Projections de la nouvelle Assemblée nationale : pourquoi il faut rester prudent

Projections de la nouvelle Assemblée nationale : pourquoi il faut rester prudent

Quel visage pour la nouvelle Assemblée nationale ? À 20 heures pile, les Français ont pu voir se dessiner sur leur écran un demi-camembert, censé représenter les projections traduisant les résultats du premier tour des élections législatives. Sur ce graphique coloré, le grand vainqueur, avec près de 33 % des voix, est sans ambages le Rassemblement national, qui pourrait envoyer entre 240 et 270 députés à l’Assemblée nationale, selon la projection Ifop-Fiducial. Dans cette configuration, le parti dirigé par Jordan Bardella raflerait a minima 150 élus de plus qu’en 2022, sans toutefois obtenir la majorité absolue au Palais Bourbon (289 députés).

Sans réussir à menacer le score du RN, largement en tête, le Nouveau Front populaire obtient entre 28 et 29 % des intentions de votes et pourrait avoir, à l’issue du second tour dimanche prochain, de 180 à 200 sièges selon l’Ifop ; 125 à 165 selon Ipsos ; entre 130 et 170 d’après Opinionway ; 115 à 145 selon Elabe. De son côté, la coalition présidentielle Ensemble ! (22,10 %) pourrait compter entre 60 et 90 élus, quand les Républicains seraient crédités de 30 à 50 députés. Le reste de l’hémicycle se répartirait entre 13 à 21 députés divers gauche (DVG), divers droite (DVD) et régionalistes.

Mais les chiffres affichés dimanche soir sur vos écrans doivent être pris avec des pincettes comme le rappelle, dans Le Figaro, François Kraus, directeur du pôle Politique et Actualités à l’Ifop. “Ce sont des estimations qui plaquent un scénario national dans les 577 circonscriptions. Les chiffres qui sortent ne sont que des fourchettes larges.” Difficiles, donc, à cette heure, de remplir l’hémicycle avec des sondages.

@lexpress

Résultats du premier tour : 10 personnalités à la loupe legislatives2024 sinformersurtiktok apprendreavectiktok

♬ son original – L’Express – L’Express

Plusieurs variables laissées de côté

Pour comprendre cette nécessaire précaution, expliquons avant tout comment ces projections sont établies. Les sondeurs se basent sur un échantillon de Français et passent au crible les résultats de 500 bureaux de vote représentatifs. Ces données sont analysées et décortiqués par un algorithme qui prend en considération différents facteurs, comme les possibles triangulaires ou les oppositions gauche droite. À partir de là, des résultats provisoires s’esquissent.

Ainsi, une série de variables déterminantes dans le cadre des élections législatives ne sont pas prises en compte, comme l’ancrage local d’un candidat ou bien le fait qu’un électeur puisse changer d’avis entre deux tours. Par ailleurs, ces projections ont été réalisées sans avoir pris en compte les consignes de vote et de désistement dévoilées au cours de la soirée électorale par les différents partis. Celles-ci pourraient fortement modifier les projections émises avant et juste après le premier tour.

Le poids des consignes de vote

Quelques minutes après 20 heures, dimanche, Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis, a clarifié la ligne de conduite pour le second tour : la France insoumise (LFI) “retirera” ses candidatures dans les circonscriptions où elle est arrivée en troisième position et où le Rassemblement national (RN) est en tête. “Nulle part, nous ne permettrons au RN de l’emporter. […] Notre consigne est simple, directe et claire. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN”, a-t-il exhorté.

Du côté du camp présidentiel, les consignes de désistements restent floues. Dans un communiqué, la majorité présidentielle, Ensemble pour la République, indique : “Dans d’autres circonscriptions, notamment celles où nos candidats sont arrivés en 3e position, nous nous désisterons au profit des candidats en mesure de battre le Rassemblement national et avec qui nous partageons l’essentiel : les valeurs de la République.”

Reste à savoir où s’arrête le cordon sanitaire pour la majorité ? Une chose est sûre : certains insoumis pourraient en être exclus, à l’instar du candidat LFI Raphaël Arnault, militant antifasciste, qui essaiera de vaincre le Rassemblement national dans le Vaucluse.