Législatives : la gauche se rebiffe contre Mélenchon, Macron se livre dans un podcast

Législatives : la gauche se rebiffe contre Mélenchon, Macron se livre dans un podcast

21 h 02, dimanche 9 juin. La France bascule dans un inconnu vertigineux, après l’annonce présidentielle de la dissolution de l’Assemblée nationale. Depuis, la campagne bat son plein afin d’élire les 577 députés qui composeront l’Assemblée nationale et qui dessineront la future majorité qui gouvernera le pays. Ce lundi 24 juin, Jordan Bardella a présenté les contours du programme du Rassemblement national. Le PS, le PCF et les écologistes ont de nouveau écarté l’hypothèse Mélenchon Premier ministre, que ce dernier continue pourtant d’entretenir. Gabriel Attal et Jordan Bardella insistent quant à eux pour débattre avec l’ex-candidat à l’élection présidentielle, tandis qu’Emmanuel Macron assure s’en remettre à la “responsabilité” des Français.

La présentation du jour : le RN détaille son programme électoral

Marine Le Pen, Sébastien Chenu ou encore… Eric Ciotti. Les cadres du Rassemblement national – et leurs nouveaux alliés – étaient tous présents ce lundi 24 juin pour suivre la présentation du programme de leur camp par leur candidat pour le poste de Premier ministre, Jordan Bardella.

Pas d’immense surprise lors de ces annonces : le président du RN s’est surtout efforcé à vouloir apporter un peu de clarté à un programme qui apparaissait chaque jour amputé d’une mesure différente. Jordan Bardella a notamment insisté sur l’immigration, assurant vouloir supprimer le droit du sol, restreindre le regroupement familial, ou encore interdire que “les postes les plus stratégiques de l’Etat” puissent être octroyés à des citoyens binationaux. Il a également assuré vouloir “convaincre le président de la République” de tenir un référendum pour modifier la Constitution à propos de l’immigration, une des mesures phares du programme présidentiel du RN en 2022.

Sur l’école, Jordan Bardella a promis “un big bang de l’autorité dès la rentrée de septembre”, promettant le retour de l’uniforme, l’interdiction des téléphones portables ou encore l’imposition du vouvoiement. Quant aux retraites, le président du RN a assuré vouloir “clarifier la position” de son camp, promettant le retour de la retraite à 60 ans “dès l’automne” pour certains Français touchés par “les carrières longues”, et un “calendrier progressif” qui sera mis en œuvre pour les autres par “un retour à un départ à 62 ans avec 42 annuités”.

Au-delà des différentes mesures proposées, que L’Express a détaillées ici, Jordan Bardella l’a de nouveau assuré : sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, il refusera de devenir Premier ministre, expliquant ne pas vouloir aller “15 jours” à Matignon par “gloire personnelle”. De quoi entretenir de vraies interrogations sur l’avenir du pays si le RN venait à arriver en tête des élections avec une étroite majorité relative.

La riposte du jour : la gauche hors-LFI ne veut pas de Mélenchon Premier ministre

Il n’y a pas que les opposants au Nouveau Front populaire qui prennent la perspective de voir Jean-Luc Mélenchon à Matignon très au sérieux. Les patrons du Parti Socialiste et du Parti communiste français, Olivier Faure et Fabien Roussel, ont publié ce lundi après-midi le même message sur X (ex-Twitter), à seulement quelques secondes d’intervalle. “Le Front populaire appartient à toutes celles et ceux qui refusent d’abandonner la France à l’extrême droite. Personne ne peut s’autoproclamer Premier Ministre. Les députés du Nouveau Front populaire en lien avec leurs partis, choisiront la personnalité qui fait consensus pour rassembler le pays”, ont-ils ainsi écrit. Le destinataire se reconnaîtra sans trop de doutes.

Marine Tondelier, la patronne des Ecologistes, s’est voulue encore plus ferme auprès de l’AFP. Selon elle, Jean-Luc Mélenchon “n’est pas le leader du Nouveau Front populaire et il ne sera pas Premier ministre”. Au sein des principales forces politiques qui composent l’alliance, le PS, LFI, le PCF et les Ecologistes, “il y a un accord pour dire que le Premier ministre devra être trouvé au consensus parmi les différentes forces politiques”, affirme Marine Tondelier, qui précise que le candidat devra convenir aux quatre partis.

L’appel du jour : Attal et Bardella veulent voir Mélenchon débattre

Un “débat de candidats au poste de Premier ministre”. Après Gabriel Attal, Jordan Bardella a également appelé Jean-Luc Mélenchon à participer au premier grand débat de ces élections législatives, qui se tiendra ce mardi soir sur l’antenne de TF1. “J’invite Jean-Luc Mélenchon à participer” et “à ne pas avancer masqué”, a assuré le président du Rassemblement national qui sera présent en plateau, tout comme le Premier ministre sortant, pour représenter leurs camps respectifs.

