Nouveau gouvernement : “Nous ne sommes pas en cohabitation”, assure Michel Barnier

Nouveau gouvernement : “Nous ne sommes pas en cohabitation”, assure Michel Barnier

A peine né pour tenter de clore une longue crise politique, le gouvernement de Michel Barnier, attelage fragile entre les macronistes et la droite, est déjà sous le feu des critiques de la gauche et du Rassemblement national, qui tiennent sa survie entre leurs mains. Les premiers pas officiels des 39 nouveaux ministres n’auront lieu que lundi. Un petit déjeuner d’accueil se tiendra à 8 heures à Matignon, avant des passations de pouvoir prévues entre 10 et 13 heures. Puis un Conseil des ministres est prévu à 15 heures à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron.

Les infos à retenir

⇒ “Nous ne sommes pas en cohabitation”, assure Michel Barnier

⇒ Ce gouvernement est “le plus à droite de la Ve République”, selon Olivier Faure

⇒ Gabriel Attal ne veut “pas de retour en arrière sur la PMA, le droit à l’IVG, les droits LGBT”

Gouvernement, impôt, retraites… Ce qu’il faut retenir du 20 heures de Michel Barnier

Au lendemain de la nomination de ses ministres, le locataire de Matignon s’est rendu au 20 heures de France 2. Lors de son interview, Michel Barnier a appelé à “la cohésion” et à “la fraternité” au sein du gouvernement. “Je savais que [le composer] serait difficile, a-t-il reconnu. Moi ce qui m’intéresse, c’est de créer une ambiance qui permettra à toutes les énergies de s’exprimer.” Le Savoyard a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une cohabitation, “parce que l’essentiel du socle parlementaire qui va accompagner le gouvernement est constitué de députés, de sénateurs, qui ont pour beaucoup soutenu, accompagné, le président de la République depuis sept ans et en même temps, il n’y a pas de majorité”.

En réponse aux propos de Gabriel Attal plus tôt dans la journée, qui demandait à ce qu’il n’y ait pas de retour en arrière sur la PMA, le droit à l’IVG, les droits LGBT”, Michel Barnier a assuré qu'”il n’y a aucune ambiguïté s’agissant des grandes lois de progrès social ou sociétal”. Concernant la fiscalité, le Premier ministre a assuré qu’il n’allait “pas alourdir encore les impôts sur l’ensemble des Français, ni sur les plus modestes, ni sur les gens qui travaillent, ni sur les classes moyennes. Mais je ne peux pas exclure de l’effort national pour redresser la situation les plus riches, les personnes les plus fortunées”. Sur la contestée réforme des retraites, il a promis de “prendre le temps d’améliorer la réforme des retraites”.

Michel Barnier a également assuré qu’il n’y aura pas de “polémique” avec Macron dans “l’intérêt du pays”, et que la complémentarité sera bonne. Enfin, le Premier ministre a dit souhaiter que la “santé mentale” soit la “grande cause nationale” en 2025.

Passation de pouvoir à Bercy

“Notre travail à nous, dans ce monde, c’est de faciliter la tâche des entreprises, de celles et ceux qui y travaillent”, a dit ce dimanche le nouveau ministre de l’Economie, Antoine Armand, à l’occasion de son arrivée à Bercy. “C’est de les accompagner et de ne pas les encombrer de normes parfois inutiles ou contradictoires, de faire en sorte que tous les Français qui travaillent aient un salaire décent”, a-t-il ajouté lors de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur Bruno Le Maire.

Le nouveau ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a annoncé qu’il y aurait “des choix forts à assumer” pour le redressement des finances publiques, qu’il proposerait “dans les prochains jours au Parlement”. Lors de la passation avec son prédécesseur, Thomas Cazenave, à Bercy, le nouveau ministre, qui est directement rattaché au Premier ministre Michel Barnier, s’est dit prêt à affronter “un nouveau défi collectif de reprendre le chemin de la souveraineté et de l’indépendance en maîtrisant nos finances publiques”.

Selon Gabriel Attal, le groupe macroniste à l’Assemblée restera “libre dans ses prises de position”

Le groupe macroniste à l’Assemblée restera “fidèle à ses valeurs et libre dans ses prises de position” après la nomination du gouvernement de Michel Barnier, a déclaré ce dimanche Gabriel Attal, le chef de file des députés Ensemble pour la République, lors d’une réunion avec ses troupes. “Je demanderai au Premier ministre d’affirmer clairement dans sa déclaration de politique générale qu’il n’y aura pas de retour en arrière sur la PMA, le droit à l’IVG, les droits LGBT”, a également déclaré Gabriel Attal, faisant état de “désaccords de fond avec certaines personnalités qui ont intégré le gouvernement”, selon des participants à la réunion.

