IA générative : et si le retard d’Apple… était son meilleur atout ?

IA générative : et si le retard d’Apple… était son meilleur atout ?

Ecrire un mail, résumer un document, rechercher des informations, façonner des images ou un avatar en quelques secondes, demander à un assistant vocal de noter un rendez-vous… Cela ne vous dit rien ? Depuis plus de dix-huit mois, on sait l’IA générative capable de réaliser de nombreuses tâches du quotidien, tantôt créatives, tantôt juste chronophages. ChatGPT (OpenAI) a ouvert la voie. Des millions d’utilisateurs y sont maintenant accros. Microsoft, son partenaire, via Copilot, ou encore Google, tout comme une infinité de start-ups, se sont engouffrés à toute allure dans la brèche.

Sans surprise, lundi soir, depuis son siège de Cupertino, Apple a lui aussi trempé ses célèbres systèmes d’exploitation – iOS pour l’iPhone, et MacOS pour ses ordinateurs – dans la sauce magique IA, par le biais d’un système modestement appelé “Apple Intelligence”.

“Enfin”, ont soufflé bon nombre d’observateurs. Son principal rival dans les smartphones, Samsung, s’était lancé avant lui, et n’a pas manqué de le faire savoir, sur X (ex-Twitter). Des jeunes pousses telles que Humane ou Rabbit ont également tenté de promouvoir de nouveaux types d’appareils boostés à l’IA, flairant peut-être une opportunité. Le silence d’Apple, devant une technologie jugée parmi les plus transformatrices depuis des décennies, a été sanctionné, notamment en Bourse. Microsoft lui a ravi sa couronne d’entreprise la plus valorisée au monde. Le spécialiste des puces, Nvidia, la semaine dernière, lui a aussi chipé sa seconde place. Les annonces de lundi, de la part d’Apple, n’ont pas été marquées par un rebond boursier, au contraire (-2 %).

Dépendance à OpenAI ?

Apple a dû nouer un partenariat avec OpenAI, la société la plus avancée dans l’IA, pour certaines fonctionnalités, notamment liées à Siri, son célèbre assistant vocal. A combien se chiffre cet accord, et comment Apple va-t-il compenser cet investissement par de nouveaux revenus ? Les ventes d’appareils se sont tassées depuis plusieurs années. Et pour l’heure, Tim Cook, son PDG, a assuré qu’il n’y aurait pas besoin d’abonnement pour accéder aux multiples pouvoirs de l’IA.

La crédibilité d’Apple repose désormais, en partie, sur la technologie d’un autre. Partir le dernier, dans l’IA générative, ôte à la marque à la pomme cette posture de visionnaire qui la caractérise, depuis ses tout premiers ordinateurs personnels. Une poignée d’articles, dans la presse américaine, ont révélé que ce retard avait eu un impact sur les talents présents au sein de la compagnie, partis pour des challenges plus excitants. Si Apple ne s’interdit pas d’essayer autre chose que ChatGPT à l’avenir, elle pourrait en réalité en devenir très dépendante, si elle ne suit pas elle-même le rythme effréné imposé par la start-up.

Pour autant, il y a quelques bons côtés à dégainer après les autres. L’IA, encore truffée d’erreurs, se manie avec précaution : Google, empêtré dans de multiples bad buzz, peut en témoigner. Humane, et son “pin’s IA”, n’a pas trouvé son public. Le “nouveau smartphone” promis n’existe peut-être pas. Avec ses centaines de millions d’adeptes, Apple se sent donc capable de jouer au “maître des horloges”. Sa technologie ne se déploiera en premier lieu que sur les iPhone et les MacBook les plus récents, et en anglais seulement. La firme de Cupertino dispose de ses propres standards dans l’industrie, aujourd’hui très élevés en termes de sécurité des données, et tout simplement de qualité d’expérience, comme en témoignent quelques démonstrations “waouh” proposées lundi. Au fond, si Apple arrive le dernier dans l’IA, c’est avant tout parce qu’il peut se le permettre.