“Welcome to Gaza !”, épisode 3 : la suite de la pièce inédite de Robert Littell

“Welcome to Gaza !”, épisode 3 : la suite de la pièce inédite de Robert Littell

Cet été, L’Express publie une œuvre inédite du maître du roman d’espionnage, Robert Littell – auteur, notamment, du best-seller La Compagnie. Dans Welcome to Gaza !, l’écrivain délaisse les espions et nous livre une tragédie en un acte – ainsi qu’un vibrant manifeste pour la paix – qui se déroule en Israël le 7 octobre 2023. Résumé des épisodes précédents : Justine, une Israélienne vivant dans un kibboutz près de la bande de Gaza s’est réfugiée dans une buanderie sans fenêtres (et sans verrou) qui sert aussi d’abri sécurisé. Elle appelle son père David – que l’on devine, d’après la conversation bien plus religieux et nationaliste qu’elle. Il est au reste membre du gouvernement de Netanyahou. Dans le deuxième épisode, Justine reçoit également un appel de sa fille de 16 ans, Ayelet. Le troisième épisode s’ouvre alors qu’Ayelet vient de raccrocher, et que Justine reprend la conversation avec son père, David.

EPISODE 2 – Robert Littell, sa pièce “Welcome to Gaza !” en exclusivité sur L’Express : découvrez la deuxième partie

Justine

C’était ta petite-fille, papa. Elle m’a dit quelque chose d’adorable : qu’elle a besoin de moi vivante.

David

Ça va sans dire…

Justine

Non, papa. Ce n’est pas une évidence. Ecoute, puisque j’ai toute ton attention pour une fois, il y a une chose que je veux te demander depuis des années… mais je n’ai jamais trouvé le courage.

[Elle inspire un grand coup.]

Puisque la seule chose qui me sépare de ceux qui m’ont volé mon rire est un vieux lave-linge, je me dis que c’est le moment ou jamais. C’est à propos de ton service militaire… et de ce qu’avait écrit ce journaliste…

David

C’était un tissu de calomnies. Il s’est excusé. Son journal s’est rétracté…

Justine

Le journal s’est rétracté quand tu l’as menacé de poursuites judiciaires. Il disait que tu étais membre de…

David

[Il la coupe.]

Le nom de l’unité, c’est secret-défense.

Justine

Merde, j’ai mis le temps mais ça y est, je pige, papa ! Je comprends, maintenant, pourquoi tu veux que je parle anglais, pourquoi je devrais dire que je ne suis pas juive. S’ils découvraient que je suis la fille de…

David

Je veux te faire parler anglais pour te sauver la vie.

Justine

Si jamais ils repoussent mon lave-linge et entrent dans mon abri, je te jure que je leur dirai que mon père est bien le seul, l’unique, le célèbre David ben-Ibrahim !

David

Tu me punis d’avoir servi mon pays…

Justine

S’ils me tirent dessus, ou pire, s’ils m’enlèvent et m’emmènent à Gaza, c’est moi qui serai punie. Pour le simple crime d’être ta fille juive…

David

Ce n’est pas le moment de régler les comptes, Justine.

Justine

Si ce n’est pas moi, qui le fera ? Et si ce n’est pas maintenant, quand ?

David

Si tu parles des rumeurs répandues par ce fumier de journaliste, ce sera jamais. Il y a des comptes qu’on n’a pas besoin de régler. Je suis un patriote israélien. J’ai suivi des ordres…

Justine

C’est ce que disait Eichmann quand Israël l’a jugé – puis pendu – pour avoir exterminé des juifs. ‘Je n’ai fait que suivre les ordres.’

Tu n’oses quand même pas comparer ton père à Eichmann !

David

David

[Furieux, crachant ses mots.]

Tu n’oses quand même pas comparer ton père à Eichmann ! Si tu survis…

Justine

Si ! Si ! Tu as bien dit si ? Tu m’avais promis que je survivrais !

[Taquine]

Ahhh, tu commences à avoir des regrets ! Avoue-le, mon cher père, tu es ambivalent : tu plaisantes sur le fait que je te gâche la vie, mais je vois : en fait, ce n’est pas de la blague, je te la gâche vraiment !

[Prenant un malin plaisir à lui gâcher la vie.]

Se pourrait-il que dans un lobe de ton cerveau bien endoctriné, un patriote israélien comme toi – ha ! Vétéran d’une unité patriotique super-secrète dont on ne peut pas dire le nom, impliquée paraît-il dans des assassinats ciblés en Judée, en Samarie, au Liban et en Syrie – admire en secret et à contrecœur ces brutes du Hamas ?

