Législatives : au moins une centaine de désistements avant le second tour pour contrer le RN

Législatives : au moins une centaine de désistements avant le second tour pour contrer le RN

Le Rassemblement national, allié à Eric Ciotti, domine le premier tour des législatives avec 33,1 % des voix, devant le Nouveau Front populaire (28 %). De son côté, Ensemble, la coalition présidentielle, a réuni 20 % des voix. La gauche a appelé ses candidats arrivés en troisième position à faire barrage à l’extrême droite en se retirant, tandis que la majorité présidentielle se divise sur son attitude face aux candidats issus de La France insoumise. Pour Gabriel Attal, Premier ministre, : “Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national” lors du second tour des élections législatives.

Les infos à retenir

⇒ A l’étranger, Donald Tusk se montre inquiet, Giorgia Meloni satisfaite

⇒ Mélenchon d’accord avec Bardella pour un débat mais écarte sa propre participation

⇒ Si le RN “trouve des soutiens”, Sébastien Chenu n’exclut pas de gouverner même en cas de majorité relative

Au moins une centaine de désistements avant le second tour

Une centaine de candidats de gauche ou macronistes qualifiés pour le deuxième tour des législatives se sont déjà désistés lundi afin de contrer le Rassemblement national, selon un décompte provisoire de l’AFP communiqué peu avant 17h.

Ces candidats sont engagés dans des triangulaires et sont arrivés en troisième position. Parmi ceux-ci, figurent à ce stade une majorité de représentants de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire, ou encore trois ministres (Sabrina Agresti-Roubache, Marie Guévenoux, Fadila Khattabi).

Giorgia Meloni estime que la “diabolisation” ne fonctionne plus

La Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est réjouie du fait que la diabolisation de l’extrême droite n’opère plus, selon elle, au lendemain du premier tour des élections législatives.

“La tentative constante de diaboliser les gens qui ne votent pas à gauche (…) est un piège dans lequel tombent de moins en moins de gens”, a déclaré la cheffe du parti post-fasciste Fratelli d’Italia à l’agence Adnkronos. “Nous l’avons observé en Italie, on le voit de plus en plus en Europe et dans tout l’Occident”.

Donald Tusk s’inquiète d’un “grand danger” pour la France

Le résultat du premier tour des législatives françaises anticipées s’inscrit dans “une tendance dangereuse” pour la France et pour l’Europe, a estimé lundi le Premier ministre polonais Donald Tusk, évoquant le contexte d’une montée des droites radicales en Europe et l’influence russe au sein de ces partis.

“Cela commence vraiment à ressembler à un grand danger. Non seulement les résultats du premier tour des élections françaises (mais aussi) les informations sur l’influence russe, et des services russes, dans de nombreux partis radicaux de droite en Europe”, a déclaré M. Tusk à la presse à Rzeszow (sud-est), près de la frontière avec l’Ukraine. C’est “un signe lisible de ce qui se passe non seulement en France mais aussi dans d’autres pays, y compris en Europe occidentale”, a-t-il ajouté, sans préciser de quels pays il parlait.

L’ancien chef du Conseil européen a parlé d'”une tendance dangereuse” et des craintes sur le continent que “la France puisse devenir bientôt l’homme malade de l’Europe, condamnée à une confrontation entre les forces radicales”.

Mélenchon d’accord avec Bardella pour un débat mais écarte sa propre participation

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon s’est dit lundi d’accord avec Jordan Bardella sur la nécessité d’un débat entre les deux formations politiques, mais a écarté sa propre participation, renvoyant vers les dirigeants de LFI.

“Monsieur Bardella a raison, il y a besoin d’un débat entre les deux projets pour les Français. Le candidat du Nouveau Front Populaire pour la primature n’a pas été désigné”, a-t-il écrit, en demandant au président du RN de solliciter pour un tel débat d’autres dirigeants de LFI, comme Manuel Bompard, Mathilde Panot, ou Clémence Guetté. La cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, a immédiatement fait savoir de son côté qu’elle était prête elle aussi à affronter Jordan Bardella, au nom du Nouveau Front populaire. “Nous nous sommes réparti les débats au sein du Nouveau Front populaire. Après Manuel Bompard et Olivier Faure, c’est à mon tour de représenter notre coalition au 3e débat. Dois-je comprendre que vous n’osez pas débattre avec moi?”, a-t-elle écrit sur X.

