Ukraine : la Corée du Nord s’apprête-t-elle à envoyer des troupes pour aider la Russie ?

Ukraine : la Corée du Nord s’apprête-t-elle à envoyer des troupes pour aider la Russie ?

C’est un soutien qui ne passera pas inaperçu. Selon des informations des autorités sud-coréennes, la Corée du Nord s’apprêterait dans les prochains jours à envoyer ses soldats sur le front ukrainien pour prêter main-forte à l’armée russe.

Il s’agirait essentiellement de “troupes de génie” qui se consacreront aux travaux de reconstruction et de fortification dans les territoires occupés du Donbass. Chacun de ces soldats toucherait une solde mensuelle de 800 dollars américains, ce qui constituerait une rentrée de devises considérable pour le régime de Pyongyang, a rapporté la chaîne de télévision privée sud-coréenne TV Chosun, citant un haut fonctionnaire sud-coréen.

Mais selon un expert militaire interrogé par le journal économique de Kiev, RBK-Ukraine, pour Moscou, la priorité n’est pas à la reconstruction. “Ce n’est pas dans ce domaine que l’armée russe a le plus besoin de renfort, mais bien en première ligne, pour les opérations offensives”, prévient ainsi Ivan Kiritchevskyï.

Des livraisons d’armes déjà en place

Le 19 juin dernier, Vladimir Poutine a effectué une visite d’Etat en Corée du Nord pour renforcer les liens en matière de défense entre les deux pays dans le contexte de l’opération militaire russe en Ukraine. Si l’envoi de troupes nord coréennes en Ukraine se concrétisait, il s’agirait alors de la première concrétisation de “l’accord d’assistance commune en cas d’agression militaire” signé en grande pompe par Vladimir Poutine et Kim Jong-un lors de leur rencontre.

Autrement dit, cet accord prévoit une assistance mutuelle en cas d’attaque contre l’un ou l’autre des signataires et oblige les deux pays à coopérer dans les domaines de la défense et des technologies militaires, ainsi que dans les domaines de l’économie et de la science.

En outre, la Russie et la Corée du Nord sont déjà soupçonnées de collaborer. Ce samedi 29 juin, les Etats-Unis et des pays alliés ont accusé Pyongyang d’enfreindre les mesures de contrôle d’armes en vendant, selon Washington, des missiles à la Russie utilisés dans la guerre en Ukraine. “Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces transferts illégaux, qui ont largement contribué à la capacité de la Russie à mener sa guerre contre l’Ukraine”, a déclaré Robert Wood, ambassadeur adjoint américain à l’ONU, avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à ce sujet. Jonah Leff du Conflict Armament Research (CAR), qui traque l’utilisation des armes dans les guerres, a déclaré au Conseil de sécurité qu’il avait trouvé des preuves de l’utilisation de missiles balistiques nord-coréens en Ukraine.

Risque de “libérer la puissance de combat russe”

L’information concernant la possible venue de troupes nord-coréennes sur les territoires occupés par la Russie est par ailleurs prise très au sérieux par les alliés de l’Ukraine, en particulier les Etats-Unis.

Dans son dernier bulletin, daté du 26 juin, le think tank Institute for the Study of War (ISW) estime que le soutien de l’armée nord-coréenne pourrait “libérer la puissance de combat russe pour des opérations offensives le long de la ligne de front”. “L’armée nord-coréenne disposerait actuellement de dix brigades de génie et pourrait envoyer trois ou quatre d’entre elles sur le terrain”, avertit en outre l’ISW.

De son côté, Kiev déplore un manque de réactions internationales. “Non seulement la Corée du Nord s’est discrètement affranchie des sanctions et s’est engagée activement dans une coopération militaire avec la Fédération de Russie, mais elle envoie maintenant des troupes spéciales de génie pour participer directement à la guerre contre l’Ukraine du côté de l’agresseur”, s’est insurgée le porte-parole de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podolyak, sur son compte Telegram. Et d’ajouter : “Personne ne dit rien.”

L’ambassadeur nord-coréen à l’ONU, Kim Song, a déclaré au Conseil de sécurité qu’il n’y avait “aucune raison de s’inquiéter” et que l’accord signé visait à “promouvoir le progrès” des relations entre les deux pays. Tandis que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé “ignorer” cette information.