Que faire face au RN et au NFP ? Le macronisme a rendu l’âme

Que faire face au RN et au NFP ? Le macronisme a rendu l’âme

Le couperet du premier tour de ces législatives anticipées aura fait plus d’une victime. Les anciens ministres d’Emmanuel Macron à l’évidence, et une ribambelle de candidats étiquetés Ensemble défaits ce dimanche 30 juin. Avec cette dissolution, Emmanuel Macron a joué au poker les mains vides et a tout perdu : ses ouailles certes, mais aussi et surtout son identité politique. Ce “macronisme” qui vivait ses belles heures en 2017 a rendu l’âme. Ci-gît ce “et de droite et de gauche” qui lui a permis de brasser large pour composer ses gouvernements successifs avec d’anciens LR autant que d’anciens socialistes, et même d’anciens écologistes. Une dissolution dans la dissolution.

À bien y regarder, chaque composante du macronisme s’en retourne à ses amours de jeunesse. Fini le “en même temps” ! Ainsi ceux qui ont grandi dans les bras de feu l’UMP puis de LR ont fait le choix du “ni LFI ni RN”. Mais les positions de principes des chapeaux à plumes parisiens ne résistent parfois pas aux consciences individuelles et à la réalité de terrain. En Seine-Maritime, Laurent Bonnaterre, candidat Horizons, annonce, lui, son retrait pour faire gagner la députée LFI Alma Dufour face au RN.

Dans la 8e circonscription du Nord, le candidat Ensemble Tarik Mekki, arrivé troisième et en incapacité de se maintenir au second tour, affirme que “pas une voix ne [devait] aller au RN”. Et va même plus loin : “À titre personnel, je voterai pour David Guiraud.” Guiraud, Dufour… Deux candidats d’autant plus problématiques aux yeux de la droite qu’ils n’ont jamais dérogé de la ligne Mélenchon et ont tenu des positions qualifiées d’antisémites depuis le 7 octobre.

Attal et Mélenchon sont sur un bateau

S’il y a presque autant de centrismes que de centristes, il y a aussi presque autant de Fronts républicains et de ni-ni que de macronistes. François Bayrou n’est pas épargné par ces valses hésitations. Celui qui faisait le choix de ne pas choisir entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal en 2007 avant d’en pincer pour François Hollande cinq ans plus tard, au second tour de la présidentielle, appelle au cas par cas. Certains Insoumis comme François Ruffin trouvent grâce à ses yeux, d’autres, trop proches de Jean-Luc Mélenchon, non. Une ligne qui n’est pas celle non plus du premier d’entre eux : Emmanuel Macron. Devant ses ministres lundi 1er juillet, le président de la République a demandé qu’il n’y ait pas “une voix à l’extrême droite”. Et de renchérir : “Il faut se souvenir qu’en 2017 et en 2022, en face, à gauche, tout le monde a porté ce message. Sans cela, votre serviteur et vous ne seriez pas là.”

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Au soir de ce premier tour des élections législatives anticipées, on peut le dire, la Macronie a perdu sa boussole. electionslegislatives2024 politique france sinformersurtiktok apprendreavectiktok

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Et quand la boussole déraille, chacun croit savoir où mène le Nord. Ce qui était équivoque hier ne l’est plus. Le Nouveau Front populaire a lu dans les propos de Gabriel Attal une main tendue, un appel à se retirer quand la gauche, y compris LFI, est en capacité de l’emporter face au RN. Preuve s’il en fallait, dit-on à gauche, le Premier ministre a usé des mêmes mots qu’un certain Jean-Luc Mélenchon en 2017 : “pas une voix pour le RN.” À l’époque pourtant, nombreux sont ceux qui tombaient sur le leader insoumis, l’accusant de créer l’ambiguïté avec des mots qui n’appelaient pas franchement à voter pour Emmanuel Macron dans le second tour l’opposant à Marine Le Pen. Autres temps, autres pudeurs.

Un bric-à-brac de positions, d’avis, de ni-ni, de principes. Le bouquet final d’une recomposition politique démarrée par et avec Emmanuel Macron il y a sept ans. On l’a cru acteur de celle-ci, il n’en était tout compte fait que l’ultime victime. Le macronisme, mort de l’incapacité de son chef à inventer un récit assumé, qui se construit sur autre chose que le seul succès individuel du chef, mort aussi de ne devoir sa survie qu’à l’existence d’une extrême droite forte. Le “dépassement” n’a jamais su être plus fort que la mécanique du métronome de la politique française. Il implose devant une vérité qu’on pensait disparue : il y a la gauche et il y a la droite, tantôt plus extrême, tantôt moins. Ceux qui se targuent de pouvoir enjamber cette réalité ne sont qu’éphémères. Une parenthèse politique dans la Ve République se ferme.