Musk – Trump : l’idylle qui va les conduire jusqu’à la Maison-Blanche ?

Musk – Trump : l’idylle qui va les conduire jusqu’à la Maison-Blanche ?

Elon Musk pourrait-il devenir le conseiller politique de Donald Trump à la Maison-Blanche, si celui-ci venait à être réélu ? Cette perspective n’a rien de saugrenue : elle serait même à l’ordre du jour entre le magnat des affaires et l’ex-président américain, selon des révélations du journal américain The Wall Street Journal, publiées ce jeudi 30 mai.

Les deux hommes auraient eu plusieurs discussions pour savoir de quelle manière le patron de Tesla et Space X pourrait avoir une “contribution et une influence formelle” auprès de la Maison-Blanche sur des sujets économiques, mais aussi sur la politique d’immigration et de contrôle de la frontière américaine, affirme le WSJ. Rien n’est encore acté, et le projet pourrait très bien même ne pas se concrétiser. Mais il témoigne du rapprochement de plus en plus fort entre Donald Trump et Elon Musk, qui échangent désormais plusieurs fois par mois sur les questions de technologie et de science, mais aussi sur l’immigration, raconte le journal américain.

Une relation d’abord conflictuelle

Pourtant, entre Trump et Musk, la relation ne partait pas de la meilleure des augures. Alors que l’homme d’affaires avait déjà fait partie d’un comité assez large de grands patrons conseillant Donald Trump sur des questions économiques, il avait annoncé son départ de ce groupe dès 2017. En cause : le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, et les positions climatosceptiques de l’ex-président. Trump, de son côté, n’a jamais caché son mépris pour l’industrie des voitures électriques… la principale activité d’Elon Musk.

Mais ces désaccords n’ont pas suffi à empêcher ce rapprochement entre les deux hommes, largement accéléré ces derniers mois, notamment lors d’une rencontre en Floride, en mars dernier. Et cela est surtout dû à une bascule politique d’Elon Musk, qui ne cache plus son virage très conservateur sur les questions sociétales, et quasi-libertarien sur les sujets économiques. Après son rachat de Twitter, désormais appelé X, où il a d’ailleurs rétabli le compte de Donald Trump, le milliardaire américain multiplie les tirades contre ce qu’il appelle “le virus de l’esprit wokiste“. Il s’affiche fièrement aux côtés du président argentin Javier Milei, ou défend l’ancien chef d’Etat brésilien Jair Bolsonaro.

Partageant de plus en plus de constats avec l’ex-président américain, Musk s’est surtout trouvé une cible en commun avec lui : l’actuel président américain Joe Biden. Il l’a d’ailleurs clairement annoncé dans un message sur X en mars dernier : “C’est soit une vague rouge en novembre (la couleur du Parti Républicain, NDLR), ou l’Amérique est condamnée. Imaginez quatre ans de plus avec cette situation qui s’aggrave”.

Un virage à droite toute qui s’accompagne également d’une certaine dose de complotisme, à la touche Trump. Il faut dire que Musk frôlait déjà avec les limites pendant la pandémie, s’opposant à toutes les restrictions sanitaires, raillant leur utilité, et relayant régulièrement des théories les plus extravagantes sur Anthony Fauci, l’ancien conseiller médical en chef de Joe Biden. Depuis, le patron de Space X s’en prend plus largement au camp démocrate, comme lorsqu’il relaie à ses abonnés une théorie complotiste sur le mari de l’ex-cheffe des démocrates Nancy Pelosi, avant de supprimer sa publication. Il y a quelques semaines encore, il explique, toujours sur X, que l’administration Biden “importe” des millions d’immigrés pour voter aux prochaines élections présidentielles, et qu’il est “fort probable que l’on prépare le terrain pour quelque chose de bien pire que le 11 septembre”.

Un rapprochement surtout opportuniste ?

Mais les combats politiques communs ne suffisent pas à expliquer ce soudain rapprochement entre deux hommes les plus controversés des Etats-Unis. Des raisons plus opportunistes flottent également dans l’air. Pour Musk, oubliées les grandes tirades du candidat républicain contre les voitures électriques, les railleries contre le modèle de Tesla. Selon le média américain NBC, la réélection de Trump à la Maison-Blanche pourrait avoir une influence non négligeable dans plus d’une dizaine de batailles réglementaires ou juridiques que mène le magnat des affaires avec l’administration Biden ou des agences fédérales indépendantes américaines. Que ce soit sur la gestion des syndicats dans ses entreprises à la sécurité des véhicules Tesla, en passant par la protection de la vie privée sur le réseau social X, Elon Musk bénéficierait grandement d’un assouplissement des normes et des réglementations promises par Donald Trump.

En parallèle, Elon Musk a assuré à Trump qu’il allait investir aux côtés du milliardaire Nelson Peltz, lui aussi proche de l’ex-président américain, dans un “projet centré sur les données visant à prévenir la fraude électorale”, révèle le Wall Street Journal. Loin d’un hasard, lorsque l’on connaît l’obsession de Donald Trump à ce sujet, estimant s’être fait “voler” l’élection présidentielle 2020.

Mais contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, Elon Musk a assuré qu’il ne financerait pas la campagne de Donald Trump, même à travers une super PAC, ces structures privées garantissant l’anonymat des donateurs. Néanmoins, il lui a tout de même assuré au candidat républicain qu’il allait “utiliser son influence pour aider à vaincre Biden, en galvanisant le soutien d’alliés de poids”, a rapporté le WSJ. Comprendre : essayer de convaincre les plus influents chefs d’entreprises à ne pas soutenir Joe Biden. Assurance d’un soutien économique au sommet de l’Etat pour l’un, gain de légitimité au sein des cercles d’affaires pour l’autre : ce rapprochement entre Musk et Trump n’est finalement peut-être qu’un mariage de raison. Mais qui pourrait bien se concrétiser dans les salons de la Maison-Blanche.