Le Nouveau Front populaire s’est en effet réparti les débats qui doivent avoir lieu d’ici au second tour des législatives : Manuel Bompard (LFI) sera sur TF1 ce mardi, et Olivier Faure (PS) sur France 2 ce jeudi. Puis, Marine Tondelier (Ecologistes) et Fabien Roussel (PCF) représenteront l’alliance de gauche sur BFM TV et sur CNews, pour des débats qui devraient se tenir entre le premier et le second tour.

Et donc… pas de Jean-Luc Mélenchon, qui multiplie les interventions médiatiques ces derniers jours. Et qui surtout, ne ferme pas la porte à une possible nomination à Matignon en cas de victoire du Nouveau Front populaire, malgré la ferme réprobation de plusieurs de ses partenaires à gauche. J’ai “l’intention de gouverner ce pays ” a-t-il encore affirmé ce samedi, rappelant que “je ne m’élimine pas et je ne m’impose pas. Je pense que c’est une formule qui est assez respectueuse du collectif”.

“Jean-Luc Mélenchon, c’est très clair, serait le Premier ministre de la France si la coalition Nupes qu’il dirige venait à gagner les élections législatives. Et moi je l’invite à venir débattre demain soir”, a de nouveau assuré Gabriel Attal ce lundi. Proposition déclinée par le principal intéressé sur X. “Monsieur Attal, vous êtes à votre poste du fait de la faveur du prince. Quant à nous, notre prochain premier ministre sera proposé par le groupe parlementaire le plus nombreux en concertation, APRÈS les élections. Les chefs de nos partis nous représentent d’ici-là. Vous êtes un individu isolé au poste en sursis”. Si le message à Gabriel Attal est clair, la manière de désigner le potentiel Premier ministre au sein du Nouveau Front populaire l’est beaucoup moins.

Monsieur Attal, vous êtes à votre poste du fait de la faveur du prince. Quant à nous, notre prochain premier ministre sera proposé par le groupe parlementaire le plus nombreux en concertation, APRÈS les élections. Les chefs de nos partis nous représentent d’ici-là. Vous êtes un… https://t.co/RPl0zJ5ujN

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 24, 2024

La (nouvelle) parole présidentielle du jour : Macron assure ne pas faire de “pari”

Après une lettre aux Français, une intervention dans un podcast d’entrepreneurs, “Génération Do It Yourself”. Emmanuel Macron continue de s’investir pleinement dans ces élections législatives, en multipliant les canaux de diffusion pour défendre sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale et de replonger la France en campagne électorale. Le fondateur de ce podcast, Matthieu Stefani, promet “une séquence historique d’1h45”, sur laquelle “nous avons balayé beaucoup de sujets : l’éducation, la sécurité, la guerre, la polarisation de la société, les femmes, l’écologie, la santé”.

Dans un premier extrait publié ce lundi après-midi, le chef de l’Etat persiste notamment sur son choix de dissoudre. “Le 9 juin, je sais ce que j’ai demandé à mes ministres, à ma majorité, à des députés qui parfois m’accompagnent depuis sept ans, qui ont changé leur vie pour être à mes côtés, et je les en remercie. Je leur ai dit : ‘il faut y retourner’. C’est très dur, et j’en ai conscience. Et beaucoup m’en veulent. Mais je l’ai fait, parce qu’il n’y a rien de plus grand et de plus juste dans une démocratie que la confiance dans le peuple”. Avant de continuer : “La question, c’est qui gouverne. Au-delà de votre colère – elle s’est exprimée, je l’ai entendue, et je vous redonne la parole – qu’est-ce que vous voulez ? Et donc, regardez les projets. Ça ne sera la faute de personne le soir du deuxième tour. Ce sera la responsabilité des Français. Et moi, ce n’est pas un pari, c’est une confiance”.

Les programmes des “deux extrêmes” mènent “à la guerre civile”, a poursuivi le chef de l’Etat Emmanuel Macron. “La réponse de l’extrême droite” en matière d’insécurité, “parce qu’elle renvoie les gens ou à une religion ou à une origine, c’est en ça qu’elle divise et qu’elle pousse à la guerre civile”, a dit le chef de l’Etat dans le podcast “Génération Do It Yourself”. En face, La France insoumise propose “une forme de communautarisme… un peu électoral”, “mais ça c’est aussi la guerre civile derrière, parce que c’est d’abord renvoyer des gens exclusivement à leur appartenance ou religieuse ou communautaire”, a-t-il ajouté.