Législatives : 4 graphiques pour comprendre le score historique du RN

Législatives : 4 graphiques pour comprendre le score historique du RN

Il reste encore une grande partie du gâteau à se partager. Les responsables du RN, Marine Le Pen et Jordan Bardella en tête, et ceux du Nouveau Front populaire, se sont donné rendez-vous dimanche 7 juillet pour un second tour “déterminant” en effaçant d’ores et déjà le “bloc macroniste” à l’issue du premier tour des législatives. Le Rassemblement national est arrivé en première position avec 33 % des suffrages, contre 28 % pour le Nouveau Front populaire, loin devant le camp d’Emmanuel Macron à 20,8 %. Les consignes de vote pour le second tour ont aussi été au cœur de la soirée électorale.

Dès 20 heures, le chef de l’Etat s’est tourné vers le 7 juillet avec une déclaration écrite appelant, face au RN, à “un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour”. “L’extrême droite est aux portes du pouvoir” et “notre objectif est clair : empêcher le Rassemblement national d’avoir une majorité absolue au second tour”, a ajouté Gabriel Attal depuis Matignon. Du côté du Nouveau Front populaire, les partis ont déjà donné une consigne claire : tout candidat arrivé en troisième position devra se retirer. Mais pour La France insoumise, cela vaudra seulement là où le RN est “arrivé en tête”, a précisé Jean-Luc Mélenchon.

Marine Le Pen et Jordan Bardella ont appelé les électeurs à donner une majorité absolue au Rassemblement national à l’issue du second tour des élections législatives, le président du parti promettant qu’il serait dans ce cas “Premier ministre de tous les Français”. “Les Français ont rendu un verdict sans appel”, a-t-il estimé.

Le score des trois principaux blocs aux premier tour des élections présidentielles.

10,6 millions de personnes ont voté pour le RN

La “forte participation” ce dimanche, au premier tour des législatives, n’a pas empêché un “vote massif” en faveur du Rassemblement national dont la “dynamique électorale” s’amplifie, soulignent sondeurs et politologues, même s’ils restent prudents sur la capacité de Jordan Bardella à obtenir une majorité absolue le 7 juillet. Au total, ce sont 10,6 millions de personnes qui ont mis un bulletin RN dans l’urne, soit 21,54 % des inscrits. En 2022, ils étaient 8,68 % à avoir plébiscité le Rassemblement national.

Pour le premier tour des législatives, ce sont 10,6 millions de Français qui ont mis un bulletin Rassemblement national.

Plus de cinquante ans après la fondation du Front national, le parti d’extrême droite, devenu Rassemblement national, est passé, dans les urnes, de la marginalité à la banalisation, devenant la première formation de France. Vingt jours après la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, il est aux portes du pouvoir après avoir engrangé dimanche environ 33 % des suffrages au premier tour des élections législatives anticipées.

Pour comprendre ce succès, il faut rembobiner un peu : le “Front national pour l’unité française”, parti issu de groupes nationalistes dont Ordre Nouveau, est créé le 5 octobre 1972. Après un score de moins de 1 % à la présidentielle de 1974, son président Jean-Marie Le Pen choisit la lutte contre l’immigration comme priorité. En 1983, première victoire électorale d’importance : Jean-Pierre Stirbois, secrétaire général du FN, obtient 16,7 % au premier tour des municipales à Dreux (Eure-et-Loir) et s’allie à la droite au second. De 1992 à 1998, le parti prend les villes de Toulon (Var), Marignane (Bouches-du-Rhône) et Orange (Vaucluse).

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Arrive ensuite le coup de tonnerre de 2002 : Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac avec 16,86 % des suffrages. A la tête du parti depuis janvier 2011, Marine Le Pen, avec une stratégie de “normalisation” mettant en avant les questions sociales, monte à 17,9 % à la présidentielle de 2012, après le mauvais score de son père en 2007 (10,44 %). Marine Le Pen veut symboliser la “mue” du FN en un “parti de gouvernement” et d’alliances et il devient le Rassemblement national (RN) en 2018. Résultat : une première place aux Européennes de 2019, avec 23,3 % des voix.

Anciennement Front national, le Rassemblement national a connu une progression très forte depuis 2012.

39 candidats RN élus dès le premier tour

En 2024, 39 candidats soutenus par le Rassemblement national ont été élus députés dès le premier tour, dont Marine Le Pen (plus de 58 % des voix dans le Pas-de-Calais), Sébastien Chenu ou Julien Odoul, une première pour le parti lepéniste qui comptait 88 députés lors de la précédente législature. De son côté, le Nouveau Front populaire compte 32 candidats élus députés dès le premier tour, selon les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur compilés par l’AFP. Dans le détail, les Insoumis envoient 20 députés, les socialistes cinq, les Ecologistes cinq également, et les communistes deux.

Du côté de la France insoumise, plusieurs responsables ont été réélus, comme son coordinateur, Manuel Bompard, à Marseille, ou la présidente de son groupe parlementaire, Mathilde Panot, dans le Val-de-Marne. Par ailleurs, le patron des socialistes, Olivier Faure, est également réélu facilement en Seine-Maritime (53 %), comme l’Ecologiste Sandrine Rousseau dans la 9e circonscription de Paris (52 %)

Marine Le Pen, Manuel Bompard…. Plusieurs piliers du RN et de la gauche réélus au première tour.

Enfin, ce sont plus de 300 circonscriptions en situation de triangulaire – voire de quadrangulaire dans une poignée de cas. François Ruffin se retrouve en ballottage défavorable dans la Somme et pourrait devoir son salut au désistement de la candidate “Ensemble pour la République”, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, arrivé en tête du premier tour dans sa circonscription de Tourcoing (Nord), fera face à deux adversaires au second tour, un RN et une candidate du Nouveau Front populaire. Les candidats encore en lice ont jusqu’à mardi 18 heures pour décider de se maintenir, ou pas.