David

Mettre les patriotes israéliens dans le même panier que les terroristes du Hamas, c’est ignoble, mais je t’excuse, Justine : tu es terrifiée, tu ne fais plus attention à ce que tu dis. Je ne devrais même pas avoir à te l’expliquer : les ennemis qui ont été neutralisés avaient du sang juif sur les mains…

Justine

Et les patriotes israéliens tels que toi ont leur sang à eux sur leurs mains de juifs. Vous pensiez vraiment… Les gens qui donnaient des ordres aux patriotes comme toi, ils pensaient vraiment… que tuer ces gens allait changer quoi que ce soit ?

David

Nous étions convaincus… Moi, j’étais convaincu… Les donneurs d’ordres étaient convaincus que ça les forcerait à bien réfléchir avant de poser une nouvelle bombe dans un bus israélien.

Justine

J’imagine que tu connais l’expression “cercle vicieux”…

David

Et je suppose que toi et tes amis gauchistes, sans parler de ton amant occasionnel gauchiste, et sans parler de ton mari au cœur tendre, Uri, vous connaissez l’expression “œil pour œil”. C’était une question de survie, ma petite chérie naïve… La survie des juifs, la survie d’Israël comme terre juive, au nom du Christ !

Justine

Ah nom de qui ? Ha, on dirait bien que je t’ai contaminé, papa ! Voilà que tu prononces encore le nom interdit !

David

Changeons de sujet. Il y a des choses dont je n’ai pas le droit de parler, même avec toi.

[Un petit rire.]

Surtout avec toi.

Justine

[Calmement.]

Je comprends, papa. Tu te sens plus en sécurité en taisant certaines choses. Maman m’a dit un jour que tu te fermais comme une huître chaque fois qu’elle essayait de te parler. Je comprends qu’elle t’ait quitté : vivre avec une huître, ce n’est pas super intime. Quand on y pense, refuser de parler des choses, bizarrement, ça peut être aussi révélateur qu’en parler. Ha ! C’est exactement le genre de truc que dirait un psy ou un rabbin. J’ai peut-être raté ma vocation !

[Une tonalité sur son téléphone.]

Je te mets en attente, papa. Surtout ne quitte pas.

[David, dans son bureau à l’arrière droite, disparaît dans le noir tandis qu’un projecteur éclaire un nouveau décor sur la scène : Uri, à l’aéroport JFK de New York, attend l’embarquement de son vol El Al. Il parle à Justine sur son smartphone.]

Justine

[Criant dans le téléphone.]

Uri, Uri, c’est toi ? T’es où, putain ?

Uri

Je suis à Kennedy, j’attends l’embarquement. Mon cœur s’est arrêté quand j’ai regardé les nouvelles sur CNN… Ils ont l’air de dire que le Hamas est entré dans le kibboutz…

Justine

[Avec ironie.]

Ah oui, c’est ce qu’ils disent ? Bah, tu sais comme la presse exagère… Des gamins allument des pétards pour les fêtes et CNN en conclut qu’il y a des terroristes dans le kibboutz. Dis-moi, Uri, tu pourrais me rapporter quelque chose de New York ?

Uri

Bien sûr. Tout ce que tu veux. Quoi donc ?

Justine

Va voir au duty-free s’ils n’auraient pas un verrou pour la porte de l’abri.

“Welcome to Gaza ! – Dialogue de sourds en un acte” : la pièce inédite de Robert Littel à lire sur L’Express.

Uri

Oh non… Tu ne peux pas savoir comme je suis désolé, Justine.

Justine

Désolé ? Et moi, je me sens comment, à ton avis ? J’entends des cris, Uri. J’entends des hommes crier en arabe, putain de merde. Je suis assise sur un tas de linge sale, à attendre de me faire buter…

Uri

Je peux te suggérer quelque chose ?

Justine

Vas-y, suggère. Dieu sait que je suis ouverte aux suggestions.

Uri

Essaie de pousser le lave-linge contre la porte.

Justine

C’est ça, ta solution à mon calvaire ?! Mais est-ce que tu as bien réfléchi, Uri ? Si le lave-linge est contre la porte, on ne peut plus le brancher. S’il n’est pas branché, comment je fais la lessive ? Tu peux me le dire ? Comment faire pour que tu trouves tes slips propres et bien pliés dans ton tiroir en rentrant ?

Uri

Arrête, Justine, calme-toi.

Justine

C’est ça qu’il faut que je fasse ? Que je me calme ?

[Une rafale de mitraillette dans la rue. Justine frissonne.]

Dis, si jamais il m’arrive quelque chose, n’oublie pas qu’Ayelet va chez l’orthodontiste en novembre. C’est une galère d’obtenir un rendez-vous dans ce cabinet à Beer-Sheba…

Uri

[Emu.]

Tu l’y emmèneras toi-même, Justine.

Justine

[Luttant contre les larmes.]

Tu ne dis pas ça juste comme ça ? Tu penses que je serai encore en vie, que c’est moi qui l’emmènerai ?

