Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron promet de ne pas passer “en force” la loi électorale

Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron promet de ne pas passer “en force” la loi électorale

“La nuit a été calme” en Nouvelle-Calédonie. C’est ce qu’a indiqué ce jeudi matin le Haut-commissaire Louis Le Franc à l’AFP. “Il n’y a pas eu de dégâts supplémentaires mais il y a tellement de choses qui sont détruites”, a-t-il fait valoir. C’est sur le terrain politique que les choses bougent. Emmanuel Macron est arrivé en Nouvelle-Calédonie ce jeudi matin, heure locale, pour une visite qui devrait durer 12 heures.

Le président de la République est accompagné de trois hauts fonctionnaires familiers du dossier pour “installer une mission” afin de renouer le dialogue avec les indépendantistes et non indépendantistes.

Les infos à retenir

⇒ Pas de passage “en force” pour la loi électorale, dit Macron

⇒ Une rencontre se déroule entre Macron et les indépendantistes

⇒ Le gouvernement calédonien dénonce l’inflation “intolérable” dans les commerces

Pas de passage “en force” pour la loi électorale, dit Macron

Emmanuel Macron a promis ce jeudi de ne pas passer “en force” sur la réforme du corps électoral à l’origine de violentes émeutes en Nouvelle-Calédonie et souhaité un vote des Calédoniens en cas d’accord politique global sur le statut institutionnel de l’île.

Lors d’un point presse à l’issue d’une visite express en Nouvelle-Calédonie, le chef de l’Etat a dit donner “quelques semaines” supplémentaires aux parties pour négocier et il s’est engagé à faire un point d’étape “d’ici un mois” sur l’avenir institutionnel de l’archipel.

Il a par ailleurs promis une “aide d’urgence” après les dommages “colossaux” provoqués par les émeutiers sur la vie des citoyens et des entreprises et demandé une levée des barrages “dans les heures qui viennent” pour lever l’état d’urgence.

Une rencontre entre Macron et les indépendantistes

Une rencontre a lieu ce jeudi soir, heure de Nouméa, entre Emmanuel Macron et les indépendantistes. Selon la liste de la délégation diffusée par l’Elysée, toutes les composantes des partis indépendantistes sont présentes à cette rencontre organisée par le chef de l’Etat pour tenter de renouer le dialogue dans l’archipel.

Sont notamment présents autour de la table, plusieurs dirigeants du premier parti indépendantiste de l’archipel, l’Union calédonienne (UC), dont le président du Congrès calédonien Roch Wamytan, ainsi que des cadres du parti Palika dont son porte-parole Jean-Pierre Djaïwé. Assigné à résidence, Christian Tein, membre de l’UC et chef de file de la CCAT, collectif indépendantiste qui organise la contestation, est lui aussi présent.

Un peu plus tôt au cours de sa visite en Nouvelle-Calédonie ce jeudi, Emmanuel Macron a évoqué “un mouvement d’insurrection absolument inédit” qui secoue l’archipel depuis la mi-mai. “Personne ne l’avait vu venir avec ce niveau d’organisation et de violence”, a ajouté le chef de l’Etat en visite dans un commissariat du centre de Nouméa, saluant “le sang froid” et “le professionnalisme” des policiers et des gendarmes déployés sur le terrain. “On ira jusqu’au bout, les jours et les semaines qui viennent seront encore difficiles”, a-t-il ajouté.

Macron appelle à “l’apaisement” mais sans “retour en arrière” institutionnel

Emmanuel Macron a appelé ce jeudi au début de sa visite en Nouvelle-Calédonie à un “apaisement constructif” et à la recherche d’une “solution” politique, mais sans revenir sur le résultat des trois référendums qui ont acté le maintien du territoire ultramarin dans la République. “Ma volonté (..) est d’être aux côtés de la population pour que le plus vite possible, ce soit le retour à la paix, au calme, à la sécurité. C’est la priorité des priorités”, a déclaré le chef de l’Etat dès sa descente de l’avion à l’aéroport de Nouméa.

