Législatives : la barre des deux millions de procurations franchie

Législatives : la barre des deux millions de procurations franchie

A trois jours des élections législatives anticipées, un second débat télévisé doit avoir lieu ce jeudi 27 juin au soir sur France 2. A l’approche du premier acte, les partis de gauche se sont ralliés, mercredi, à l’idée de désistements au second tour pour faire barrage au Rassemblement national, de plus en plus confiant dans sa victoire et qui a émis un avertissement sur la répartition des pouvoirs sur la défense et la diplomatie en cas de cohabitation. De son côté, le président du Sénat Gérard Larcher s’est alarmé “du risque de crise institutionnelle” en France, dans un entretien au Parisien.

Les infos à retenir

⇒ François Bayrou estime que Marine Le Pen met “en cause” la Constitution

⇒ Eric Ciotti compte sur des députés LR si le RN n’obtient pas la majorité

⇒ Pour Gérard Larcher, “Emmanuel Macron ratatine la démocratie”

La barre des deux millions de procurations franchie

La barre des deux millions de procurations pour participer aux scrutins des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet a été franchie mercredi soir, a-t-on appris jeudi auprès du ministère de l’Intérieur. Au plan national, à la date du 26 juin inclus (J-4 avant le 1er tour du scrutin), le ministère a comptabilisé “2.124.918 procurations établies depuis le 10 juin”.

“Entre le 10 et le 26 juin, le taux de dématérialisation s’établit à désormais 77%”, a poursuivi le ministère, ajoutant que “par rapport aux élections législatives de 2022, entre J-20 et J-4 avant le 1er tour, 5,1 fois plus de procurations” ont été comptabilisées. Les différents instituts de sondage font état dans leurs études d’une forte participation attendue pour les législatives, au delà des 60%, quand elle s’est établie à 47,8% lors des précédentes de 2022.

Chef des armées “honorifique” : Bayrou estime que Le Pen met “en cause” la Constitution”

Le président du Modem, François Bayrou, a estimé jeudi que Marine Le Pen avait mis “en cause profondément la Constitution” en jugeant que chef des armées n’était qu'”un titre honorifique” pour le président de la République.

“Si vous prétendez que celui qui nomme aux emplois civils et militaires de l’État, celui qui préside les conseils de défense, celui dont la Constitution dit en toutes lettres qu’il est le chef des armées, si vous prétendez que ce n’est pas vrai, que ce serait des titres pour faire joli, alors vous mettez en cause profondément la Constitution”, a affirmé l’allié d’Emmanuel Macron sur Europe1-Cnews, jugeant cette déclaration “extrêmement grave”.

Ciotti compte sur des députés LR si le RN n’obtient pas la majorité

Éric Ciotti s’est déclaré mercredi persuadé que des députés LR le rejoindraient si le RN et sa formation n’obtiennent pas la majorité absolue. “Oui, bien sûr, je pense qu’il y en a qui nous rejoindrons, qui ne se tromperont pas de combat”, a affirmé sur CNews Éric Ciotti, interrogé sur la possibilité que des députés de droite lui apportent leur soutien si le RN n’obtenait pas la majorité aux législatives.

“Je n’imagine pas que certains de mes amis rejoignent une coalition qui comprendrait des communistes, des socialistes et les amis de madame Sandrine Rousseau”, a affirmé celui que la direction de LR tente d’exclure de la présidence du parti depuis son alliance avec le RN.

Gérard Larcher appelle à une solution pour sortir de la crise

Il semble avoir toujours en travers de la gorge le coup de fil d'”une minute trente” d’Emmanuel Macron, le dimanche 9 juin, pour l’avertir de sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Le président du Sénat Gérard Larcher, qui avait déjà dit, mardi, craindre une “crise institutionnelle” tacle à nouveau le Président Emmanuel Macron, l’accusant de “ratatiner la démocratie” et de jouer avec le feu, dans un entretien au Parisien publié ce mercredi 26 juin.

