Pourquoi Israël a pris le contrôle du très stratégique “couloir de Philadelphie”

Pourquoi Israël a pris le contrôle du très stratégique “couloir de Philadelphie”

L’armée israélienne avance encore un peu plus dans l’enclave dévastée de Gaza. Mercredi 29 mai, Tsahal a annoncé avoir pris le contrôle d’une bande de terre à la frontière égyptienne, aussi appelée “couloir de Philadelphie”. Il s’agit d’une zone tampon de 14 kilomètres de long à l’intérieur de Gaza.

Le journal libanais L’Orient Le Jour rappelle que, historiquement, le “corridor de Philadelphie” a été établi comme zone tampon lors des accords de camp David en 1979, au cours desquels l’Égypte et Israël ont signé la paix, mettant fin à trois décennies de conflits depuis la création de l’État hébreu en 1948. L’accord prévoyait entre autres que le corridor soit sous contrôle israélien pour prévenir toute nouvelle attaque.

Néanmoins, lorsque Israël s’est désengagé de Gaza à partir de 2005, le contrôle du corridor avait été transféré du côté égyptien. Depuis le 7 octobre, le couloir de Philadelphie est redevenu un enjeu stratégique pour Israël dans sa guerre contre le Hamas.

Des tunnels utilisés par le Hamas

Mercredi 29 mai, l’armée de l’Etat hébreu a affirmé avoir découvert “une vingtaine de tunnels” dans le secteur frontalier, qu’elle soupçonne de servir à la contrebande pour les groupes armés. “Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d’oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza”, a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari. Déjà, en décembre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait fait part des velléités de l’armée israélienne quant à cette zone stratégique : “le corridor de Philadelphie doit être entre nos mains et sous notre contrôle, et tout arrangement autre que celui-là ne sera pas accepté par Israël”, avait-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Dans la foulée des annonces israéliennes ce mercredi, l’Égypte a démenti la présence de tunnels sous le couloir de Philadelphie. “Israël utilise ces allégations pour justifier la poursuite de l’opération sur la ville palestinienne de Rafah (dans l’extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, NDLR) et prolonger la guerre à des fins politiques”, défend une source égyptienne haut placé dans un média proche des renseignements égyptiens.

En dépit de l’indignation internationale soulevée par le bombardement meurtrier, dimanche, d’un camp de déplacés à Rafah, l’armée israélienne poursuit son offensive dans la ville surpeuplée du sud de la bande de Gaza, lancée le 7 mai pour, selon elle, éliminer les derniers bataillons du Hamas.

Le conseiller à la sécurité nationale israélien, Tzachi Hanegbi, a affirmé mercredi que la guerre pourrait se poursuivre “encore sept mois”, afin d’atteindre l’objectif de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et auteur le 7 octobre d’une attaque sans précédent contre Israël.