Les Cahiers d’Esther tirent leur révérence après neuf ans de confidences

Les Cahiers d’Esther tirent leur révérence après neuf ans de confidences

Clap de fin ! En novembre 2022, on “fêtait” le 6e et dernier tome de la série L’Arabe du futur, commencée en 2014. Aujourd’hui, c’est au tour d’Esther, 18 ans, de tirer sa révérence après neuf années de confidences. Esther ? L’adolescente, fille d’un ami de Riad Sattouf, qui a inspiré au dessinateur franco-syrien sa fameuse BD biographique relatant le quotidien, de 9 à 18 ans, d’une collégienne puis lycéenne d’aujourd’hui. Deux séries au succès considérable. Ni l’auteur ni son éditeur, Guillaume Allary, n’auraient pu imaginer que la BD autobiographique de Riad, sous-titrée Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-2011), se vendrait, pour la seule France (elle est traduite en 22 langues), à quelque 3,23 millions d’exemplaires ; et Les Cahiers d’Esther à près de 2 millions. La clé de la réussite ? Peut-être ces dessins expressifs et clairs, nés de la volonté de Sattouf de dessiner, à l’instar de son modèle, Hergé, pour les gens qui ne lisent pas de BD. Mais aussi et sûrement cette capacité de coller à l’actualité et aux émois et espoirs de toute une jeunesse, qu’elle soit binationale ou franco-française.

Prenez ce dernier tome des Cahiers. Esther rentre en terminale dans un lycée chic de la capitale. La reine Elizabeth II meurt, et en Iran, la police des mœurs fracasse le crâne d’une jeune fille mal voilée. Esther a beau ne pas être passionnée par l’actualité, elle est accablée, d’autant que le bac se profile devant elle comme une muraille. “En vrai, j’ai la quasi-certitude que je vais tout louper, mon année, le bac, ma vie, tout. “Et voilà que son grand frère glisse vers l’extrême droite tandis que son père est un mélenchoniste pur jus. Pas vraiment à l’aise dans son corps, Esther se dissimule dans des vêtements oversize et pour elle, les ennuis s’accumulent : elle s’embrouille avec sa meilleure amie, Cassandre, et n’a toujours pas de mec. Et puis, il y a cette découverte de la Shoah avec la déportée Esther Senot, rescapée d’Auschwitz, les pertes de mémoire de sa grand-mère…

Mais il y a également des moments plus “légers” tels que les vacances familiales en Laponie pour aller dire bonjour au père Noël ou sa participation à la manifestation contre la réforme des retraites. Vient l’heure de Parcoursup. Que demander ? Finalement, Esther choisit la licence information-communication, “formation préférée des gens qui ne savent pas quoi faire dans la vie” mais qui mène à “à peu près tout en fait”. Le grand jour arrive. C’est fait ! Le bac est en poche, et le monde reprend des couleurs. A coup de “en vrai”, de “en mode”, de “genre” et de “mdr”, la vie d’Esther défile, dans un mélange d’égocentrisme et d’empathie. Exemplaire à bien des titres… Et c’est ainsi que s’achève aussi le duo Sattouf-Allary, le dessinateur ayant décidé de créer sa propre maison d’édition après dix années de compagnonnage. Sa crise d’ado à lui.