateur de Montres Journe SA. Clin d’œil à son boîtier inspiré d’un téléviseur, Mido a eu l’idée de transposer la mire des années 1970 sur le cadran de l’édition limitée Multifort TV Big Date S01E1. Tout aussi colorée mais dans des tonalités pastel, la montre Type 1° M de Ressence présente un cadran polychrome où les disques rotatifs indiquent heures, minutes, secondes et jours de la semaine. Avec sa collection Réflection, Cartier pousse le curseur de l’approche stylistique en jouant sur la forme même du garde-temps : un large jonc en or ouvert où, aux deux extrémités, le cadran se réfléchit dans le poli miroir du métal précieux.
Le studio de création horlogerie de Chanel a opté pour un saphir rose sur la boîte et le bracelet de la montre J12 X-Ray Edition Rose.
L’audace pousse parfois les horlogers à repousser les frontières de l’ingénierie mécanique. Dans la catégorie de l’ultraplat, deux manufactures se défient depuis quelque temps. Piaget a réussi à loger dans l’Altiplano Ultimate Concept Tourbillon le calibre et, pour la première fois, un tourbillon annulaire, et ce dans deux millimètres d’épaisseur ! Pour sa part, Bulgari a dévoilé la montre mécanique avec chronomètre COSC la plus fine du monde, l’Octo Finissimo Ultra et ses… 1,70 millimètre.
Quelques avancées technologiques de premier plan ont aussi été présentées à Genève pendant le Salon Watches and Wonders, en avril. Comme l’Heure Universelle référence 5330G-001 de Patek Philippe, avec l’affichage de la date indexé sur l’heure locale – une première mondiale brevetée. Ou, chez IWC, la Portugieser Eternal Calendar, premier calendrier perpétuel séculaire. La montre tient compte des règles complexes du calendrier grégorien pour les années bissextiles jusqu’en 3999 et son affichage des phases de lune est tellement précis qu’il faudra… 45 millions d’années avant de devoir l’ajuster. Quant à la manufacture Vacheron Constantin, déjà détentrice du record du nombre de complications sur un garde-temps, elle est allée encore plus loin avec Les Cabinotiers The Berkley Grand Complication : 2877 pièces et surtout, 63 complications. Sans conteste, la montre la plus complexe au monde.
