Russie : ce que l’on sait sur les attaques terroristes dans le Caucase

Russie : ce que l’on sait sur les attaques terroristes dans le Caucase

Des hommes armés ont attaqué, dimanche 24 juin, des églises orthodoxes et au moins une synagogue dans le Caucase russe, tuant 19 personnes, dont un prêtre, des policiers et quatre civils, ont annoncé les autorités, en dénonçant des actes “terroristes”.

Que s’est-il passé ?

Les attaques ont eu lieu dans la capitale de la république russe du Daghestan, Makhatchkala, et la ville côtière de Derbent. Ont été visés “deux églises orthodoxes, une synagogue et un check-point de la police”, a annoncé le Comité antiterroriste russe, cité par l’agence Ria Novosti. Des représentants juifs, dont le Congrès juif russe, ont affirmé qu’une deuxième synagogue a aussi été incendiée. Au total, ces attaques contre des églises orthodoxes et une synagogue ont fait au moins 19 morts.

Les autorités ont affirmé qu’un officier de la Garde nationale était décédé, et qu’un autre policier avait succombé à ses blessures. Au total, 16 personnes, dont 13 policiers, ont été blessées et hospitalisées, d’après le ministère. Des individus armés ont également ouvert le feu contre un véhicule transportant des policiers, blessant l’un d’eux, à Sergokala, village situé entre Makhatchkala et Derbent, a encore précisé le ministère de l’Intérieur local aux agences russes. Les synagogues de Derbent et de Makhatchkala ont été incendiées, selon le président du conseil public des communautés juives de la Fédération de Russie, Boruch Gorin.

Des images, reprises par les médias russes, montrent un bâtiment en flammes, présenté comme une synagogue. Sur d’autres vidéos, on peut entendre des coups de feu dans les rues de Makhatchkala, où un important dispositif policier a été déployé. L’authenticité de ces images n’a pas pu être vérifiée par l’AFP dans l’immédiat.

Qui sont les auteurs de ces attaques ?

Pour l’instant, aucun élément ne permet de connaître les motivations ou les identités des auteurs de ces attaques, qui semblent coordonnées. Le Comité d’enquête russe a indiqué avoir ouvert une investigation criminelle sur des “actes terroristes”, sans plus de détails.

Il a ajouté que “la phase active” des opérations à Derbent et Makhachkala “était terminée” et que “six bandits avaient été liquidés”. Les autorités vont tenter de retrouver “tous les membres de ces cellules dormantes qui ont préparé (les attaques) et qui ont été préparés, y compris à l’étranger”, a-t-il ajouté.

Pourquoi ces attaques sont-elles survenues dans la région ?

Le Daghestan est une région russe à majorité musulmane voisine de la Tchétchénie, également proche de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan. Des opérations antiterroristes y sont régulièrement annoncées par les autorités russes. “Les sites religieux chrétiens et juifs du Daghestan sont fréquemment pris pour cible par des extrémistes”, rappelle le Washington Post, cité par Courrier International. En octobre, des émeutes hostiles à Israël avaient éclaté dans l’aéroport de Makhatchkala. Une foule d’hommes avait envahi son tarmac, en pleines tensions à travers le monde liées au conflit entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, au moment de l’atterrissage d’un avion en provenance d’Israël.

La Russie a été visée à de multiples reprises par des attentats et attaques revendiquées par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), même si son influence reste limitée dans le pays. En mars, un attentat revendiqué par l’EI au Crocus City Hall, une salle de concert de la banlieue de Moscou, a tué plus de 140 personnes. Le week-end dernier, plusieurs membres de l’EI ont été tués après avoir pris en otage deux agents pénitentiaires dans une prison du sud de la Russie, selon les autorités.

La Russie a été confrontée à une rébellion islamiste au début des années 2000 dans le Caucase, un mouvement né du premier conflit contre la Tchétchénie séparatiste en 1994-1996. Elle avait été défaite par les forces fédérales russes et ces dernières années, les incidents armés s’y sont fait rares. Près de 4 500 Russes, notamment originaires du Caucase, ont combattu aux côtés de l’EI en Irak et en Syrie, selon des chiffres officiels.

Quelles ont été les réactions en Russie ?

Le dirigeant du Daghestan, Sergueï Melikov, a affirmé dimanche soir que “des inconnus avaient essayé de déstabiliser la société”. “Nous savons qui est derrière ces attaques terroristes et quel objectif ils poursuivent”, a-t-il ajouté par la suite, sans préciser qui était dans le viseur mais en faisant allusion à la guerre en Ukraine. “Nous devons comprendre que la guerre arrive dans nos maisons aussi. Nous le sentions, mais aujourd’hui nous l’affrontons”, a-t-il dit.

Le patriarche Kirill, chef de l’Eglise orthodoxe russe et fervent soutien du Kremlin, a assuré que l'”ennemi” cherchait à détruire “la paix inter-religieuse” en Russie. Son but est de “planter les graines de la haine”, a-t-il dénoncé, sans nommer de responsables. Trois jours de deuil ont été décrétés au Daghestan, de lundi à mercredi, a indiqué l’administration locale.