Eric Ciotti annonce quitter Les Républicains

Eric Ciotti annonce son départ des Républicains dans un entretien au Figaro. “Je prends acte de la dissolution de l’état-major des Républicains dans la macronie. Ce gouvernement n’est pas un gouvernement de cohabitation. C’est un gouvernement macroniste, avec quelques LR comme cautions et alibis”, a dénoncé ce dimanche le député des Alpes-Maritimes, qui a fondé récemment son propre mouvement, l’Union des droites pour la République (UDR).

Le gouvernement Barnier est “le plus à droite de la Ve République”, selon Olivier Faure

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a estimé ce dimanche sur France 3 que le gouvernement de Michel Barnier était “le plus à droite de la Ve République”. En cause notamment pour le patron des socialistes, la présence au ministère de l’Intérieur du LR Bruno Retailleau, qui “a été de tout temps de tous les combats contre le mariage pour tous, contre l’interdiction des thérapies de conversion ou contre la constitutionnalisation de l’IVG”.

A Bercy, passation de pouvoirs à 18 h 15

La passation entre Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances sortant, et son successeur Antoine Armand, nommé samedi au sein du nouveau gouvernement de Michel Barnier, aura lieu ce dimanche à 18 h 15, a annoncé le ministère à l’AFP. En fin d’après-midi, Bruno Le Maire organisera une “réunion de travail” avec Antoine Armand. Elle sera suivie d’une seconde réunion de travail avec cette fois Laurent Saint-Martin, ministre du Budget et des Comptes publics, en remplacement de Thomas Cazenave, qui est lui rattaché directement au Premier ministre Michel Barnier.

Michel Barnier au 20 heures de France 2 ce dimanche

Michel Barnier sera ce dimanche l’invité du journal de 20 heures, sur France 2, au lendemain de la nomination de son gouvernement par Emmanuel Macron, ont annoncé l’entourage du Premier ministre et la chaîne publique.

Bayrou convie Cazeneuve à la rentrée du MoDem

Bernard Cazeneuve interviendra lors des universités de rentrée du MoDem, qui se tiennent de vendredi à dimanche à Guidel (Morbihan), a appris l’AFP de sources dans l’entourage de l’ancien Premier ministre et au sein du parti centriste. A l’issue des élections législatives, Bernard Cazeneuve était soutenu pour Matignon par de nombreux acteurs du camp présidentiel, dont le président du MoDem François Bayrou. Le Parti socialiste, de son côté, a refusé d’accorder un soutien inconditionnel à son ancien membre, opposé à l’alliance avec La France insoumise, alors qu’Emmanuel Macron avait écarté la candidate du Nouveau Front populaire, Lucie Castets.

François Hollande plaide pour la censure du gouvernement Barnier

Le député de Corrèze et ancien président de la République François Hollande s’est de nouveau dit, ce dimanche, favorable à une censure du gouvernement de Michel Barnier, présenté samedi soir. “Il faut censurer et une motion de censure socialiste me paraît la bonne solution pour avoir un maximum de parlementaires qui s’y retrouvent”, a-t-il indiqué sur France Bleu Limousin, à l’unisson du reste de la gauche qui réclame la censure de ce gouvernement qu’elle trouve trop à droite.

Pour l’ancien président socialiste, la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République Emmanuel Macron a conduit à” la même chose que par le passé, mais avec une droite encore plus présente dans le gouvernement, et pour prendre des mesures douloureuses pour nos concitoyens”. Le nouveau gouvernement “est un gouvernement fragile”, où “il n’y a pas de poids lourds”, et qui “tient sa survie au Rassemblement national”, a-t-il énuméré. Concernant le nouveau ministre de la Justice, Didier Migaud, ancien député socialiste qui a quitté le PS en 2010, François Holland estime que “ce n’est plus une personnalité qu’on peut considérer de gauche”.

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Le patronat demande au gouvernement de “se mettre au travail”

Les organisations patronales se sont félicitées, samedi, de la nomination d’un nouveau gouvernement après une longue attente, l’appelant à se “mettre au travail” et souhaitant sa “réussite en matière économique”. Sur le réseau social X, le président du Medef, Patrick Martin, a jugé qu’avec “un gouvernement constitué, une déclaration de politique générale du Premier ministre Michel Barnier à venir, toutes les conditions (étaient) désormais réunies pour redémarrer”. “La France en a besoin”, a insisté le dirigeant de la première organisation patronale.

