TotalEnergies : les recommandations du Sénat sur la stratégie du géant français

TotalEnergies : les recommandations du Sénat sur la stratégie du géant français

TotalEnergies passé au gril du Sénat : la chambre haute a dévoilé ce mercredi 19 juin une série de recommandations pour garantir le respect par le groupe pétrolier des engagements climatiques de la France, après plusieurs mois de travaux d’une commission d’enquête transpartisane.

Initiée en décembre par le groupe écologiste au Palais du Luxembourg, cette commission d’enquête est parvenue à achever ses travaux la semaine passée avec l’adoption d’un rapport à l’unanimité, une prouesse dans une assemblée dominée par une alliance de la droite et du centre. Après avoir mené plus de 40 auditions, cette commission d’enquête “sur les moyens mobilisés et mobilisables par l’Etat pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France”, formule 33 recommandations à l’adresse de l’Etat.

L’Etat devrait détenir une “action spécifique”

La première préconise “la détention par l’Etat d’une action spécifique au capital de TotalEnergies”. Celle-ci “permettrait à l’Etat de disposer d’un ‘droit de regard’ sur les évolutions actionnariales du groupe et d’une plus grande information, voire une plus grande influence, en ce qui concerne les décisions stratégiques de son conseil d’administration”, souligne le rapport. La commission d’enquête justifie cette proposition au vu de “l’évolution des menaces qui pèsent sur la souveraineté énergétique de la France et de l’Europe, de l’évolution de la structure de l’actionnariat de TotalEnergies”, très tourné vers les Etats-Unis, “et de la nécessité d’accompagner une major européenne dans ses efforts de transition énergétique”.

L’hypothèse de voir TotalEnergies délocaliser sa cotation principale à New York “a fait réagir le Sénat”, explique le sénateur écologiste Yannick Jadot, rapporteur de cette commission présidée par le LR Roger Karoutchi. “La France accompagne ceux qui croient en la France, pas les autres. Je pense que Total n’a jamais eu à se plaindre d’être français quand il partait sur ses marchés à l’export”, a récemment tancé, dans les colonnes de L’Express, Emmanuel Macron.

L’arrêt des importations de GNL russe

Le rapport juge également nécessaire de “hisser la France en position de pionnier par rapport aux autres pays européens, en proposant l’inclusion du GNL (gaz naturel liquéfié) russe aux produits énergétiques sous sanctions européennes et en donnant l’exemple par l’arrêt dès que possible des importations de GNL russe en France”. Le GNL, gaz liquide acheminé par navires, est très convoité en Europe notamment depuis l’invasion de l’Ukraine et l’assèchement des approvisionnements de gaz russe par les gazoducs terrestres. TotalEnergies importe du GNL russe depuis des champs gaziers en Sibérie.

Le rapport demande également “l’arrêt des nouveaux projets ou de nouvelles phases de projets en cours impliquant des entreprises françaises dans le secteur des hydrocarbures en Azerbaïdjan”, par ailleurs pays hôte de la prochaine conférence climatique de l’ONU (COP29) en novembre. “Il y a six mois, qui aurait pu prédire que nous sortirions de cette commission d’enquête avec un rapport consensuel ?”, a souligné Yannick Jadot devant la presse, en évoquant un rapport “de compromis” qui “fait honneur au Sénat”.

Alors qu’elle fête en 2024 son 100e anniversaire, la multinationale pétro-gazière et son PDG Patrick Pouyanné continuent de concentrer les critiques d’associations sur leur refus de sortir trop vite du pétrole, une stratégie assumée par le groupe lors de son audition au Sénat.