Législatives, le récap’ : la stratégie du RN pour avoir la majorité absolue, l’appel des syndicats

Législatives, le récap’ : la stratégie du RN pour avoir la majorité absolue, l’appel des syndicats

21 h 02, dimanche 9 juin. La France bascule dans un inconnu vertigineux, après l’annonce présidentielle de la dissolution de l’Assemblée nationale. Depuis, la campagne bat son plein afin d’élire les 577 députés qui composeront l’Assemblée nationale et qui dessineront la future majorité qui gouvernera le pays.

Ce mardi 2 juillet, le Rassemblement national (RN) a été de nouveau embêté par ses vieux démons, une ministre macroniste qui s’accrochait a été priée de se retirer par Emmanuel Macron et Gabriel Attal, et Marine Le Pen se prépare à tracter pour réunir une majorité. Enfin, dans le continuum des appels aux désistements, plusieurs syndicats exhortent les électeurs à choisir le candidat en position de battre le parti à la flamme.

Le chiffre du jour : plus de 210 désistements

Ce mardi, le thermostat n’affichait qu’une vingtaine de degrés. Pourtant, le nombre de triangulaires a fondu comme neige au soleil. De l’ordre de 300 au soir du premier tour des élections législatives dimanche soir, il est désormais de 109. Une contraction qui était attendue après les appels tous azimuts au désistement. Peu après 18h, heure limite pour le dépôt des candidatures, l’AFP recensait 214 désistements pour contrer le RN.

À gauche, le NFP – hors LFI – avait pris de l’avance en appelant dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde à faire barrage au RN. Quitte à sacrifier certains candidats. Quelques minutes après les résultats du premier tour, Jean-Luc Mélenchon s’est mis au pas, recyclant son poncif des élections de 2022 : “Pas une voix au Rassemblement national.”

Mot d’ordre repris par un certain Gabriel Attal, qui a mis fin à plusieurs jours de langue de bois et de “ni-ni”. Le Premier ministre donne le mot d’ordre : les candidats de la majorité présidentielle dont le maintien en troisième position pourrait faire élire un député RN” doivent se désister.

La consigne vaut également pour les membres du gouvernement candidats dans leur circonscription. En bonnes élèves, la secrétaire d’Etat Sabrina Agresti-Roubache et les ministres Marie Guévenoux et Fadila Khattabi annoncent leur retrait dès lundi.

Parmi les membres du gouvernement, seule Dominique Faure, déléguée aux Collectivités territoriales, rechigne à renoncer à sa candidature. Une liberté qui n’a pas plu au couple exécutif : “Le président de la République et le Premier ministre m’ont demandé de retirer ma candidature au second tour”, a-t-elle déclaré ce mardi, jetant finalement l’éponge.

La stratégie du jour : comment Le Pen compte obtenir la majorité absolue…

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, Jordan Bardella itère : “Nous refuserons Matignon si les Français ne nous donnent pas de majorité absolue”. À moins que… “des députés, par exemple divers droite, divers gauche, quelques LR qui ont exprimé par le passé une proximité avec nous, nos options” acceptent de faire alliance avec le RN, évacue mine de rien Marine Le Pen au micro de France Inter ce mardi matin.

Ainsi, en cas de majorité relative de quelque 270 sièges, les cadres du RN iraient sonder les autres partis : “Est-ce que vous êtes prêts à participer avec nous d’une nouvelle majorité pour une nouvelle politique, oui ou non ? Est-ce que vous êtes prêts à voter la confiance ? Est-ce que vous êtes prêts à voter le budget ?”, égraine Marine Le Pen, qui confirme : “Si nous avons à ce moment-là une majorité, alors oui, bien entendu, nous irons faire ce pourquoi les électeurs nous ont élus”.

Le scandale du jour : une candidate RN arbore une casquette nazie

Il y a eu la présence à la marche contre l’antisémitisme le 12 novembre. Puis, les appels à soutenir les juifs de France, victimes de l’explosion de l’antisémitisme tout au long de la campagne des européennes. Dernièrement, l’adoubement de l’avocat et chasseur de nazi Serge Klarsfeld, pour qui le RN “soutient les juifs” : l’acmé d’années de dédiabolisation.

Comment pourrait-on dès lors penser que le Rassemblement national n’ait pas été expurgé de l’antisémitisme qui l’a si longtemps caractérisé ? En regardant du côté de ceux qui en revendiquent les couleurs, tout simplement. Petit zoom sur quelques candidats investis pour ces élections législatives : “Hitler n’en a peut-être pas tué assez” aurait lâché le maire de Cholet, candidat de l’alliance RN-Ciotti à propos des Tziganes. “Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah”, écrivait en 2018 Joseph Martin, candidat frontiste dans le Morbihan sur son compte X.

Lorsqu’il n’est pas clairement assumé, l’antisémitisme au RN se mêle à du complotisme. Ainsi en janvier 2022, Agnès Pageard (10e circonscription de Paris), écrivait : “On nous bassine avec Momo qui ne veut pas livrer de kebab casher. Mais que nos “élites” sodomisent leurs propres enfants c’est beaucoup plus grave. Momo n’a pas de pouvoir, les Lang, Attali, Finkielkraut, Duhamel, Kouchner, Fabius, Guigou, Cohn Bendit, BHL… oui”. En Côte d’Or, la frontiste Sophie Dumont insinue que le parti d’Eric Zemmour, Reconquête, serait financé par des juifs…

Mais une photographie mise à la lumière des réseaux sociaux hier n’est prétexte à aucun malentendu : dessus pose tout sourire la candidate RN de la première circonscription du Calvados, Ludivine Daoud, une casquette nazie vissée sur la tête… Le RN a beau montrer profil bas en écartant certains candidats gênants, et jurer s’être complètement lavé de son antisémitisme originel il en conserve dans ses rangs l’air et la chanson.

🚨Ludivine Daoudi, la candidate du RN sur la 1e circonscription du Calvados, est portée disparue depuis le début de la campagne.

Quand on regarde ses réseaux sociaux, on comprend mieux pourquoi.

Le 7 juillet, pas une seule voix pour ces immondes fascistes. pic.twitter.com/qRL8hwLZwm

— Emma Fourreau (@emma_frr) July 1, 2024

L’appel du jour : plusieurs syndicats exhortent à voter pour les candidats les mieux placés face au RN

Depuis dimanche soir, les appels à “faire barrage” au parti frontiste inondent médias et réseaux sociaux. Opposants, société civile, entreprises, associations, briscards de la politique… Le monde syndical se mobilise aussi, estimant que la victoire du RN fait planer l’ombre d’un recul de “la liberté syndicale, liberté de la justice, liberté de la presse”.

Ainsi, la CFDT, CGT, l’Unsa, FSU et Solidaires ont-ils pris la plume dans un communiqué commun, exhortant les électeurs à voter “pour les candidates et candidats les mieux placés pour battre l’extrême droite”. Et de préciser : “Jamais nous ne mettrons dos à dos l’extrême droite avec une quelconque autre force politique.” Façon de s’inscrire en faux avec ceux qui dessinent un trait d’égalité entre le Rassemblement national et La France insoumise.