Législatives : en Haute-Loire, Wauquiez contraint de batailler face au RN

Législatives : en Haute-Loire, Wauquiez contraint de batailler face au RN

Pour décor : Notre-Dame de France et la cathédrale du Puy-en-Velay. En fond sonore, aucun militant. Sur les coups de 21 heures, Laurent Wauquiez a prononcé un bref discours depuis son fief, au Puy-en-Velay, la préfecture de la Haute-Loire. Trois minutes, pour désigner un adversaire : le candidat du RN, Alexandre Heuzey, arrivé deuxième. “Les habitants de la Loire se sont exprimés, choisissant la clarté des convictions et la force de l’enracinement face à un candidat parachuté”, a-t-il déclaré. Alexandre Heuzey, administrateur au Parlement européen et originaire de la Haute-Garonne, n’avait pas de lien avec la Haute-Loire avant ce scrutin.

Si la première étape est franchie pour Laurent Wauquiez, rien n’est encore gagné pour lui. Candidat surprise dans la 1ère circonscription de Haute-Loire, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes est qualifié pour le second tour des élections législatives. Avec 36,88 % des voix, il devance Alexandre Heuzey (34,88 %), qu’il devra affronter dans une semaine. La candidate Nouveau Front populaire, l’écologiste Celline Gacon, obtient 18,04 % des voix et, si elle se maintient, se qualifie pour une triangulaire.

Un parti affaibli

Dans son discours, Laurent Wauquiez a annoncé rester “élu régional” en cas de victoire aux législatives. Expliquant vouloir “veiller sur les services de proximité”, “favoriser l’ordre public”, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a mis l’accent sur des arguments de campagne ultra-locaux, en réponse à un adversaire “venu de Nice, travaillant à Bruxelles et n’ayant même pas pu voter dans la circonscription aujourd’hui”.

Laurent Wauquiez s’est ensuite éclipsé furtivement. Ce premier tour est amer pour l’ex-président des LR qui, s’il conserve la tête dans son fief, est néanmoins talonné par le candidat RN. Lors de ces législatives surprises, l’homme joue une partie de son avenir politique. Une victoire pourrait lui permettre de revenir à l’Assemblée nationale. Cinq ans après sa démission de la présidence LR, une défaite serait, au contraire, un désaveu. Pour l’instant, il fait partie des rares candidats de droite qualifié pour le second tour. Selon les premières estimations, le parti n’obtiendrait que 10 % des suffrages, contre 10,42 % en 2022. Le parti, affaibli, est aussi grandement divisé, alors qu’Eric Ciotti, son président, a annoncé une alliance avec le RN lors de ces élections législatives. “Tout est ouvert désormais”, a déclaré pour sa part Alexandre Heuzey, assurant avoir bénéficié de “l’élan RN des européennes”. “Il faut que les gens prennent conscience que c’est une élection nationale, et qu’ils peuvent avoir un député issu de la future majorité à l’Assemblée”, a-t-il poursuivi.

“C’est une triangulaire”

S’il a largement ciblé son adversaire du Rassemblement national, Laurent Wauquiez n’a pas mentionné la candidate du Nouveau Front populaire, Céline Gacon, pourtant qualifiée à cette heure pour le second tour. “C’est une triangulaire ce soir, malgré ce qu’annonce M. Wauquiez”, s’est-elle agacée. Pour l’instant, la candidate du NFP ne s’est pas retirée, expliquant attendre la fin “des concertations au niveau local et national” pour annoncer sa décision. “J’attends également un coup de fil de Marine Tondelier”, a-t-elle expliqué, semblant ensuite ouvrir la porte à un désistement pour contrer le Rassemblement national : “Une chose est sûre : nous sommes tous républicains”.

Les éventuelles consignes de vote pour le second tour sont en effet suspendues à la décision du Nouveau Front populaire. “Dans l’hypothèse où il y aurait une triangulaire, les altigériens décideront. Ils ont le droit de penser ce qu’ils veulent”, a déclaré Cécile Gallien, candidate Ensemble. Eliminée au premier tour, la candidate de la majorité présidentielle a recueilli 9,44 % des voix. “Ce n’est pas avec mes moins de 10 % que je vais influencer le scrutin, a-t-elle expliqué. Mais ce résultat ne m’étonne pas : tous les discours populistes locaux et nationaux alimentent ce vote d’extrême droite”. L’élue, maire de Vorey-sur-Arzon, voit le Rassemblement national arriver premier dans sa commune. “Je ne suis pas surprise, mais je suis triste”, a-t-elle poursuivi, s’inquiétant “des violences qui pourraient arriver le soir du 7 juillet”.