“Il y a une fracture incroyable dans notre pays […] J’en appelle à la responsabilité : est-ce que le président de la République peut laisser la fin de la campagne se dérouler sans souffler sur les braises tous les deux jours par une déclaration ?”, s’inquiète le président du Sénat, qui appelle le chef de l’Etat à trouver une solution pour sortir de la crise qu’il a lui-même déclenchée

“Je ne crois pas qu’un président devrait sous-entendre publiquement, en pleine crise, qu’il ne tiendrait pas le pays si les Français votaient pour les extrêmes.” Gérard Larcher prévient quant à lui qu’en cas de duel RN – Nouveau Front populaire, il votera blanc.

“Pas de doctrine” pour le second tour dit Gabriel Attal

Face aux sondages toujours favorables au RN, le second tour du 7 juillet est déjà dans toutes les têtes : lorsqu’un candidat républicain sera opposé à un candidat du Rassemblement national, EELV et le PS soutiendront le candidat républicain, ont-ils annoncé mardi 26 juin.

“Nous le ferons sans aucune attente, sans aucune contrepartie attendue”, a renchéri le patron du PS, Olivier Faure, au 20 heures de TF1, en invitant les macronistes à “rendre la pareille” des appels au vote Macron qu’il avait lancé aux seconds tours des deux dernières présidentielles.

“Il n’y a pas eu encore de premier tour donc, par définition, il n’y a pas de doctrine”, leur a indirectement répondu le Premier ministre Gabriel Attal, en marge d’un déplacement à Parçay-Meslay (Indre-et-Loire).

Mardi, le chef de l’Etat et les cadres de sa majorité avaient semblé se diriger vers un mot d’ordre “ni RN, ni LFI” lors d’une visioconférence, distinguant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon des autres partis de l’alliance de gauche. Un participant a toutefois assuré que le président n’avait pas “tranché”.

Le patron d’Horizons, Edouard Philippe, a pour sa part réservé sa position au soir et au lendemain du premier tour, en disant espérer qu’un “espace central”, incluant une partie de la gauche et de la droite, s’impose comme “une alternative” à la “tenaille” entre RN et LFI.

LFI donnera des consignes “au cas par cas”

Mais à gauche, la stratégie de second tour a donné lieu également à quelques hésitations. Les Insoumis verront “au cas par cas”, a prévenu l’eurodéputée LFI Manon Aubry avant que le leader du mouvement Jean-Luc Mélenchon ne se montre plus catégorique.

“Jamais aucun électeur Insoumis, j’en suis certain, ne donnera sa voix au Rassemblement national. Et nous leur dirons que personne n’a à faire cette bêtise, quel que soit son motif”, a-t-il déclaré sur LCI, en précisant que des consignes de vote seraient données dimanche soir après le premier tour de scrutin.

Le PCF se désistera au second tour quand un candidat RN risque d’être élu

Les candidats du Parti communiste français aux élections législatives anticipées se désisteront au second tour au profit d’un “candidat républicain” en cas de possibilité de victoire du Rassemblement national, a annoncé jeudi le PCF dans un communiqué.

Nouveau débat télévisé ce jeudi soir

Après un premier face-à-face mardi 25 juin, le deuxième et dernier débat avant le premier tour se tiendra sur France 2 ce jeudi 27 juin au soir. Du côté de la majorité et du Rassemblement national, le casting ne change pas : ce seront toujours Gabriel Attal et Jordan Bardella qui viendront défendre leur mouvement. Après Manuel Bompard (LFI), ce sera cette fois-ci à Olivier Faure (PS) de venir défendre la candidature du Nouveau Front Populaire.

Le RN toujours en tête des sondages

Stables : les intentions de vote pour les candidats du Rassemblement national (36 %), l’alliance de gauche Nouveau Front populaire (28,5 %) et la majorité présidentielle macroniste (21 %) au premier tour des législatives n’ont pas varié depuis mardi, selon le sondage quotidien réalisé par Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio.

Une autre enquête, menée par Harris Interactive – Toluna pour Challenges, M6 et RTL, donne des scores comparables : 37 % pour les lepénistes, 27 % pour le NFP et 21 % pour la macronie, les deux premiers étant stables en deux jours, la dernière gagnant un point.