Libération de Julian Assange : que contient l’accord avec la justice américaine ?

Libération de Julian Assange : que contient l’accord avec la justice américaine ?

Et si l’on arrivait enfin au dernier chapitre ? Après des années de saga judiciaire, Julian Assange a été finalement relâché de prison au Royaume-Uni. Mardi 25 juin, le fondateur de WikiLeaks fait route vers un tribunal fédéral américain dans le Pacifique où il doit plaider coupable d’un seul chef d’accusation pour obtention et divulgation illégales d’informations relatives à la sécurité nationale en échange de sa libération. La fin d’une longue et amère confrontation avec les États-Unis.

Aux termes de cet accord, “Julian Assange est libre” et a quitté le Royaume-Uni et la prison de haute sécurité proche de Londres, où il était incarcéré depuis 2019, pour embarquer dans un avion privé à l’aéroport de Stansted, a précisé WikiLeaks, se félicitant qu’il puisse retrouver sa femme Stella Assange et leurs enfants, en “résultat d’une campagne mondiale”.

Îles Mariannes du Nord

Il va comparaître devant un tribunal des îles Mariannes

Poursuivi pour avoir exposé au grand jour des centaines de milliers de documents confidentiels, cet Australien âgé de 52 ans doit comparaître mercredi à 09H00 locales (mardi 23H00 GMT) devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique, selon des documents judiciaires rendus publics dans la nuit de lundi à mardi. “Ce lieu inhabituel reflète la réticence d’Assange à retourner volontairement sur la zone continentale des États-Unis”, commente le média américain en ligne Politico. A noter que ces îles sont beaucoup plus proches de l’Australie natale de Julian Assange, dont il est citoyen, que des tribunaux de la zone continentale des États-Unis ou d’Hawaï.

Visé par 18 chefs d’accusation, il encourait en théorie jusqu’à 175 ans de prison en vertu de la loi sur l’espionnage. En vertu de l’accord détaillé dans les documents judiciaires rendus publics lundi soir, il serait condamné à un peu plus de cinq ans de prison – mais aurait droit à une libération immédiate, car c’est à peu près la durée pendant laquelle il a été emprisonné en Angleterre alors qu’il luttait contre son extradition vers les États-Unis. “Julian Assange était confiné dans une cellule 23 heures par jour, mangeant seul ses repas sur un plateau, entouré de 232 livres et n’avait droit qu’à une heure par jour pour faire de l’exercice dans une cour de prison”, selon un récit publié dans l’hebdomadaire américain The Nation cette année.

La fin d’une longue saga

Cet accord met un terme à une saga de près de 14 ans. Il est intervenu alors que la justice britannique devait examiner, les 9 et 10 juillet, un recours de Julian Assange contre son extradition vers les Etats-Unis, approuvée par le gouvernement du Royaume-Uni en juin 2022. Il se battait pour ne pas être livré à la justice américaine qui le poursuit pour avoir rendu public à partir de 2010 plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi ces documents figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters, tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Le fondateur de WikiLeaks avait été arrêté par la police britannique en avril 2019, après sept ans passés dans l’ambassade d’Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année. Depuis, les appels se sont multipliés pour que l’actuel président américain Joe Biden abandonne les charges retenues contre lui. L’Australie a présenté une demande officielle en ce sens en février dernier que Joe Biden a dit examiner, suscitant l’espoir chez ses soutiens. “Cette affaire a été un casse-tête diplomatique pour l’administration Biden, qui a fait face à des pressions de la part de l’Australie, un allié clé en matière de sécurité nationale, pour mettre fin aux années de vide juridique d’Assange”, souligne Politico.

De son côté, le New York Times écrit que sa libération “n’était pas inattendue” assurant que le président Biden était ouvert “à une résolution rapide”. En 2022, le quotidien avait appelé – avec le Guardian, Le Monde, El Pais et Der Spiegel – le gouvernement américain à abandonner certaines accusations criminelles contre Assange qui l’accusaient d’avoir enfreint la loi en publiant des informations classifiées.