Ledger, la licorne française qui s’inspire des secrets d’Apple

Ledger, la licorne française qui s’inspire des secrets d’Apple

Avec un bitcoin qui caracole à 63 000 euros, l’atmosphère est à la fête chez Ledger. La licorne française spécialisée dans les wallet – ces petits objets high-tech permettant de stocker crypto et NFT de manière sécurisée – a dû composer comme les autres avec un marché morose. Elle a d’ailleurs licencié, fin 2023, 12 % des effectifs. Mais elle a de nouveau un horizon dégagé devant elle. Ce 28 mai, Ledger a enfin annoncé le démarrage des livraisons de son dernier bébé, le Ledger Stax – présenté il y a tout de même plus d’un an. Ces livraisons concerneront dans un premier temps les clients ayant précommandé l’appareil. Ledger, qui devrait bientôt redevenir rentable, vise désormais la réalisation de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2025.

Son bilan en dix ans lui donne des raisons d’espérer. Avec 6 millions d’appareils vendus dans 180 pays, elle s’est imposée comme le leader mondial du secteur : elle sécurise 20 % des actifs numériques de la planète. Un succès pas négligeable. Il est, en effet, trop rare de voir une start-up tricolore réussir dans le hardware. Les investisseurs européens jugent souvent que cette sphère est plus risquée que l’immatériel software et rechignent à y investir.

Mais Ledger a visiblement emprunté quelques pages au carnet d’Apple pour se développer. La première ? Soigner sans relâche le design. Avoir un produit innovant et performant ne garantit pas son succès, il est indispensable qu’il soit simple à utiliser. Ledger a bien compris que le secteur du Web3 avait encore de gros progrès à faire à ce niveau. Pour créer son Ledger Stax qui affiche un écran tactile incurvé, la start-up française s’est donc associée à une pointure du design : le père de l’iPod Tony Fadell.

“Une porte d’entrée sécurisée vers Internet”

Deuxième secret du succès d’Apple : avoir une chaîne d’approvisionnement parfaitement huilée. Ledger n’a bien sûr pas l’envergure de la Pomme. Mais il a signé avec Foxconn, emblématique fournisseur d’Apple capable d’assurer des lancements au cordeau sur de vastes géographies. Dernier précepte d’Apple dont on retrouve l’écho chez Ledger : un focus affirmé vers la sécurité. Les géants du numérique ont souvent privilégié la performance et l’innovation à la protection de leur produit. Apple est un des rares à en avoir fait un argument de vente central, en mettant en avant un aspect précis : la défense de la vie privée de ses utilisateurs. Ledger, lui, travaille sur d’autres facettes de la sécurité numérique, notamment celle touchant à la détention d’”objets” numériques et aux transactions les concernant.

Un parti pris qui a du sens. A mesure que nos vies numériques deviennent plus riches et plus ciblées par des attaquants, les internautes se préoccupent davantage de la sécurité de leurs activités virtuelles. Ledger commence d’ailleurs à explorer de nouveaux terrains de jeu en ajoutant au Stax la compatibilité avec une nouvelle technologie d’identification aux sites web et aux applications appelée “Passkey”. “Lorsque nous saisissons nos mots de passe sur des smartphones ou des ordinateurs, nous courons constamment le risque de nous les faire pirater. Ce problème de sécurité est immense et ne cesse de croître, fait valoir Pascal Gauthier, le PDG de Ledger. Cette nouvelle fonctionnalité fait, selon lui, du Stax “une véritable porte d’entrée sécurisée vers Internet.” Ledger n’est, bien sûr, pas la seule entreprise à se rêver en couteau suisse de l’identité numérique. Mais si elle y parvient, la licorne pourra assurément gambader dans des royaumes plus vastes que ceux de la crypto.