Mort du président iranien : les mystères autour du crash de son hélicoptère

Mort du président iranien : les mystères autour du crash de son hélicoptère

Près de 48 heures après le crash de l’hélicoptère du président iranien Ebrahim Raïssi, les spéculations sur les causes fusent. L’hélicoptère du président iranien, un Bell 212, avait disparu dimanche en début d’après-midi alors qu’il survolait une région escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles, avec de la pluie et un épais brouillard.

Parmi les neuf passagers de l’hélicoptère figuraient aussi le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, le gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental, le principal imam de la région ainsi que le chef de la sécurité du président et trois membres d’équipage, tous décédés.

Un voyage dans un appareil vieillissant

L’appareil qui s’est crashé, avec à son bord le président iranien, était un Bell 212, de fabrication américaine. Mis en circulation dès 1968, il s’agit d’un modèle qui avait été largement utilisé pendant la guerre du Vietnam. En tant qu’hélicoptère utilitaire, le Bell 212 est censé s’adapter à toutes sortes de situations, notamment le transport de personnes, le déploiement d’équipements aériens de lutte contre les incendies, le transport de marchandises ou encore le montage d’armes, rapporte l’agence britannique Reuters.

L’appareil qui s’est écrasé dimanche était bien configuré pour transporter des passagers du gouvernement. Le président Raïssi l’utilisait régulièrement pour ses déplacements – il voyageait beaucoup dans le pays, s’étant engagé à visiter tous les ans chacune des 31 provinces que compte l’Iran, commentent nos confrères du Temps.

Selon le répertoire 2024 des forces aériennes mondiales de FlightGlobal, l’Iran compterait une dizaine d’appareils Bell 212. A l’époque, l’Iran était un acheteur majeur d’hélicoptères Bell et Agusta sous le Shah, devenant ainsi la plus grande puissance militaire d’hélicoptères du Moyen-Orient. L’origine exacte de l’hélicoptère impliqué dans l’accident n’a pas été confirmée, mais une source iranienne a indiqué qu’il était lié au Croissant Rouge de la République islamique. Les experts ont déclaré que les quelques détails disponibles suggèrent qu’il pourrait avoir entre 40 et 50 ans.

La responsabilité imputée aux sanctions américaines ?

Même s’il s’agit d’un appareil très ancien, le Bell 212 est néanmoins extrêmement fiable lorsqu’il est bien entretenu. Il est d’ailleurs toujours très utilisé par les gardes-côtes au Japon ou des compagnies de sécurité civile aux Etats-Unis et au Canada. Toutefois, l’Iran, visé par des sanctions américaines depuis la révolution de 1979, ne peut plus acheter de pièces de rechange pour ses appareils. Les appareils qui volent ainsi aujourd’hui en Iran sont tous “bricolés”.

Sur les réseaux sociaux, l’ancien ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a imputé l’accident aux sanctions américaines persistantes qui ont entravé la vente de pièces d’aviation. Le porte-parole du département d’Etat américain Matthew Miller a répondu : “En fin de compte, c’est le gouvernement iranien qui est responsable de la décision de faire voler un hélicoptère vieux de 45 ans dans ce qui a été décrit comme de mauvaises conditions météorologiques, et personne d’autre”.

Lundi, le ministre turc des Transports a de son côté affirmé que l’hélicoptère à bord duquel se trouvait le président iranien Ebrahim Raïssi ne possédait pas de “système de signalisation”, ou que ce dernier était en panne lors de son crash dimanche. “Nous avons établi que le système de signalisation de l’hélicoptère était probablement en panne ou qu’il ne disposait pas de système de signalisation”, a déclaré à la presse le ministre turc, Abdulkadir Uraloglu. “Sinon, ces signaux nous seraient parvenus, mais ils ne l’ont pas été”, a-t-il ajouté, sans préciser si ses propos concernaient le transpondeur ou la balise de détresse de l’appareil.

En outre, les Etats-Unis ont indiqué lundi que l’Iran avait demandé leur assistance après l’accident d’hélicoptère, alors que les deux pays n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis la révolution de 1979. “Nous avons dit que nous serions prêts à apporter notre aide, ce que nous ferions pour tout gouvernement dans cette situation”, a ajouté le porte-parole Matthew Miller. “En fin de compte, pour des raisons essentiellement logistiques, nous n’avons pas été en mesure de fournir cette assistance”, a-t-il dit, se refusant à donner des détails sur la teneur de la demande ni par quel canal de communication elle a été faite. Il a cependant confirmé que c’était pour aider aux recherches après la disparition de l’appareil. Un crash dont les circonstances restent encore à éclaircir.