Voitures électriques : le calendrier de tous les dangers, par Eric Chol

Voitures électriques : le calendrier de tous les dangers, par Eric Chol

Etes-vous plutôt fin de mois ou fin du monde ? Voiture à essence ou véhicule électrique ? A moins que, partisan du juste milieu, vous n’ayez opté pour un moteur hybride ? Raté, à partir de 2035, les voitures neuves dotées d’un moteur thermique seront interdites à la vente en Europe, idem pour les véhicules hybrides. Ainsi en a décidé le Parlement européen en 2022. Cette marche forcée vers le zéro émission s’inscrit dans le Pacte vert de l’Europe : l’urgence climatique vaut bien l’arrêt des moteurs thermiques.

Pourtant, la trajectoire pose question. Certes, un calendrier sans échéance, c’est comme une voiture sans moteur : ça ne sert à rien. C’est pourquoi les eurodéputés, poussés par un lobby écolo puissant, ont imposé cette date de 2035. Pour y arriver, des temps de parcours ont été fixés. Ce grand bazar technocratique a valu à l’Europe les applaudissements du monde entier, le Vieux Continent remportant la palme du reverdissement. Tant mieux, on ne pourra plus accuser les Européens de regarder ailleurs quand la maison brûle.

Hélas, ce sont aujourd’hui les maisons automobiles qui brûlent, et nos bons eurocrates regardent ailleurs. La réalité est pourtant sous leurs yeux : les fameux temps de parcours sont trop courts pour permettre aux constructeurs automobiles de s’adapter, d’autant que le Covid, la guerre en Ukraine, le bouleversement des chaînes logistiques et l’inflation sont passés par là.

De premières amendes dès 2025 ?

Il y a donc urgence à revoir le calendrier, à moins de vouloir mourir guéris. Car l’injonction du véhicule propre à tout prix risque fort de se transformer en corbillard pour plusieurs constructeurs européens. De Madrid à Berlin, de Paris à Athènes, les voitures électriques ne sillonnent pas encore les routes en nombre suffisant pour prendre le relais des véhicules thermiques. Le tic-tac de Bruxelles, lui, se poursuit, avec des premières amendes qui pourraient tomber dès 2025 pour les constructeurs trop pollueurs. On parle d’une quinzaine de milliards d’euros, de quoi assommer des fabricants automobiles, déjà sous la pression des concurrents chinois.

Et ce n’est pas tout. “Tant que les écarts de production entre les véhicules électriques chinois et européens restent aussi larges, l’obligation de 2035 va entraîner une ponction sur le pouvoir d’achat inacceptable pour la population. Nous nous préparons à une vaste colère sociale type gilets jaunes à l’échelle de toute la zone euro”, prévient Christian Gollier, spécialiste du climat, et directeur général de la Toulouse School of Economics.

A l’Europarlement, où les Verts ont pris une claque aux élections de juin, on devrait méditer le rapport Draghi, qui rappelle que l’industrie automobile représente 14 millions d’emplois européens. Il y est précisé que le fameux “Green Deal européen” repose sur la création de nouveaux emplois verts, de sorte que “sa viabilité politique pourrait être menacée si la décarbonation conduisait à la désindustrialisation en Europe – y compris des industries qui peuvent soutenir la transition verte”. Encore un instant, Monsieur le bourreau vert ?

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