“Une campagne dans la campagne” : après son naufrage contre Trump, Biden tente le tout pour le tout

“Une campagne dans la campagne” : après son naufrage contre Trump, Biden tente le tout pour le tout

“Quarante-huit heures pour rattraper un débat de 90 minutes”. C’est ainsi que le New York Times résume le défi auquel est confronté Joe Biden, après un débat télévisé catastrophique contre son rival à l’élection présidentielle, Donald Trump, suite auquel des voix se sont élevées pour demander qu’il laisse la place à un candidat démocrate plus solide. Se refusant à cette éventualité, le président américain et son entourage ont multiplié ces derniers jours les meetings et rendez-vous auprès de soutiens ou donateurs clés.

“Les 48 heures qui ont suivi le débat ont été une campagne dans la campagne, visant à sauver la candidature soudainement vacillante de Joe Biden. Un effort de plusieurs jours pour limiter les dégâts et faire pression sur les élus démocrates anxieux, les militants et les donateurs pour qu’ils soutiennent le président”, analyse le quotidien new-yorkais. Comme pour prouver qu’il a encore toute sa vitalité, le candidat de 81 ans et plus vieux président de l’Histoire des Etats-Unis, a enchaîné en quelques jours sept évènements dans quatre états différents.

En commençant dès le lendemain de sa défaite par un meeting en Caroline du Nord, où il a cherché à donner l’image d’un candidat ressaisi. “Joe Biden a parlé d’une voix plus forte et plus stable que le ton faible et rauque qui avait troublé même ses alliés pendant le débat”, rapporte Tyler Pager, journaliste politique au Washington Post. Le président a d’ailleurs présenté son mea-culpa au sujet de sa prestation ratée : “Je ne marche plus aussi facilement qu’avant. Je ne parle plus aussi facilement qu’avant. Je ne débats pas aussi bien qu’avant. Mais je sais dire la vérité. Je sais distinguer le bien du mal. Je sais comment faire ce travail”, s’est-il défendu.

Mobilisation des ténors démocrates

Pour relayer le message, plusieurs ténors du parti sont sortis en défense de Joe Biden, tels que les anciens présidents Bill Clinton, ou encore Barack Obama, figure très respectée au sein des démocrates. “De mauvaises soirées de débat arrivent. Faites-moi confiance, je sais. Mais cette élection reste un choix entre quelqu’un qui dit la vérité ; qui sait distinguer le bien du mal et quelqu’un qui ment jusqu’aux dents pour son propre bénéfice. La nuit dernière n’a rien changé à cela”, a déclaré ce dernier sur X (anciennement Twitter).

Bad debate nights happen. Trust me, I know. But this election is still a choice between someone who has fought for ordinary folks his entire life and someone who only cares about himself. Between someone who tells the truth; who knows right from wrong and will give it to the…

— Barack Obama (@BarackObama) June 28, 2024

“Des porte-parole éminents, y compris parmi ceux qui pourraient être candidats à sa succession, ont défendu Joe Biden sur les chaînes d’information en continu. Certains des plaidoyers les plus intenses se sont déroulés à huis clos, lors de collectes de fonds privées et dans une rafale de conversations nocturnes et matinales”, relate également le New York Times. Le quotidien raconte par exemple comment la directrice de campagne de Joe Biden, Jen O’Malley Dillon, aurait effectué une série d’appels auprès de soutiens clés en “les exhortant à ne pas réagir de manière excessive”, au lendemain du duel. “Les efforts déployés à tous les niveaux ont montré l’ampleur des dégâts causés par Joe Biden à sa campagne en à peine 90 minutes”, analyse encore le journal.

Réunions auprès des donateurs

En coulisses se joue une autre bataille, d’ordre financier cette fois-ci. Joe Biden a multiplié les réunions auprès de ses donateurs pour les convaincre de ne pas relâcher leurs efforts : samedi 29 juin, il s’est ainsi rendu dans les Hamptons (New York), à un événement du milliardaire Barry Rosenstein, auprès de plus de 200 participants, avant d’enchaîner un dîner privé au domicile du gouverneur du New Jersey Phil Murphy, où il a récolté 3,7 millions de dollars, auprès cette fois-ci d’une cinquantaine de participants, selon le New Jersey Globe.

“Je comprends l’inquiétude après le débat”, a déclaré à cette occasion Joe Biden. “Je n’ai pas passé une bonne soirée, mais je vais me battre plus fort”, a-t-il assuré, soulignant également que, selon lui, la prestation de Donald Trump n’avait pas non plus été convaincante pour les électeurs. “Certes, d’après des sondages à chaud, Trump avait largement remporté le débat. Mais les proches de Biden ont affirmé que la conclusion d’enquêtes qualitatives sur des groupes resserrés d’électeurs était plus nuancée. Les participants ont en effet trouvé Biden très mauvais par moments, mais la prestation de Trump a aussi contrarié des téléspectateurs”, indique le Washington Post.

Outre les plus gros soutiens financiers, les conseillers de Joe Biden ont annoncé que la campagne avait récolté 14 millions de dollars en ligne, le jour du débat et le lendemain matin. Il est néanmoins difficile de savoir quelle va être l’attitude de ces soutiens financiers, très volatiles : “Dans des discussions de groupe, certains démocrates fortunés ont évoqué des interventions, d’autres espéraient que Joe Biden aurait une révélation et déciderait de se retirer de lui-même, et d’autres encore ont élaboré des stratégies pour orienter les fonds vers des candidats de second plan”, révèle le New York Times.

Certains sont même allés jusqu’à se demander comment ils pourraient approcher Jill Biden, la femme de Joe Biden, que l’on sait être un soutien et une conseillère très écoutée du président américain. Il est probable que leur comportement évolue en fonction de l’avancée de la campagne et des positions des deux camps dans les sondages. Selon une enquête publiée par The Economist le dimanche 30 juin, Donald Trump est légèrement en tête, avec 45 % des intentions de vote, contre 44 % pour Joe Biden.