Monsieur Bardella a raison, il y a besoin d’un débat entre les deux projets pour les Français. Le candidat du Nouveau Front Populaire pour la primature n’a pas été désigné. Il doit donc s’adresser aux insoumis, premier mouvement en nombre d’élus au premier tour du Nouveau Front…

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) July 1, 2024

Plus tôt ce lundi, le président du RN et candidat à Matignon Jordan Bardella s’était dit “prêt à débattre avec Jean-Luc Mélenchon”, expliquant qu'”après ce premier tour, deux choix s’offrent aux français. Soit l’alliance du pire et l’extrême gauche au pouvoir. Soit l’Union nationale, la République et ses valeurs”.

Olivier Faure refuse d’être “le supplétif d’une majorité en déroute”

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a refusé lundi d’être “le supplétif d’une majorité en déroute”, posant ses conditions pour une éventuelle “majorité de projets” des “forces républicaines”, à laquelle a appelé dimanche le Premier ministre Gabriel Attal.

“Comment pourrais-je aujourd’hui considérer que je pourrais accepter d’être le supplétif d’une majorité en déroute? Comment pourrais-je accepter l’idée que Attal se maintienne à Matignon”, a lancé Olivier Faure sur franceinfo. “Il y a un programme qui a été non pas plébiscité, parce que nous n’avons pas été les premiers, mais qui est largement devant celui de la majorité actuelle”, souligne-t-il, en évoquant le programme du Nouveau Front populaire.

Tondelier fustige Le Maire et un “comportement de lâche”

Sur France inter, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes, s’est dite “atterrée” des propos de Bruno Le Maire qui a appelé, dans les circonscriptions où il n’y a pas de candidat Renaissance au deuxième tour, à “voter pour un candidat du camp social-démocrate”, tout en excluant La France insoumise. “Il se trompe de problème”, a-t-elle dit, déplorant “un comportement de lâche et de privilégié”. Les électeurs de gauche et écologistes sont moins sectaires et moins lâches que ça”, a-t-elle poursuivi.

“On s’en fout de Jean-Luc Mélenchon, ce qui compte c’est le quotidien des Français”, a insisté Marine Tondelier, soulignant les risques d’une arrivée du RN au pouvoir pour les femmes, les personnes LGBT +, les personnes racisées.

Le RN et ses alliés en tête dans plus de la moitié des triangulaires potentielles

Clef du second tour des législatives, 310 circonscriptions sont dans une situation potentielle de triangulaire – voire quandrangulaire – dont 161 où le Rassemblement national et ses alliés d’extrême droite sont arrivés en tête, ce qui devrait entraîner de nombreux désistements à gauche et dans le camp macroniste. Le résultat du scrutin se joue en grande partie d’ici à mardi 18 heures, échéance fixée aux candidats pour décider de se maintenir ou de se retirer.

En particulier dans les 305 circonscriptions où trois concurrents peuvent se maintenir, et les cinq autres où quatre prétendants sont qualifiés. Or dans plus de la moitié de ces territoires, l’extrême droite s’est placée en première position, le plus souvent sous l’étiquette RN (134 candidats) et dans les autres cas d’un parti allié (27 candidats), selon un décompte de l’AFP à partir des chiffres du ministère de l’Intérieur.

Dans ce cas de figure, les consignes sont claires à gauche : les candidats du Nouveau Front populaire arrivés troisièmes sont censés se désister au profit du deuxième, quel que soit son profil. Ce cas de figure concerne 90 circonscriptions, où la gauche devrait a priori s’effacer, dans la plupart des cas au profit de la coalition Ensemble pour la République (63) ou d’un candidat LR (14).

Mais dans 62 autres cas, le Nouveau Front populaire est sur la deuxième marche du podium, devant le camp macroniste. Dans cette configuration, la tendance est plutôt à un désistement des candidats Ensemble et Horizons concernés, mais la ligne n’est pas clairement arrêtée, en particulier si cela ouvre la voie à des duels entre RN et LFI.