Uri

Je ne le crois pas, je le sais. Ce n’est pas possible autrement. De toute manière, je me perds toujours quand je vais à Beer-Sheba, comme la fois où j’ai voulu acheter un chien à Ayelet mais où je n’ai jamais réussi à trouver le chenil…

[L’embarquement est annoncé par haut-parleur à JFK : ‘Vol El AL 26 pour Tel Aviv, embarquement immédiat porte 7…’]

Mince, on embarque, Justine. Il faut que j’y aille…

Justine

Je tâcherai de laver et de repasser ton linge…

[Sa voix se brise.]

S’il y a vraiment un dieu, tu trouveras tes slips pliés dans le tiroir…

Uri

Je t’aime, chérie…

Justine

Ouais. Moi aussi. Moi aussi je t’aime, Uri.

[La ligne est coupée, le projecteur s’éteint. La lumière se rallume sur David dans son bureau.]

David

[De retour en ligne avec sa fille.]

Tu es là, Justine ? J’ai une nouvelle qui devrait te remonter le moral. Ma secrétaire vient de recevoir un “What’s Up” ou je ne sais quoi d’Uri. Il rentre de New York…

Justine

Je viens de lui parler – il allait monter dans l’avion.

[Avec amertume.]

Je lui ai demandé de m’acheter un verrou au duty-free. Tu penses qu’il sera là à temps pour le poser sur la porte ?

David

[Pressé de changer de sujet.]

Puisqu’on parle d’Uri, il fut un temps, après la naissance de votre fille, où j’ai bien cru que vous alliez divorcer…

Justine

Tu espérais qu’on divorce. Tu ne l’as jamais aimé.

David

Ce n’est pas que je ne l’aimais pas. Simplement, c’était gênant, étant donné mon poste au gouvernement, d’avoir un gendre qui n’avait jamais fait l’armée.

Justine

Comme tout le monde dans ce pays de lait et de miel, il a voulu donner ses deux ans huit mois, mais l’armée, dans son infinie sagesse, ne recrute pas ceux qui ont une cardiopathie congénitale.

David

Sa cardiopathie ne l’a pas empêché d’aller à New York donner une conférence sur les poètes yiddishs du XIXe siècle dans les shtetls de Lituanie.

Au bout de seize ans de mariage, on s’ennuyait à mourir, pour tout te dire.

Justine

Justine

Ne crache pas sur les poètes yiddish du XIXe siècle : ils ont été parmi les premiers à imaginer les juifs regagnant leur royaume ancestral après deux mille ans. Au fait, ça ne change rien mais sache que c’était réciproque : Uri ne t’a jamais trop apprécié, papa. Il considérait ton obsession du ‘de la mer au Jourdain’ comme un fantasme de shtetl. Mais, surprise ! Tu n’avais pas tort, pour une fois. Je parle du divorce. Au bout de seize ans de mariage, on s’ennuyait à mourir, pour tout te dire. On se croisait comme des paquebots dans la nuit. Il y a eu une période où les seuls moments où on se parlait, c’était pour discuter d’une séparation.

[Avec un rire amer.]

Ça aurait réglé le problème de ses trajets entre ici et l’université…

David

Qu’est-ce qui vous en a empêchés ?

Justine

Le sexe, figure-toi. On a vu un conseiller conjugal, qui avait une théorie originale : selon lui, les couples qui baisent une fois par semaine viennent à bout de tous leurs problèmes…

David

[Essuyant distraitement ses verres de lunettes.]

Pas besoin d’en savoir plus, merci.

[Contrarié.]

Et tant qu’on y est, est-ce que ça te tuerait d’éviter le langage de charretier que tu as acquis dans ta fac américaine ? Tu sais bien que ça m’exaspère.

Justine

[Avec un rire amer.]

Plus ça t’énerve, plus ça m’encourage.

[Sur le bureau de David, le téléphone rouge émet une sonnerie plus stridente que le noir.]

“Welcome to Gaza ! – Dialogue de sourds en un acte” : la pièce inédite de Robert Littel à lire sur L’Express.

David

Il faut que je prenne cet appel, Justine.

[Il décroche le téléphone rouge ; on entend clairement ses propos, amplifiés par haut-parleur dans le théâtre ; la voix à l’autre bout est distordue, inintelligible.]

