“Si on frappe, il n’y aura plus de JO…” : dans les médias russes, le discours antifrançais a passé un cap

“Si on frappe, il n’y aura plus de JO…” : dans les médias russes, le discours antifrançais a passé un cap

Ces dernières semaines, les annonces d’Emmanuel Macron ont été remarquées dans l’est de l’Europe : des instructeurs militaires occidentaux pourraient être déployés en Ukraine, Kiev peut maintenant frapper des cibles en Russie à l’aide d’armes occidentales et la délégation russe s’est vue retirer son invitation aux cérémonies du débarquement. A chaque fois, l’initiative a été prise par la diplomatie française. “Une à une, le président français efface les lignes rouges que les Occidentaux s’étaient fixées depuis deux ans sur l’Ukraine”, remarque le journal russe Novaïa Gazeta.

Cet activisme français passe mal dans les médias proches du Kremlin, qui ciblent le locataire de l’Elysée. “Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron [NDLR : le nom complet du président de la République] est désormais perçu comme le principal opposant à la fédération de Russie, un personnage particulièrement nuisible, souligne le journal économique Kommersant. Il n’a jamais été un allié, mais jusqu’à présent nous pouvions le traiter avec simple condescendance. Maintenant, il a complètement basculé du mauvais côté : il provoque, il menace et ne défend que ses propres intérêts.”

Une étrange nostalgie de la Guerre froide

Selon ce journal moscovite, l’annulation de l’invitation aux 80 ans du débarquement en Normandie constitue un affront singulier pour la diplomatie russe : “La Seconde Guerre mondiale restait un lien entre nous, mais apparemment les Français ont décidé de tourner la page. De nos jours, chacun a ses propres dates de mémoire, ses propres célébrations. Après tout, l’Histoire a toujours été prise en otage par la politique…”

En ces jours de tensions, la presse russe se montre nostalgique d’une époque lointaine, faite de désaccords clairs entre pays et de blocs géopolitiques établis. En bref, la Guerre froide. “De l’autre côté du rideau de fer, le monde était gouverné par des hommes sévères et des dames de fer, dans les pires des cas par des colonels fringants, soulève le journal Moskovski Komsomolets. Ils n’aimaient pas nos propres généraux, ils ne nous aimaient pas tout court. Ils étaient des ennemis, mais leurs mots avaient une certaine valeur. Ils ont été remplacés par des Macron…”

Attention, France!

Attention, International Olympic Committee!

Russian propagandist Solovyev suggests strikes on France and holding the Olympics in Russia instead. pic.twitter.com/3m5H9Fx637

— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) May 31, 2024

A la télévision d’Etat, le discours antifrançais a aussi passé un cap. Le 30 mai, le présentateur vedette Vladimir Soloviev, sur Rossiya 1, assure que “Paris devrait se méfier, en particulier avec les Jeux olympiques qui approchent”. Drapé de noir au milieu de ses invités, il poursuit : “Si on frappe, il n’y aura plus de Jeux olympiques… Les sponsors ne seront pas contents. Ou alors je propose de frapper la France, puis on organise les Jeux olympiques chez nous.” Le même hésitait, début mars, sur l’identité de la première ville française à bombarder : “Paris ou Marseille ? Ou peut-être Lyon, une belle ville qui a un festival des lumières.”

Coup de bluff ou divagations inquiétantes ? De la part de Soloviev, un animateur télé capable de murmurer à l’oreille de Vladimir Poutine, tout est possible.