Les marchés soulagés après le premier tour des législatives

Les Bourses européennes rebondissent ce lundi, et l’euro monte, après le premier tour des élections législatives en France, qui réduit, pour les marchés, la probabilité que le Rassemblement national obtienne une majorité absolue à l’Assemblée nationale. “Le risque d’un changement radical de politique en France s’est amenuisé et le soupir de soulagement sur les marchés boursiers se fait clairement sentir ce matin”, commente Jochen Stanzl, analyste de marché chez CMC Markets.

La Bourse de Paris bondissait de 2,06 % ce matin Francfort gagnait 0,37 % et Londres 0,35 %. Sur le marché des changes, la monnaie unique européenne gagnait 0,42 % face au billet vert, à 1,0780 dollar pour un euro, porté par le scénario “selon lequel le Rassemblement national pourrait ne pas obtenir une majorité absolue au second tour”, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

Désistements : Chenu (RN) assure “avoir reçu un certain nombre d’appels de députés, y compris de la majorité”

“On n’est pas là pour essayer d’avoir des sièges, des places. Si c’est pour être ministre pendant trois mois, ne rien pouvoir faire avancer, ne pas pouvoir faire avancer une seule loi, parce qu’à l’Assemblée nationale, tout est bloqué, ça ne vaut pas le coup”, a estimé, sur France 2, Sébastien Chenu, député (RN) du Nord réélu dès hier. Mais il s’est toutefois déclaré favorable aux alliances si le RN décroche une majorité relative à l’Assemblée nationale au second tour. “S’il y a la capacité à trouver des soutiens [d’autres partis], nous assumerons cette responsabilité devant les Français”, fait-il savoir.

Ce poids lourd du RN a assuré “avoir reçu un certain nombre d’appels de députés, y compris de la majorité, qui ne devraient leur salut qu’à la position du Rassemblement national, qui dans certaines circonscriptions est arrivé troisième, et qui nous supplient évidemment de faire barrage à Jean-Luc Mélenchon”. Sébastien Chenu a affirmé que le bureau exécutif de son parti allait se prononcer sur cette question des désistements.

🔴🗣️ INFO. Sébastien Chenu annonce que si le RN obtient une majorité relative mais qu’il trouve assez de soutiens, il gouvernera : “S’il y en a assez, nous assumerons nos responsabilités devant les Français” #Les4V #ElectionsLegislatives2024 @sebchenu pic.twitter.com/qqelimXdqb

— Telematin (@telematin) July 1, 2024

Bruno Le Maire reconnaît “une défaite pour notre camp”

“C’est une défaite pour notre majorité, pour notre camp”, reconnaît Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, sur France Inter. “C’est un moment historique, de recomposition des forces politiques dans notre pays”, a-t-il poursuivi, regrettant le choix de “millions d’électeurs qui savent parfaitement que le RN est un danger pour notre nation et n’apporte aucune des réponses nécessaires aux grandes questions de nos compatriotes”. Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.

Concernant la certaine latitude des consignes de vote pour le second tour au sein du camp présidentiel, Bruno Le Maire a appelé, dans les circonscriptions où il n’y a pas de candidat Renaissance au deuxième tour, à “voter pour un candidat du camp social-démocrate”, soit “un représentant du Parti socialiste, du Parti communiste ou des Verts”. Avant d’ajouter : “Je ne vote pas pour La France insoumise.”

Si Bruno Le Maire dit ne pas mettre “de signe égal entre La France insoumise et le Rassemblement national”, il assure” que “La France Insoumise est un danger pour la nation, comme le Rassemblement national est un danger pour la République “.

Mathilde Panot (LFI) croit à une majorité du Nouveau Front populaire à l’Assemblée

Invitée sur France 2 ce matin, Mathilde Panot (LFI), députée du Val-de-Marne réélue dès le premier tour dimanche, a estimé que “la Macronie a [vait] été sévèrement battue par une colère populaire, qui a vaincu et battu ceux qui avaient notamment imposé la retraite à 64 ans”. Selon cette proche de Jean-Luc Mélenchon, “dans la semaine qui vient, le choix qui s’offre au peuple français, c’est soit une majorité pour l’extrême droite, soit une majorité pour le Nouveau Front populaire. Et je veux dire que c’est possible”.

