Israël : Tsav 9, ce groupe extrémiste qui entrave l’aide humanitaire vers Gaza

Israël : Tsav 9, ce groupe extrémiste qui entrave l’aide humanitaire vers Gaza

Des sacs de riz, de céréales, de farine ou de soupes lyophilisés, jetés à terre et piétinés. Depuis six mois, des centaines de personnes, regroupées dans un collectif, Tsav 9, s’attaquent aux convois humanitaires à destination de Gaza. Une situation condamnée par les Etats-Unis.

Ce samedi 15 juin, le gouvernement américain a annoncé geler les avoirs du groupe en vertu d’un décret sur la violence en Cisjordanie pris par le président Joe Biden en février, ainsi qu’interdire aux ressortissants américains tout contact avec ces individus. “Pendant des mois, les membres de ce groupe d’activistes israéliens ont cherché à plusieurs reprises à contrecarrer l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, en particulier en bloquant les routes, parfois de manière violente, entre la Jordanie et Gaza. Ils ont également endommagé des camions et déversé sur la route de l’aide humanitaire vitale qu’ils contenaient”, a-t-il rappelé dans un communiqué.

Tout a commencé début janvier. Israël ouvre alors, sous pression internationale, le point de passage de Kerem Shalom afin de faire entrer de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée, alors que le terminal de Rafah, contrôlé par l’Égypte, a atteint ses limites de transit. Si la décision est saluée par les États-Unis, elle ne passe pas auprès de certains Israéliens, qui décident de se mobiliser via les réseaux sociaux pour entraver le passage de l’aide à la population gazaouite. C’est la naissance du collectif Tsav 9, nommé ainsi en référence à “Tsav 8” (“Ordre n°8” en français) – le code d’alerte envoyé aux réservistes de l’armée israélienne en cas de mobilisation. A travers leurs actions, le collectif espère exercer une pression sur les autorités pour libérer les otages israéliens restants, mais aussi affaiblir le Hamas, qui bénéficierait de ces denrées alimentaires.

Des activistes d’extrême droite

Lors d’une interview accordée le 10 février à la chaîne israélienne francophone Tandem TV, la Franco-Israélienne Rachel Touitou, porte-parole de Tsav-9, a qualifié le mouvement “d’initiative citoyenne”. Mais en réalité, il “attire surtout des activistes de droite et d’extrême droite”, précise Franceinfo, qui a suivi le collectif durant une de ses actions à Kerem Shalom. Tsav 9 est également soutenu par des associations très marquées politiquement, telles qu'”Israël is Forever”, qui se définit comme la “mobilisation des forces sionistes francophones”, le mouvement d’extrême droite Regavim ou encore l’ONG d’extrême droite Honenu.

De son côté, la police israélienne a ouvert une enquête après le blocage et le saccage, en mai, de sept camions d’aide humanitaire en provenance de Cisjordanie occupée et à destination de la bande de Gaza. La classe politique, elle, est plus divisée. Alors que l’ancien ministre de la Défense, Avigdor Liberman, a apporté le 15 mai sur X son soutien à Tsav 9, le chef de l’opposition israélienne Yaïr Lapid, au contraire, a condamné sur X cette “attaque”.

“Il est immoral de détruire de la nourriture en route pour être distribuée à des civils affamés. Mais ce qui est encore plus scandaleux, c’est qu’il n’y a pas de policiers ni de soldats pour les arrêter. Où sont les forces de l’ordre pour empêcher un tel acte ?”, s’est par ailleurs interrogée Jessica Montell, directrice de l’organisation israélienne de défense des droits humains HaMoked. Avec 130 camions d’aide humanitaire par jour en moyenne depuis le 7 octobre, les besoins des populations civiles à Gaza sont loin d’être remplis, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).