Son homologue François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), s’est réjoui que “l’exécutif enfin constitué” puisse “se mettre au travail”. “Les enjeux sont considérables pour notre pays et la tâche immense dans un contexte politique loin d’être simple”, a ajouté, dans un message envoyé à l’AFP, le chef de la deuxième organisation patronale de France. “Nous souhaitons la réussite du gouvernement en sachant que cette réussite en matière économique ne peut se faire sans celle du secteur marchand composé à 90 % de PME”, a conclu François Asselin.

Greenpeace dénonce un gouvernement “de l’ancien monde”

Le gouvernement de Michel Barnier “semble déjà enfermé dans les logiques dépassées de l’ancien monde” face à l’urgence climatique, déplore l’ONG environnementale Greenpeace. “Nous avons besoin d’actions radicales et ambitieuses pour faire face aux crises climatiques et sociales”, urge son directeur général, Jean-François Julliard, cité dans un communiqué. “Ce n’est pas avec des demi-mesures qu’on fera baisser les émissions de gaz à effet de serre ni qu’on protégera les plus vulnérables”, ajoute-t-il.

Selon Greenpeace, “le choix d’Annie Genevard au ministère de l’Agriculture laisse présager le pire au regard de sa faible expérience sur ces thématiques, et de ses quelques prises de position sur le sujet en tant que députée Les Républicains”. “Avec Agnès Pannier-Runacher comme ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques, c’est l’obsession nucléaire en guise de boussole écologique qui nous est promise”, déplore aussi l’ONG. La directrice générale du WWF France Véronique Andrieux s’est pour sa part dite “dans l’expectative quant à (la) vision (d’Agnès Pannier-Runacher) pour l’environnement et la biodiversité”.

Pour Antoine Armand, exclure “d’office” certaines hausses d’impôts ne serait “pas responsable”

Le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, Antoine Armand, a estimé samedi dans une interview au JDD qu’exclure “d’office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable” vu l’état des finances publiques françaises. Promettant que les classes moyennes seraient “soutenues”, il a aussi refusé de faire de la hausse des impôts une “doctrine”, tout en appelant dans le même temps à “baisser la dépense publique et la rendre plus efficace” pour dégager les milliards d’euros d’économies nécessaires au rétablissement des comptes publics.

Le camp présidentiel en force, les Républicains bien lotis

Le parti d’Emmanuel Macron se taille la part du lion parmi les ministères de plein exercice : Catherine Vautrin (Territoires), Anne Genetet (Education nationale), Sébastien Lecornu (Armées), Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail), Guillaume Kasbarian (Fonction publique) et Antoine Armand (Economie). Aucun poids lourd de l’ex-majorité présidentielle ne demeure après les sorties de Gérald Darmanin (Intérieur) et de Bruno Le Maire (Economie). Les macronistes peuvent également s’appuyer sur Rachida Dati à la Culture et Gil Avérous aux Sports, tous deux issus des LR, mais comptabilisés comme des divers droite.

Les centristes de François Bayrou (MoDem) et le parti Horizons de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe (Horizons) obtiennent respectivement trois et deux ministères. Si le MoDem perd un poste par rapport au précédent gouvernement, il décroche notamment les Affaires étrangères (Jean-Noël Barrot) et la Santé (Geneviève Darrieussecq). Horizons obtient les Solidarités, l’Autonomie et l’Egalité entre les femmes et les hommes (Paul Christophe), ainsi que l’Economie sociale et solidaire (Marie-Agnès Poussier-Winsback)

Les Républicains, qui comptent également Michel Barnier à Matignon, apparaissent particulièrement bien représentés en nombre de portefeuilles (10) au vu de leur représentation à l’Assemblée (47 sièges sur 577). Ils décrochent notamment l’Intérieur, confié au très conservateur Bruno Retailleau, un des rares poids lourds du gouvernement. Mais c’est là leur seul ministère régalien. LR se voit cependant confier l’Agriculture (Annie Genevard) ou encore les Outre-mer (François-Noël Buffet).

Le Nouveau Front populaire refusant clairement de participer à ce gouvernement, Michel Barnier n’a pu rallier qu’un responsable issu de la gauche, l’ancien député socialiste Didier Migaud, nommé ministre de la Justice. Il a quitté le PS en 2010.

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