LR : une des vice-présidentes critique le refus de donner des consignes de vote

Invitée sur France Inter ce lundi 1er juillet, Virginie Duby-Muller, l’une des vice-présidentes des Républicains (LR), qui a été réélue dans la quatrième circonscription de Haute-Savoie, a critiqué le refus de sa formation de donner des consignes de vote ou bien de désistement pour le second tour. “Je ne comprends pas pourquoi notre famille politique n’a pas fait ce choix au niveau des états-majors”, qui regrette aussi que “notre image a été abîmée à cause d’Éric Ciotti”.

Macron et le RN : l’histoire d’un rempart devenu simple spectateur

Le camp présidentiel a enregistré ce dimanche 30 juin une lourde défaite au premier tour des législatives. Le bloc central est relégué derrière le RN et la gauche.

“Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national”, dit Attal

“Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national” au second tour des élections législatives, a affirmé dimanche soir le Premier ministre et chef de la majorité sortante, Gabriel Attal, depuis l’hôtel Matignon. “La leçon de ce soir, c’est que l’extrême droite est aux portes du pouvoir” et “donc notre objectif est clair : empêcher le Rassemblement national d’avoir une majorité absolue au second tour”, a-t-il déclaré, en dénonçant le “projet funeste” du parti lepéniste.

Gabriel Attal, qui mène la campagne de son camp, a appelé au “désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République”, sans en préciser le nombre.

A Paris, la gauche renforcée, le PS retrouve un siège

A Paris, la gauche est sortie renforcée du premier tour des élections législatives, envoyant d’entrée neuf députés à l’Assemblée nationale, dont le premier adjoint PS Emmanuel Grégoire, et arrivant en tête dans 13 des 18 circonscriptions. C’est un carton plein : sur les 18 circonscriptions de la capitale, la moitié (9) a vu les candidats du Nouveau Front Populaire élus dès le premier tour.

Il s’agit, sans surprise, de celles situées dans l’Est parisien, bastion de la gauche où LFI s’était taillé la part du lion en 2022, avec six députés sur neuf de gauche. Tous (Aymeric Caron, Danièle Obono, Sarah Legrain, Sophia Chikirou et Rodrigo Arenas) ont été réélus, à l’exception de la dissidente Danielle Simonnet, en ballottage favorable.

Par ailleurs, la gauche garde la Seine-Saint-Denis avec les réélections dès le premier tour de six de ses députés, dont les figures Clémentine Autain (62,65 %), Eric Coquerel (65,28 %) et Stéphane Peu (71,8 %). Les dissidents Raquel Garrido (5e) et Alexis Corbière (7e), personnalités historiques du parti LFI mais non investis par le mouvement du Nouveau Front populaire (NFP), sont tous les deux qualifiés pour le second tour

Attal qualifié, plusieurs ministres en triangulaires

Le Premier ministre Gabriel Attal est arrivé en tête du premier tour des législatives dans les Hauts-de-Seine, dans l’ouest de Paris, comme plusieurs de ses ministres, dont beaucoup participeront à des triangulaires.

Deux ministres et députées sortantes – Sabrina Agresti-Roubache et Marie Guévenoux – ont annoncé se désister après être arrivées troisième dans leurs circonscriptions, respectivement à Marseille et dans l’Essonne, appelant clairement à voter contre le RN. L’ancien ministre Clément Beaune a, lui, été éliminé dès le premier tour face au candidat NFP Emmanuel Grégoire, adjoint à la mairie de Paris.

L’ex-Première ministre, Elisabeth Borne, s’est elle aussi qualifiée dans la 6e circonscription du Calvados, avec 28,93 % des voix, mais derrière le candidat RN Nicolas Carbrix (36,26 %). Le candidat NFP Noé Gauchard (23,16 %), en mesure de se maintenir, a annoncé qu’il se désistait. La présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, est arrivée en tête avec 42,90 % des voix dans la 5e circonscription des Yvelines, devant le candidat du NFP Yassine Benyettou (27,32 %) et le candidat LR-RN Jacques Myard (22,90 %). De son côté, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est arrivé en tête dans la 10e circonscription du Nord devant le RN, avec 36,03 % des voix.