Alors que depuis le début des émeutes sur l’archipel français du Pacifique, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles, il a observé une minute de silence en préambule d’une réunion avec des élus locaux et acteurs économiques. Arrivé aux côtés des ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Marie Guévenoux (Outre-mer), Emmanuel Macron a promis des “décisions” et des “annonces” à “l’issue de cette journée”, même s’il a assuré n’avoir “pas de limite” de temps sur place.

Le président a souligné que “beaucoup de populations souffrent aujourd’hui”, évoquant les difficultés d’accès aux soins, mais aussi “l’approvisionnement”, dix jours après une éruption de violences inédites sur l’archipel depuis près de 40 ans, qui laissent encore des quartiers entiers difficilement accessibles. Il a par ailleurs annoncé que les quelque 3 000 membres des forces de sécurité déployés en Nouvelle-Calédonie face aux émeutes resteraient “aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques et paralympiques” de Paris qui prennent fin début septembre. Alors que le gouvernement a instauré sur ce territoire aux antipodes de l’Hexagone l’état d’urgence, le président s’est dit plutôt défavorable à une prolongation au-delà de la date limite de lundi 27 mai, qui nécessiterait une loi.

Le gouvernement calédonien dénonce l’inflation “intolérable” dans les commerces

De nombreux commerces ont profité de la crise sécuritaire qui secoue la Nouvelle-Calédonie pour appliquer des tarifs excessifs, y compris sur des produits réglementés, a dénoncé ce jeudi le gouvernement local. Celui-ci entend imposer des “mesures de contrôle”.

“Face à la situation actuelle, il a été constaté que certains commerçants profitent des circonstances pour augmenter de manière exagérée les prix de leurs produits dont certains sont réglementés, rendant cette pratique totalement illégale”, a écrit le gouvernement collégial dans un communiqué. “Cette pratique est d’autant plus inacceptable et intolérable” que “la solidarité et la responsabilité collective doivent primer”, a-t-il ajouté, alors que des craintes de pénuries d’alimentation et de médicaments parcourent l’archipel.

Cyberattaque : “pas de conséquences dans la durée” selon l’Anssi

La cyberattaque ayant frappé mardi la Nouvelle-Calédonie n’aura “pas de conséquences dans la durée”, a indiqué mercredi à l’AFP l’Agence française de sécurité informatique (Anssi). Cette attaque, “par déni de service”, a duré “quelques heures” contre l’opérateur télécoms de l’archipel, a précisé l’Anssi. “Il n’y a pas d’intrusion dans les systèmes d’information de l’opérateur concerné, ni de ses différents clients”.

Cette cyberattaque ne constitue “rien de très grave”, avait précédemment assuré une source proche du gouvernement, et son lien avec la Russie, évoqué par BFMTV, n’a “rien de prouvé”. Interrogée sur son origine, l’Anssi a expliqué que, “sur l’attribution de manière générale des cyberattaques, il faut toujours être extrêmement prudent” et que “c’est encore plus vrai avec les attaques (de type) déni de service”. “Il n’y a pas de revendication à notre connaissance. Il faudra laisser la justice faire son travail”, a-t-elle ajouté.

Nickel calédonien : les sites miniers d’Eramet à l’arrêt

L’ensemble des sites miniers exploités en Nouvelle-Calédonie par Eramet, l’un des trois grands opérateurs du nickel dans l’île, sont “à l’arrêt depuis plus d’une semaine”, a appris l’AFP auprès du groupe français dont la filiale Société Le Nickel (SLN) est le premier employeur privé dans l’île.

“L’ensemble des sites miniers exploités par SLN sur le territoire sont à l’arrêt depuis plus d’une semaine, les conditions de sécurité sont trop dégradées pour poursuivre une activité normale”, a indiqué à l’AFP une porte-parole d’Eramet à Paris.

L’exploitant déplore une attaque, mais “une seule” qui remonte à mercredi dernier dans la soirée et qui a visé l’usine de Kouaoua, sur la côte est. Un incendie s’est déclaré au niveau du convoyeur minier, un tapis roulant descendant le minerai de la mine vers le quai de chargement en bord de mer, sur environ 11 kilomètres à travers la brousse. Une installation régulièrement prise pour cible à chaque flambée de violence dans l’île.