Pays-Bas : Dick Schoof, cet ex-chef du renseignement parachuté… Premier ministre

Pays-Bas : Dick Schoof, cet ex-chef du renseignement parachuté… Premier ministre

Cheveux poivre et sel épais, barbe de trois jours et yeux cernés, voici le nouveau visage de celui qui s’apprête à diriger les Pays-Bas. L’ex-chef du renseignement néerlandais a été investi, mardi 30 juin, Premier ministre des Néerlandais, à la tête d’un gouvernement de coalition de droite chargé de mettre en œuvre la politique d’immigration “la plus stricte jamais vue” dans le pays.

Plus de sept mois après la victoire électorale retentissante du dirigeant d’extrême droite Geert Wilders, surprenant le pays et l’Europe entière, Dick Schoof succède à Mark Rutte, au pouvoir depuis 2010. Ce dernier a été nommé secrétaire général de l’Otan. S’il doit quitter son poste de haut fonctionnaire au sein du ministère néerlandais de la Justice, Dick Schoof a une longue expérience dans des emplois liés à la sécurité nationale et a dirigé le service de l’immigration entre 1999 et 2003.

“Il a été nommé coordinateur national de la lutte contre le terrorisme en 2013, supervisant la réponse à l’abattage du vol 17 de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine après avoir quitté l’aéroport Schiphol d’Amsterdam”, rappelle le quotidien économique britannique The Financial Times.

Et sur le volet politique ? Ancien membre du Parti travailliste – dont il claque la porte en 2021, ce sportif de 67 ans se dit sans parti. Par ailleurs, il n’a aussi aucune expérience politique ce qui reflète pour le New York Times “une tentative de gouverner les Pays-Bas différemment après plus de treize ans sous la présidence du Premier ministre”, Mark Rutte.

“Un joueur d’échecs qui anticipe”

Habitué des marathons dans son temps libre, il est déterminé à mettre en œuvre la politique de la coalition, menée par le dirigeant Geert Wilders. Ce dernier a déclaré, mardi 30 juin, que Dick Schoof était “au-dessus des partis politiques” et “”très sympathique”, tout en le félicitant sur X. Sa mission : former l’équipe gouvernementale, d’ici début juillet selon les médias locaux. “Ce n’est absolument pas un homme politique. C’est un vrai joueur d’échecs qui anticipe”, dit de lui Paul Abels, ancien collègue de la NCTV, dans l’émission télévisée Nieuwsuur.

Et si on rembobine rapidement sur sa vie ? Hendrikus Wilhelmus Maria “Dick” Schoof est né en 1957 dans une famille catholique de sept enfants près d’Amsterdam. Il a étudié l’urbanisme et l’aménagement du territoire à l’université Radboud de Nimègue. Il a une partenaire et deux filles issues d’un précédent mariage. Dick Schoof n’hésite pas à “rechercher les limites” pour atteindre ses objectifs, rapporte Nieuwsuur.

“Le premier ministre de tous les Néerlandais”

S’il était cantonné aux renseignements des Pays-Bas, il n’est pas inconnu du grand public. En effet, Dick Schoof a suscité des critiques lorsque le quotidien de référence NRC a révélé en 2021 que la NCTV avait mis sur écoute des citoyens politiquement actifs en utilisant de faux comptes.

Le parti de l’opposition DENK, qui représente une base électorale majoritairement musulmane, s’est farouchement exprimé contre sa nomination mardi, critiquant son approche sécuritaire. “Il a une bonne expérience sur les bons thèmes”, se prévaut Geert Wilders, tandis que Dick Schoof assure vouloir être “le Premier ministre de tous les Néerlandais”. “Mes projets pour les Pays-Bas sont ceux sur lesquels les dirigeants des partis se sont mis d’accord”, a-t-il dit, ajoutant qu’il ne serait toutefois pas tenu “en laisse” par Geert Wilders.

“Schoof semble être le candidat idéal pour mettre en œuvre les plans de la coalition visant à [instaurer] ‘la politique d’asile la plus stricte à ce jour’ et à lutter contre le crime organisé”, analyse le site anglophone NL Times, repris par Courrier international.

De son côté, le nouveau Premier ministre “croit en une relation saine entre la fonction publique et la politique”, mais il a toujours souligné que la politique avait le dernier mot, écrit le magazine Elsevier Weekblad. Un fonctionnaire “doit garantir sa neutralité”, souligne le principal intéressé dans une longue interview en mars au magazine De Groene Amsterdammer. Interrogé sur des positions controversées de certains au sein de la coalition, par exemple en matière d’asile, il répond que “l’Etat de droit et la démocratie sont toujours sujets à changement”. Et les Pays-Bas aussi.