Ici David…

Shalom, Bibi…

C’est un massacre, ils tirent sur tout ce qui bouge : deux filles de l’IDF en uniforme qui ont tenté de se rendre, des kibboutzniks en voiture, une famille entière brûlée vive chez elle…

Je crains que ce ne soit une estimation basse, Bibi, mes hommes me disent que ça pourrait monter jusqu’à mille, Dieu nous en préserve… Un pogrom, absolument, mais un pogrom alors que nous sommes aux manettes… Nous sommes dans un no man’s land politique, quelle que soit notre riposte… Si nous jouons correctement nos cartes, les Israéliens rendront les Palestiniens en bloc responsables du terrorisme – nos partenaires de coalition donneront le ton : La violence est dans l’ADN des Palestiniens ! Avec un peu de chance, ce pogrom aura définitivement raison de cette idée tordue d’Etat palestinien… Je suis d’accord sur toute la ligne, mon ami, ça n’aurait aucun sens de céder aux Américains et de mettre sur la table une solution à deux Etats…

A mon avis, même parler simplement d’un Etat palestinien reviendrait à offrir au Hamas une immense victoire… Exactement, le meurtre doit être châtié, pas récompensé… Non, non, je ne vois pas les Américains nous abandonner, tant que nous nous en tenons à la ligne qui a toujours fonctionné avec Washington : nous sommes pour la paix, mais malheureusement nous n’avons personne à qui parler… Il faut s’employer à exterminer entièrement le Hamas sans faire monter l’Autorité palestinienne à Ramallah, il faut évoquer la possibilité de reconstruire les 21 colonies juives que nous avons abandonnées à Gaza… Merci de vous en enquérir, je me fais un sang d’encre, j’étais au téléphone avec elle quand vous avez appelé… Dans son abri, oui… Terrifiée, vous pensez bien… Lehitraot, Bibi.

[Il reprend le téléphone noir.]

Justine

C’est bien ce que je crois, papa ? Ce Bibi à qui tu parlais, c’était le Bibi ?

[Il ne répond pas.]

J’en déduis que oui. Vous pensez sérieusement pouvoir exterminer le Hamas ?

David

Tu crois qu’on a le choix ? Ils menacent de nous attaquer une deuxième, une troisième, une quatrième fois, ils se sont juré de s’en prendre à nous jusqu’à ce qu’Israël n’existe plus.

[Des avions de chasse passent au-dessus du kibboutz dans un bruit de tonnerre, puis on entend des déflagrations au loin.]

On dirait que nos pilotes ont déjà commencé… Avec un peu de chance, nous ajouterons une nouvelle Nakba à la liste des malheurs qu’ils ont soufferts aux mains des juifs.

Justine

La doctrine ‘shock’n awe’ version israélienne, voilà la solution ! En tout cas, toi et ton grand copain Bibi, vous n’allez pas vous abîmer les yeux à lire des livres d’histoire, c’est sûr est certain. Nos F-16 américains, nos chars Merkava, nos paras – nos exécutions ciblées ! –, tout ça ne fait que leur amener des recrues et ne produit que plus de destruction. Pour chacun d’entre eux que vous tuez – à Gaza, en Judée, en Samarie – il y a une douzaine de fils, de frères, de cousins et d’oncles…

[Avec un rire amer.]

… et même de tantes… qui font la queue pour reprendre le flambeau.

David

J’ignorais que ma fille était une experte des complexités du contre-terrorisme.

Justine

[Avec un ricanement narquois.]

Non mais tu t’entends parler ? Tu ne vois même pas l’arrogance de ce que tu dis ! On comprend les complexités quand on vit à un jet de grenade de Gaza – pas quand on l’observe depuis un satellite espion dans un bureau climatisé à Tel-Aviv.

David

A vol d’oiseau, on est bien placé pour se renseigner sur Gaza…

Justine

Eh bien tes oiseaux devaient dormir, ce matin…

David

[Parti sur sa lancée.]

Le Hamas a une aile politique et une aile militaire. Nous gardons un œil sur les deux – et nous tendons aussi l’oreille – avec nos satellites espions. Etant donné les événements sur le terrain aujourd’hui, il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas voir que l’aile militaire a pris le dessus…

Justine

Aile politique, aile militaire, aile de poulet… On dirait le menu d’un restau chinois casher ! Hé, ho, papa, ce n’est pas la première fois qu’ils nous attaquent au lance-roquettes : c’est pour ça qu’on a des abris. Ils ont déjà lancé des raids, pris des otages. Aussi loin que remontent mes souvenirs, on a toujours joué avec le feu et fait des guerres sans fin. Qu’est-ce qui a changé ?

David

Tout. Avant, nous suivions tous un scénario non écrit. De temps en temps ils soulevaient une petite tempête de sable. De temps en temps, nous fauchions les hautes herbes. Ensuite, chacun retournait dans le confort du statu quo. Ça, c’était avant. Maintenant, c’est maintenant. Ce qui a changé, c’est qu’ils ont jeté le scénario…

[Un boum sonore ; David se lève d’un bond.]

Qu’est-ce que c’était ?

Justine

[Chuchotant, terrifiée.]

Je crois qu’ils ont enfoncé la porte d’entrée… Oh merde, merde, fais quelque chose, papa !

Traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec

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